Au lendemain de l’arrivée à Doha, au Qatar, d’une délégation israélienne pour rencontrer des médiateurs, le Hamas a déclaré, hier, que les discussions menées au Qatar en vue d’une trêve dans la bande de Ghaza étaient «sérieuses et positives».
«Le Hamas affirme qu'à la lumière des discussions sérieuses et positives qui ont lieu aujourd’hui à Doha sous les auspices de nos frères qataris et égyptiens, il est possible de parvenir à un accord pour un cessez-le-feu et un échange de prisonniers si l’occupation cesse d’imposer de nouvelles conditions», a affirmé l’organisation palestinienne dans un communiqué.
Des responsables israéliens étaient arrivés, avant-hier, à Doha, au Qatar, pour des discussions en vue d'un cessez-le-feu à Ghaza et d'un échange d'otages et de prisonniers entre Israël et le Hamas, a rapporté l’agence AFP, citant une source proche des pourparlers. «Une équipe technique israélienne se trouve à Doha pour discuter du cessez-le-feu et de l'accord sur les otages à Ghaza», a déclaré cette source sous couvert de l'anonymat, ajoutant que les réunions se déroulaient «entre des équipes de travail israéliennes et qataries», et qu'elles visaient à rapprocher les positions des différentes parties.
Ces discussions font suite à une visite à Doha, mercredi, du chef du Mossad, le service de renseignement extérieur israélien, David Barnea, selon la même source, mais rien n'indique qu'il participe aux pourparlers en cours. Les négociateurs israéliens «n'ont jamais été aussi proches d'un accord» en vue de la libération d'otages dans le territoire palestinien depuis la trêve de novembre 2023, a déclaré, avant-hier, le ministre de la Défense israélien, Israël Katz.
«En ce qui concerne les possibilités d'arriver à un accord d'échange de prisonniers et de cessez-le-feu entre l'occupation et la résistance, je crois que nous sommes en fait plus près du but que nous l'avons jamais été jusque-là, si (le Premier ministre israélien) Netanyahu ne fait pas dérailler intentionnellement les choses comme il l'a fait à chaque fois», a annoncé à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, un responsable du Hamas joint à Doha.
En novembre 2023, une trêve d'une semaine avait permis la libération de 105 otages retenus dans la bande de Ghaza et celle de 240 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes. Tous les efforts de médiation menés par l'Egypte, les Etats-Unis et le Qatar depuis lors pour tenter d'obtenir une nouvelle trêve ont échoué. Début novembre, le Qatar avait annoncé même suspendre ses efforts, reprochant aux deux camps leur absence de volonté d'aboutir à un accord.
Des détracteurs de Netanyahu, dans son pays et à l'étranger, l'ont accusé de faire traîner les négociations, Israël ayant toujours pointé du doigt le Hamas. Mais depuis quelques semaines, les efforts diplomatiques ont repris, menés cette fois de concert par Washington, Le Caire, Doha et Ankara.
Un nouveau cycle de négociations en vue d'un cessez-le-feu et d'un accord de libération des otages semble se profiler, le principal médiateur, le Qatar, ayant parlé récemment d'un nouvel «élan». Jeudi, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, a affirmé lors d'une visite en Israël avoir «l'impression» que le Premier ministre israélien était prêt pour un accord en vue de la libération des otages.
Au moins 14 Palestiniens tués
L'Assemblée générale des Nations unies avait adopté, mercredi dernier, une résolution non contraignante par 158 voix pour, 9 contre et 13 abstentions exigeant un «cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent», un appel rejeté par Israël et les Etats-Unis.
La résolution avait exigé aussi «la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages», une formulation similaire au texte bloqué il y a quelques semaines au Conseil de sécurité par un veto américain. Elle avait demandé, en outre, au secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, de présenter des «propositions» pour soutenir le «respect» du «principe de responsabilité» par l'intermédiaire de mécanismes existants ou en créant de nouveaux en s'inspirant d'expériences passées. La reprise des négociations entre les deux parties intervient sur fond de la poursuite de l’agression israélienne.
Les frappes militaires israéliennes dans la bande de Ghaza ont tué au moins quatorze Palestiniens, hier, selon des médecins cités par l’agence de presse Reuters. Un bombardement aérien a visé un immeuble dans la ville de Ghaza, tuant dix personnes, tandis que quatre autres personnes ont été tuées dans deux frappes aériennes distinctes dans la ville de Beit Lahya, au nord de l’enclave, ont indiqué ces médecins. Reuters rapporte par ailleurs qu’à Rafah, près de la frontière avec l’Egypte, les chars israéliens avancent plus profondément vers la zone occidentale d’Al Mawasi, connue comme une zone humanitaire. Des tirs nourris de chars ont forcé des dizaines de familles qui s’y étaient réfugiées à fuir vers le Nord en direction de Khan Younès, d’après Reuters.
