Human Rights Watch accuse l'armée israélienne d'utiliser des bombes au phosphore : Israël s'acharne sur Ghaza

25/10/2023 mis à jour: 00:49
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Photo : D. R.

Le bilan des morts frôle déjà les 6000 et celui des blessés file vers les 18 000, essentiellement des femmes et des enfants.

La population de Ghaza a vécu une nouvelle journée d’horreur, la dix-huitième, avec une intensification inédite des bombardements. Selon la chaîne Al Jazeera, il y a eu dans la nuit de lundi à hier plus de 400 explosions provoquées par des tirs de missiles des forces d’occupation israéliennes. Le Bureau central des statistiques palestinien a indiqué à l’agence Wafa que 597 massacres ont été commis par les forces d’occupation depuis le début de l’agression contre Ghaza le 7 octobre.

Cela représente une moyenne de 35 massacres par jour. Terrifiant ! Principal cible des bombardements, le nord de Ghaza est réduit en ruines. Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent l’ampleur de la destruction. Très peu de constructions tiennent encore debout au milieu de quartiers totalement dévastés. Le bilan des morts frôle déjà les 6000 et celui des blessés file vers les 18 000.

Essentiellement des femmes et des enfants. En effet, le ministère de la Santé palestinien a affirmé, dans un communiqué rendu public hier, que 70% des victimes de cette agression barbare sont des femmes, des enfants et des personnes âgées. En 18 jours, les forces d’occupation ont tué 2360 enfants et 1292 femmes. La situation dans cette enclave de 2,3 millions d’habitants ne laisse rien pressentir de bon.

Hier encore, des dizaines de Palestiniens ont perdu la vie dans une nouvelle série de raids. Selon l’agence Wafa, des avions de guerre israéliens ont pris pour cible le camp de réfugiés d’Al Nuseirat, causant des dizaines de morts et des dégâts matériels considérables. Les forces d’occupation ont également lancé des dizaines de missiles sur la localité d’Al Qarara, à Khan Younès, tuant encore des dizaines de Palestiniens et blessant tant d’autres.

Al Amal, un autre quartier de Khan Younès, a subi le pire pilonnage depuis le début de l’agression. Les bombardements ont également touché les alentours de l’hôpital Al Wafa, au centre de la ville de Ghaza, causant des dizaines de blessés, dont certains dans un état grave. Pour faire plus de dégâts, les forces d’occupation semblent avoir recouru à des bombes au phosphore blanc, dont l’utilisation à proximité de civils est interdite par la Convention de Genève de 1980.

La raison ? De par sa haute température et ses propriétés chimiques, le phosphore blanc peut facilement tuer ou causer des lésions irréversibles, comme il peut provoquer de graves incendies. L’usage de ces munitions a été révélé par l’ONG américaine Human Rights Watch (HRW), le jeudi 12 octobre, en affirmant que l’armée israélienne avait utilisé le phosphore blanc à Ghaza et à la frontière avec le Liban, dans des zones peuplées.

«Nettoyage ethnique»

Déjà sous blocus depuis 2007, la population de Ghaza subit aujourd’hui les pires formes du colonialisme. Selon Rawhi Fattouh, président du Conseil national palestinien, «Ghaza est devenue un cimetière à ciel ouvert en raison du nettoyage ethnique contre le peuple palestinien». Ce responsable palestinien dénonce des «crimes contre l’humanité», «des crimes de guerre» commis par l’occupant israélien.

En effet, les forces d’occupation ne se limitent pas aux bombardements des civils. Elles sont allées jusqu’à imposer un siège total aux habitants de Ghaza, privés d’eau, d’électricité, de carburant, de médicaments et de nourriture. Un siège total contraire au droit international que des ONG, comme HRW, ont vivement dénoncé et qualifié de «répugnant».

Tout en appelant à plus d’aides humanitaires, le président du Conseil national palestinien a alerté sur le risque de la propagation des maladies et des pandémies, en raison des nombreux corps de victimes qui sont toujours sous les décombres.

Le nombre de personnes qui demeurent sous les décombres est estimé à environ 1500, dont 630 enfants. «Notre peuple paie le prix du silence de la communauté internationale et de son soutien à l’occupation israélienne», a encore dénoncé Rawhi Fattouh, considérant la persistance de ce silence comme un permis à tuer qui fait augmenter chaque jour le nombre de victimes à Ghaza, entre les personnes mortes ou blessées sous le déluge de feu qui s’abat sur leurs maisons et celles qui ont été forcées de se déplacer dans des conditions chaotiques. Selon les dernières statistiques fournies par les autorités palestiniennes, 6 personnes sur 10 dans la bande de Ghaza sont déplacées. Au total, 1,4 million de personnes sont désormais déplacées de la bande de Ghaza.

Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, António Guterres, s’est dit hier «profondément préoccupé par les violations évidentes du droit humanitaire international» à Ghaza. «Rien ne justifie les massacres commis à Ghaza. Nous ne pouvons pas perdre de vue le seul fondement réaliste d’une paix et d’une stabilité véritables : une solution à deux Etats», a-t-il affirmé tout en appelant à l’acheminement rapide de l’aide humanitaire dans la bande de Ghaza pour «atténuer les souffrances de la population».

M. Guterres estime que l’aide déjà envoyée à Ghaza est «une goutte dans un océan de besoins». Il réclame en urgence la levée des restrictions sur l’acheminement du carburant vers cette enclave. «Sans carburant, l’aide ne peut pas être acheminée, les hôpitaux n’auront pas d’électricité et l’eau potable ne peut être purifiée ni même pompée.

La population de Ghaza a besoin d’une aide continue, à un niveau qui correspond à ses énormes besoins. Cette aide doit être fournie sans restriction», a-t-il martelé. Il est à souligner que le Conseil de sécurité des Nations unies est réuni depuis hier au siège de l’Organisation à New York pour examiner la situation en Palestine. 


 

 

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