Handala dévoilera, un jour, son visage en Palestine

26/10/2023 mis à jour: 03:46
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Nul être humain, avec tout ce que l’humanisme porte comme valeurs, ne peut rester insensible à ce qui se passe à Ghaza depuis le 7 octobre. La guerre menée par l’armée israélienne contre les civils palestiniens a pris, désormais, les allures d’une campagne d’extermination totale, face au silence complice des pays occidentaux, au mutisme des régimes arabes et l’incapacité du Conseil de sécurité de Nations unies. 

Ce drame est l’un des plus tragiques de l’histoire de l’éternel conflit israélo-palestinien, ayant emporté des milliers de victimes, dont un grand nombre d'enfants. En Israël, hommes politiques, militaires et religieux ne se privent pas de lancer des appels pour tuer ces enfants qui seront, selon eux, les futurs combattants qui menaceront la sécurité de cet Etat. Les bombardements intenses et les pilonnages ciblant les immeubles, les écoles et surtout les hôpitaux où même les bébés n’ont pas été épargnés, ne sont que les étapes d’un plan d’épuration ethnique préméditée, sans aucun respect pour les droits de l’homme. Les chiffres du ministère de la Santé palestinien se passent de tout commentaire. 

Depuis le début de cette guerre menée contre la population de Ghaza, près de 2500 enfants ont été tués, soit le tiers des morts. Un enfant palestinien trouve la mort toutes les 15 minutes. Les bilans sont provisoires et le drame se poursuit toujours. Un drame qui en rappelle d’autres que les enfants palestiniens ont vécus depuis la Nakba de 1948 jusqu’à nos jours, en passant par la Naksa de 1967, l’invasion du Liban en 1982 et les massacres des camps de réfugiés de Sabra et Chatila et l’Intifadha de 1987. 

Une enfance qui a connu durant des décennies l’occupation, la résistance, l’errance, les bombardements, l’enfer des camps de réfugiés et l’Intifadha. Une enfance représentée dans le petit Handala, personnage devenu très célèbre, créé en 1969 par le dessinateur de caricatures palestinien Naji Al Ali (1936-1987). Handala, qui veut dire «l’amertume de la coloquinte», apparaissant les mains jointes derrière le dos, pieds nus, comme tous les enfants des camps de réfugiés, les cheveux en épis pointés vers le soleil, est un témoin des crimes commis contre son peuple. 

Il incarne les souffrances et les espérances des enfants de son époque, qui rêvaient d’un retour à la terre natale. Inconnu des nouvelles générations, il est revenu pour être la vedette sur les réseaux sociaux depuis le début de la guerre contre la population de Ghaza, devenant une icône pour les jeunes refusant le renoncement et la résignation devant l’adversité. Handala est aujourd’hui le symbole d’une résistance face à la force destructrice de l’armée israélienne. Jamais représenté de face, il se retournera, un jour, quand la justice sera rendue au peuple palestinien. Interrogé sur ce personnage, Naji Al Ali avait déclaré : «Handala est un témoin de son époque et il ne mourra jamais, il pénètre la vie avec une force qui ne le quitte jamais, une légende dont l’existence est un défi à l’éternité. 

Ce personnage que j’ai créé ne disparaîtra pas après moi. Je ne crois pas exagérer en disant que je serai immortalisé à travers lui.» L’histoire lui a donné raison.

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