Pour ceux qui le connaissent, Améziane Ferhani était un passionné des arts et de la culture. En sa qualité de journaliste, il a contribué à l’animation de la vie culturelle depuis le milieu des années 1970, d’abord au journal El Moudjahid, puis à l’hebdomadaire Algérie Actualité.
Il a également collaboré pendant plusieurs années à l’édition du supplément culturel Arts et Lettres du journal El Watan. Il a, également, publié plusieurs ouvrages, dont deux recueils de nouvelles aux éditions El Chihab, ainsi qu’un roman qui était en cours de réalisation d’impression. Il a été, également, un élément important de la programmation culturelle du programme culturel du Salon du livre, et ce, au cours des dix dernières années écoulées.
Cette conférence a été organisée justement en hommage à sa contribution à la vie culturelle algérienne. Dans son intervention, le journaliste Ahmed Halli estime que le défunt Améziane Ferhani a beaucoup fait pour la culture algérienne. Jusqu’à la fin de sa vie, il s’est consacré à l’écriture. Il indique que c’est lui qui l’a recruté en qualité de jeune journaliste à Algérie Actualité quand il étai rédacteur en chef.
Pour sa part, la directrice d’Artissimo-Hub, Zafira Ouartsi, a évoqué le défunt avec beaucoup de tendresse et d’émotion à la fois. D’emblée, elle souligne qu’elle est heureuse que le SILA ait pris l’initiative de rendre hommage à Ferhani Améziane. «Cela fait, dit-elle avec une pointe d’humour, pratiquement un an que s’est écoulé depuis sa disparition.
Il est parti le 31 décembre 2023 en nous faisant ce sacré coup, que nous nous rappelions de lui chaque réveillon de fin d’année.» Les deux amis se connaissaient depuis une quinzaine d’années. C’est une amitié qui a été construite au fil des années et qui s’est consolidée au fur et à mesure.
Mais qui a eu son paroxysme pratiquement un an avant son décès, dit-elle. «Parce que nous avions commencé ensemble un projet lié au secteur de la culture, dans lequel il s’est beaucoup impliqué à travers la formation. Cela a été si naturel pour lui de s’impliquer avec ces jeunes apprenants sur cette formation, en création de contenus culturels à Alger et à Oran. Il travaillait, aussi, avec nous sur un projet culturel, à savoir un guide juridique culturel. C’est ce qui a fait qu’on se voyait tous les jours durant cette période», argue- t-elle.
Les deux comparses arrivaient toujours à allier rigueur de travail et grandes rigolades. Pour Zafira Ouartsi, Améziane Ferhani avait une intelligence et une curiosité très étonnantes. «Il pouvait, confie-t-elle, regarder un bouchon de bouteille en plastique pour en écrire une histoire. Il était curieux de tout et était très observateur.
J’étais très admirative devant cette forme d’intelligence et de son érudition. Nous avons passé des moments extraordinaires et évanescents à la fois. Son humour cachait beaucoup de sensibilité. Au-delà de la transmission, il avait l’amour de son prochain. Il revenait sur beaucoup de détails avec ses élèves. Il faisait les choses dans les règles de l’art. Du coup, c’était un travail de dentelles qu’il faisait avec les apprenants. Il avait cette finesse et cette délicatesse de se considérer comme égal aux autres.» Elle poursuit en disant que son décès est terrible pour nous tous, mais nous devons nous concentrer sur ce qu’il a donné en matière de publications.
En plus de son érudition, la directrice d’Artissimo Hub affirme qu’Améziane Frehani n’était pas du tout dans les stéréotypes. Comme par sa générosité, il était rassembleur, tout ce qui pouvait se dire sur la société algérienne, il contre-argumenté car il avait un regard tellement généreux et humaniste de la société. On parle de son imaginaire, de son talent d’écrivain mais c’était aussi un travailleur, un laboureur, note-t-elle. Et d’ajouter : «Il écrivait tous les soirs. C’était un exercice qu’il s’astreignait à faire. Il avait un potentiel mais il travaillait tout le temps. Sa disparition est une grande perte pour l’Algérie. J’espère que ceux qui ne l’ont pas connu pourront le découvrir à travers ses ouvrages, ses écrits au niveau d’El Watan. C’est une encyclopédie de connaissances sur la culture algérienne. Continuons à faire vivre sa mémoire.»
