Guerre contre Ghaza : Frappes meurtrières et effondrement humanitaire

31/12/2024 mis à jour: 22:29
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Les enfants et les femmes sont visés par les bombes de l'armée d'occupation israélienne

A cours des dernières 24 heures, les frappes israéliennes sur Ghaza ont coûté la vie à 27 Palestiniens et fait 149 blessés, selon le ministère de la Santé de Ghaza. 

Le territoire, déjà ravagé par une année d’une guerre barbare, se trouve plongé dans une crise humanitaire d'une ampleur sans précédent. Cette escalade dramatique met à nu les limites de la communauté internationale à répondre efficacement à la souffrance des Palestiniens et l’impunité dont jouit l’entité sioniste.
 

L'arrestation du Dr Abou Safia, directeur de l’hôpital Kamal Adwan, soulève des interrogations et alimente les débats sur le respect du droit humanitaire par l’entité sioniste. Le Dr Abou Safia a été aperçu pour la dernière fois vendredi, approchant des tanks israéliens dans des images issues des caméras corporelles des soldats israéliens. Depuis, son sort demeure incertain. 

L'arrestation du médecin a suscité une vague de condamnations de la part d'organisations internationales, notamment de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Israël accuse le Dr Abou Safia d’être un membre actif du Hamas, une allégation qui n’a pas été étayée par des preuves fournies par l'armée israélienne. 

Ces accusations viennent renforcer les critiques concernant l’opacité et la légitimité des opérations militaires menées dans le nord de Ghaza, notamment dans les infrastructures civiles comme les hôpitaux. L’hôpital Kamal Adwan, au cœur de l’offensive militaire israélienne, demeure une zone de grande tension. «L’opération militaire dans l’hôpital n’est pas encore terminée», selon la chaîne Al Jazeera,  décrivant une situation de chaos. 

L’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l'homme (Euro-Med  Human Rights Monitor) a soutenu que de «graves crimes» ont été commis par l'armée d'occupation sioniste contre des civils lors de l'assaut de l'hôpital Kamal Adwan  et des zones environnantes dans le Nord, affirmant avoir recueilli des «témoignages poignants» sur ces crimes. Des crimes qui comprennent «des meurtres délibérés, des exécutions  sommaires, ainsi que des agressions sexuelles et physiques contre des femmes et des filles des équipes médicales et des femmes déplacées dans le secteur», détaille-t-il.

 Les unités de l'infanterie et des forces blindées sionistes avaient pris d'assaut l'hôpital Kamal Adwan et ses alentours vendredi, après des semaines de siège, de bombardements aériens et tirs d'artillerie, et d'attaques ciblées contre le personnel médical et technique travaillant dans l'hôpital. Des attaques qui avaient mis à mal les capacités opérationnelles de  l'hôpital en ciblant les générateurs d'électricité et les équipements de production d'oxygène.

Selon les témoignages recueillis par l'équipe de terrain d'Euro-Med Monitor et publiés hier, les forces sionistes ont, notamment, fait exploser des robots piégés près de plusieurs maisons habitées, provoquant leur effondrement et tuant les civils qui s'y trouvaient. Les soldats de l'armée génocidaire ont également exécuté sur place des  civils, dont certains étaient blessés et d'autres portaient des drapeaux blancs. Ces témoignages font état également de la détention par l'armée sioniste de «dizaines de femmes et de jeunes filles, les soumettant à de graves abus, ainsi qu'à des traitements dégradants portant atteinte à leur dignité humaine».

Les témoignages documentés par l'équipe d'Euro-Med Monitor, lors de la même agression, révèlent que «des infirmières, des patients et leurs compagnons à l'hôpital Kamal Adwan ont été soumis à des actes assimilables à des violences sexuelles». «Les soldats sionistes ont forcé les femmes et les filles à retirer leurs vêtements sous les menaces, les insultes et les injures visant leur honneur. Plusieurs femmes et filles ont également déclaré avoir été harcelées sexuellement», ajoute l'Observatoire, affirmant, en outre, que les forces sionistes ont «évacué de force tous les habitants de la zone, les obligeant à fuir en dehors du gouvernorat du nord de Ghaza».  