A Beit Lahya, les opérations militaires israéliennes se poursuivent dans l’objectif d’empêcher, selon l’armée, le regroupement de combattants du Hamas. D’après l’agence de presse palestinienne WAFA, l’hôpital Kamal Adwan est particulièrement visé : des drones ont tiré plus de dix bombes sur ce dernier, affirme WAFA, qui rappelle que l’hôpital souffre d’une panne de courant totale, en plus d’une grave pénurie de fournitures médicales et de médicaments en raison des bombardements et du blocus de la zone. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé, avant-hier, qu’une équipe humanitaire était parvenue à se rendre dans l’un des seuls hôpitaux fonctionnels du nord de la bande de Ghaza, l’hôpital Kamal Adwan, et y avait trouvé des conditions «épouvantables».
Le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré sur X qu’après plusieurs tentatives, une équipe était parvenue à accéder au site «il y a deux jours, au milieu des hostilités et des explosions à proximité de l’hôpital». L’équipe, a-t-il précisé, y a «livré 5000 litres de carburant, nourriture et médicaments, et transféré trois patients et six accompagnateurs à Al Shifa», le principal hôpital de la bande de Ghaza.
«Les conditions dans l’hôpital sont tout simplement épouvantables», a-t-il dénoncé, expliquant notamment que des «attaques récentes ont davantage endommagé l’approvisionnement en oxygène, les générateurs et brisé les fenêtres et portes des chambres des patients».
Une mission de l’OMS était parvenue à accéder à l’hôpital le 30 novembre, après des semaines de vaines tentatives, apportant de l’aide et une équipe d’urgence internationale comprenant des chirurgiens et d’autres spécialistes.
Mais ces derniers ont dû fuir les lieux le 6 décembre en raison de la situation sécuritaire. «Il n’y a plus de personnel spécialisé pour les soins chirurgicaux et maternels dans l’hôpital», a encore écrit M. Tedros. «Nous demandons instamment la protection des soins de santé et l’arrêt de cet enfer ! Cessez le feu !» a-t-il encore lancé. Hocine Lamriben
Le bilan monte à 45 059 martyrs et 107 041 blessés
Le bilan de l'agression génocidaire sioniste contre la bande de Ghaza, qui se poursuit depuis le 7 octobre 2023, a atteint, hier, 45 059 martyrs et 107 041 blessés, en majorité des femmes et des enfants, selon les autorités palestiniennes de la santé. Selon la même source, trois nouveaux massacres sionistes ont été commis à Ghaza, faisant 31 martyrs et 79 blessés parmi les Palestiniens au cours de ces dernières 24 heures. Un précédent bilan faisait état de 45 028 martyrs et 106 962 blessés. Les autorités palestiniennes de la Santé ont indiqué qu'un certain nombre de victimes se trouvaient encore sous les décombres et sur les routes, et que les forces d'occupation empêchaient les ambulances et les équipes de la Défense civile de leur porter secours. Depuis le 7 octobre 2023, l'armée sioniste mène une agression sauvage contre l'enclave palestinienne qui a entraîné des destructions massives d'infrastructures, en plus d'une catastrophe humanitaire sans précédent.
2 millions de Palestiniens souffrent de la faim
La directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Cindy McCain, a déclaré que deux millions de personnes sont confrontées à une faim aiguë à Ghaza et que la bande n'a reçu qu'un tiers des camions dont le programme avait besoin le mois dernier.
Sur les réseaux sociaux, Mme McCain a indiqué que «le nord de Ghaza était le plus touché et que seuls deux camions approvisionnaient des milliers de personnes souffrant de faim», soulignant la nécessité de «garantir un accès humanitaire sûr et sans entrave, à l’échelle nécessaire pour sauver des vies et éviter la famine».
Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a, de son côté, fait savoir que les nouveaux ordres d'évacuation sionistes à Ghaza ont une fois de plus conduit à des déplacements à grande échelle, laissant les civils vulnérables face aux hostilités et privés de services de base.
L'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a souligné que la fourniture d'une aide immédiate et un cessez-le-feu sont désormais essentiels pour sauver des vies.