Guerre énergétique autour du climat

12/12/2023 mis à jour: 03:23
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La conférence sur le climat (COP28) qu’organise l'ONU à Dubaï, qui a vu un nombre record de 80 000 participants issus de 198 pays, a mis en lumière une guerre énergétique autour du climat. Il y a d’un côté les partisans d’une sortie des énergies fossiles et les opposants à une telle mesure, les deux camps se livrant à une guerre pour des raisons économiques. 

Les pays hostiles à une sortie des énergies fossiles estiment que cette option est dangereuse. Que serait l’Algérie, par exemple, sans les exportations de pétrole et de gaz ? En attendant la conclusion finale, deux mesures concrètes ont été prises lors de cette COP28 : créer un fonds destiné à aider les pays les plus touchés par les catastrophes climatiques et un accord non contraignant pour tripler les énergies renouvelables d'ici 2030. 

La question concernant les énergies fossiles divise au plus haut point : comment en effet trouver des formulations à un accord sur l’urgence climatique qui tiennent compte de la très grande diversité des intérêts de 198 pays ? La mission est évidemment très délicate. Si l’urgence de lutter sincèrement contre le dérèglement climatique fait consensus, les solutions divisent sur fond d’intérêts économiques. La question climatique est malheureusement souvent instrumentalisée en sourdine dans un contexte où l’énergie est au cœur d’un affrontement géopolitique entre puissants. Une chose est sûre : la sortie des énergies fossiles n’est vraiment pas pour demain. 

Ceci conforte naturellement l’OPEP qui a vivement critiqué les appels lancés, la veille de la tenue de cette COP28, par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) à arrêter les investissements dans de nouveaux projets qualifiés de «malavisés et qui pourraient conduire au chaos énergétique et économique». Les pays anti-fossiles au sein de l’OCDE veulent déstabiliser l'OPEP et ses Etats producteurs de pétrole. 

Dans son rapport annuel publié fin octobre dernier, l'AIE, une agence qui, sous le couvert de la protection du climat, défend les intérêts exclusivement économiques des pays de l’OCDE, a appelé à un désinvestissement dans les énergies fossiles. «Pour avoir une chance d'atteindre la neutralité carbone en 2050, il faudrait diviser par deux le niveau des investissements dans le pétrole et le gaz», a nettement pris position l’AIE, qui «prévoit» que «le pic de la demande en énergies fossiles pourrait être atteint avant 2030». 

De son côté, l’OPEP répond frontalement que cette dernière note de l’AIE est considérée comme «diffamatoire envers l’industrie pétrolière et gazière», et qu’«elle vilipende injustement l’industrie comme étant à l’origine de la crise climatique». 

L’AIE s’adonne ainsi à une guerre psychologique aux motivations exclusivement géopolitiques et économiques pour influer sur le marché international des énergies fossiles. Pour l’OPEP, la solution contre le dérèglement climatique ne justifie pas «ce qui s’apparente à des campagnes aux motivations politiques qui mettent en danger la prospérité et l'avenir» de ses pays membres. 

Lors d’une conférence organisée récemment à Alger par le think tank algérien Club Energy, l’ancien ministre de l’Energie et ancien directeur de Sonatrach, ex-président de l’OPEP en 1990 et en 1991, Sadek Boussena, a donné un éclairage pertinent sur ce sujet ultrasensible. 

«Il est nécessaire de poursuivre l’accroissement des investissements dans le domaine du gaz, parce que chaque KWh produit économisera autant de gaz à valoriser ou à exporter. La fin du gaz n’est pas pour demain, mais la compétition sera rude», a-t-il plaidé avec clairvoyance. 

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