(De gauche à droite : Ahmed Saïdi, Ahmed Halli, Zafira Ouartsi et Denis Martinez )
Améziane Ferhani, l’homme tranquille
De son côté, Ahmed Saïdi , ami et associé du défunt, avoue d’une voix émue qu’il ne voulait pas assister à cet hommage, car il n’aime pas évoquer les êtres chers décédés. Il révèle qu’il a travaillé avec Améziane durant 25 ans dans une entreprise. Les deux binômes avaient des points communs : leur passion pour la communication et la culture. «On passait 15 heures par jour ensemble.
Nous passions plus de temps ensemble qu’avec nos familles. On ne se ressemblait pas tous les deux, mais nous avions trouvé un compromis, notre passion pour la communication. On aimait ce qu’on faisait sans pour autant voir le côté financier. La passion nous animait, c’est pour cela qu’on restait des heures et des heures à travailler et à discuter», témoigne t-il.
Notre interlocuteur se souvient qu’il ne pouvait pas sortir avec Améziane Ferhani à Alger-Centre, notamment à la rue Didouche Mourad. Sur un trajet de 100 mètres, les deux copains mettaient une heure, parce que le regretté Ferhani connaissait tout le monde. «C’est pour cela qu’on évitait de sortir ensemble, surtout dans les rues d’Alger», lance-t-il. Autre anecdote racontée : Les deux amis de cœur avaient un point commun, celui d’être en retard à certains rendez-vous. Chacun avait ses excuses. Ferhani avait l’art et la manière de romancer son excuse. «Je ne sais pas comment il faisait, mais il lui arrivait toujours des choses bizarres quand il venait en retard.
D’ailleurs, quand je suis allé demander la main de ma femme, je lui ai demandé de venir avec moi, étant donné que mon père était âgé. Je voulais qu’il vienne avec moi, car il tenait bien le crachoir.
Bizarrement, quand on est rentrés chez mes futurs beaux-parents, il connaissait tout le monde. Je pense qu’il aurait pu être un grand acteur», se souvient-il. Toujours selon notre conférencier, Améziane Ferhani adorait être sous les feux des projecteurs pour parler de sa passion pour la culture, le livre et l’écriture. Il adorait, aussi, sa famille qui passait avant toute chose.
De son côté, le plasticien Denis Martinez reconnaît, d’emblée, qu’il a eu de la chance d’avoir côtoyé le défunt journaliste et auteur Améziane Ferhani. Au cours de son parcours artistique, Denis Martinez a eu à approcher les plus grands noms de la culture algérienne. Tous ces hommes-là se fabriquaient en se côtoyant les uns aux autres. «Moi, aujourd’hui, avoue-t-il, j’ai des morceaux d’Amézaine Ferhani, de Tahar Djaout, de Mouny Berrah, de Kheirreddine Ameyer, d'Abdelkader Alloula, d'Asselah, d’Ahmed Cheniki, d’Abdelkrim Djaâd. Nous étions des complices. Même si parfois nous n’étions pas d’accord sur tout, nous partagions nos expériences. Je remercie le destin d’avoir croisé et côtoyer tous ces personnages riches.»
Pour lui, le regretté Améziane Ferhani représentait l’homme tranquille avec beaucoup de culture. Il disait les choses avec beaucoup d’humour et de gentillesse. Il avait une grande ouverture d’esprit. C’était quelqu’un à chaque fois qu’on le côtoyait, on se sentait à l’aise. «Cela me faisait du bien d’être avec lui et d’échanger avec lui», atteste-t-il.
Il est à noter que le commissariat du Salon international du livre d’Alger a remis à la veuve d’Améziane Ferhani un tableau ainsi qu’un trophée, en signe de reconnaissance de son parcours et de son apport pour la culture algérienne.