Un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah est entré en vigueur au Liban, hier à 4h, après des mois de tentatives diplomatiques menées par les Etats-Unis et la France.
La diplomatie internationale s’est appuyée sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU qui a mis fin à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, et stipule que seuls l’armée libanaise et les Casques bleus peuvent être déployés à la frontière sud du Liban.
Peu après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu à l’aube, des habitants du sud du Liban et de la plaine de la Bekaa ont commencé à retourner dans leurs villages, formant des convois de véhicules, a rapporté l’agence officielle libanaise Ani. Le président américain, Joe Biden, et le président français, Emmanuel Macron, ont salué conjointement, avant-hier soir, l’annonce de la mise en œuvre du cessez-le-feu, après l’approbation du texte par le cabinet de sécurité israélien.
L’accord «créera les conditions nécessaires au rétablissement durable du calme et permettra le retour en toute sécurité dans leurs foyers des habitants des deux côtés de la ‘’ligne bleue’’», la frontière entre les deux pays tracée par les Nations unies, ont-ils déclaré dans un communiqué commun. Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a pour sa part salué une «résolution diplomatique» qui «permettra à des dizaines de milliers de civils libanais et israéliens de rentrer chez eux en toute sécurité, de part et d’autre de la frontière, et de mettre un terme à la violence et à la destruction engendrées par ce conflit».
Outre l’arrêt des combats, l’accord prévoit la mise en place d’une phase de soixante jours de transition au cours de laquelle les troupes israéliennes devront évacuer le sud du Liban, où elles sont entrées à partir du 1er octobre. Parallèlement, les forces du Hezbollah devront se retirer au nord du fleuve Litani, à une vingtaine de kilomètres environ de la frontière. Pendant cette phase de deux mois, les Forces armées libanaises (FAL) vont, elles, au contraire, se redéployer progressivement dans la bande frontalière évacuée par le Hezbollah. Elles sont autorisées à envoyer immédiatement entre 1000 et 2000 hommes dans le Sud, puis jusqu’à 6000 hommes dans les six mois à venir.
L’armée libanaise a annoncé, hier, «prendre les mesures nécessaires pour achever son déploiement dans le Sud et (…) mettre en œuvre ses missions en coordination avec la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul)». Depuis le début de l’offensive israélienne dans le sud du Liban, fin septembre, la Finul n’était pratiquement plus en mesure d’exercer son mandat. Avec cet accord de cessez-le-feu, les quelque 10 000 Casques bleus vont pouvoir être redéployés le long de la «ligne bleue». Afin d’éviter que le scénario de la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah, en 2006, ne se répète, et pour que l’accord soit respecté par les parties, un comité de surveillance, composé de cinq pays et présidé par les Etats-Unis, va être créé. Il comprendra aussi la France ainsi qu’une structure déjà existante, le comité tripartite (Liban, Israël et Nations unies), qui était devenu inopérant depuis le début de la guerre.
D’après Joe Biden, l’accord a été conçu pour donner lieu à un arrêt permanent des hostilités entre les deux parties. Malgré la signature de cette trêve, le Hezbollah a assuré qu’il continuerait à combattre Israël tant que l’offensive à Ghaza se poursuivrait. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu a, lui, mis en garde, déclarant que la durée du cessez-le-feu dépendrait «de ce qui se passera au Liban».
«Nous maintenons une totale liberté d’action militaire», a-t-il ajouté. «Si le Hezbollah viole l’accord et tente de se réarmer, nous attaquerons», a-t-il lancé. L’armée israélienne, hier, a affirmé «agir en conséquence» de l’accord dans le sud du Liban, se disant toutefois «en état de préparation défensive élevé», en cas de «violation de l’accord de cessez-le-feu». L’accord de cessez-le-feu a été salué par le Premier ministre libanais, Najib Mikati, y voyant une «étape fondamentale» vers la stabilité régionale. Cité par l’Agence nationale de l’information (ANI), M. Mikati a indiqué que son gouvernement était engagé à «renforcer la présence de l’armée dans le sud du pays».
Le Hezbollah, qui a laissé le chef du Parlement libanais, Nabih Berri, négocier en son nom, va coopérer, pour sa part, avec l’Etat libanais pour renforcer le déploiement de l’armée dans le sud du pays frontalier d’Israël, a affirmé Hassan Fadlallah, un député du mouvement, assurant que le Hezbollah n’a pas «d’armes visibles» ou de «bases» dans le secteur. De la ville de Bint Jbeil, le député Hassan Fadlallah a assuré que le Hezbollah fera preuve de «coopération totale» avec l’Etat au sujet du déploiement de renforts de l’armée libanaise dans le sud du pays. «Il n’y aura aucun problème» a-t-il dit, précisant que la «résistance» n’a pas de «bases» ou «d’armes visibles, car cette résistance (…) n’est pas une armée régulière».
Il a par ailleurs rappelé que les membres du Hezbollah «sont les enfants des villages» du Sud et que «personne» ne peut les forcer à s’en tenir éloignés. L’annonce du plan de cessation des hostilités, salué par de nombreux pays, est intervenue après qu’Israël a pilonné, avant-hier, le centre de Beyrouth, et sa banlieue sud, bastion du Hezbollah, comme jamais depuis qu’il a lancé le 23 septembre une campagne de bombardements visant le mouvement dans le pays voisin, puis y a entamé le 30 septembre des opérations au sol dans le Sud.
Les bombardements au cœur de Beyrouth ont tué au moins dix personnes, selon les autorités libanaises. Une frappe a encore visé en soirée un bâtiment dans le quartier commerçant central de Hamra. L’armée israélienne a fait état de nouveaux tirs de projectiles visant le territoire national en provenance du Liban.
L’armée israélienne a appelé dans la nuit de mardi à mercredi à l’évacuation d’une zone au centre de Beyrouth et d’une autre dans sa banlieue sud.
Selon les autorités libanaises, au moins 3823 personnes ont été tuées au Liban au total depuis octobre 2023, dont la plupart ces dernières semaines. Les hostilités y ont déplacé quelque 900 000 personnes, selon l’ONU. Côté israélien, 82 militaires et 47 civils ont été tués en 13 mois, dans les affrontements avec le Hezbollah, selon les autorités.