A cela s’ajoute le fait que des nourrissons sont de plus en plus nombreux à mourir de froid. La municipalité de Ghaza a déclaré à des médias que «les personnes déplacées à Ghaza souffrent de conditions tragiques et qu'il n'y a pas suffisamment de capacités pour les aider, alors que la ville est témoin d'une grave dépression atmosphérique entraînant des pluies et des tempêtes». Parmi les victimes hier, le sort des jumeaux Ali et Omar Al Batran. Ali, âgé d’un mois, est mort d’hypothermie à l’hôpital El Aqsa, un jour après le décès de son frère jumeau pour la même raison. Le ministère de la Santé du Hamas à Ghaza a fait savoir, dans un communiqué, que Joumaa Al Batran, qui n'avait que 20 jours, «est mort en raison du froid intense». 
 

Mort de bébés

Son frère jumeau, Ali, reste lui en soins intensifs dans un hôpital local. Marwan Al Hamas, responsable des hôpitaux de campagne à Ghaza, a confirmé le décès et indiqué que  cinq nourrissons étaient désormais morts ces dernières semaines dans la bande côtière palestinienne «en raison du froid», alors que les enfants subissent déjà de plein fouet la guerre.  

Ces drame soulignent l’effondrement du système de santé à Ghaza, incapable de fournir les soins les plus élémentaires dans un contexte de bombardements incessants contre les établissements de santé et de pénuries aiguë d’électricité, de médicaments et de matériels essentiels. «Il y a quelques jours, l’on rapportait la mort d’une petite fille innocente de trois semaines amenée aux urgences avec une baisse importante de température corporelle, qui a entraîné sa mort», a déclaré à l’AFP le Dr Ahmed Al Farra. 

Le chef du service de pédiatrie de  l’hôpital Nasser a rapporté «deux autres cas» traités mardi dernier par son équipe : «Un bébé de trois jours et un autre de moins d’un mois, tous les deux morts après une baisse importante de température.» «C’est dû au fait qu’ils vivent dans des tentes. Les tentes ne protègent pas du froid et il fait très froid la nuit, sans moyen de se chauffer», a-t-il souligné, précisant que la malnutrition dont souffrent de nombreuses mères affectait leur allaitement.

Le département médiatique de Ghaza a publié un communiqué accablant à l’encontre du Programme alimentaire mondial (PAM), qu’il accuse d’être responsable d’un «échec opérationnel catastrophique» ayant entraîné la mort de deux civils et blessé des dizaines d’autres. La nature exacte de cet incident reste floue, mais les critiques adressées au PAM mettent en lumière la complexité et les risques inhérents à l’acheminement de l’aide humanitaire dans une zone de guerre. Sur la scène internationale, Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la Palestine, a lancé un nouvel appel à la communauté médicale mondiale.

 Elle a exhorté les professionnels de la santé à rompre tous leurs liens avec Israël en réaction directe à la destruction du système de santé palestinien. Ses déclarations reflètent une inquiétude croissante face à l’état d’effondrement des infrastructures sanitaires à Ghaza.

En parallèle, le nombre de détenus palestiniens morts en détention israélienne depuis le 7 octobre 2023 s’élève désormais à 54.  Parmi les victimes récentes, figurent quatre hommes identifiés par la Commission des affaires des détenus et la Société des prisonniers palestiniens. Leurs morts ajoutent une nouvelle dimension tragique à une situation déjà qualifiée de «guerre d’extermination» par ces organisations.   Amel Blidi 

 

 

 

MAE palestinien : la communauté internationale «a perdu toute crédibilité»  

Le ministère palestinien des Affaires étrangères a affirmé dimanche que le silence de la communauté internationale sur la poursuite des massacres de l'entité sioniste dans la bande de Ghaza, depuis le 7 octobre 2023, lui a fait perdre toute crédibilité auprès du peuple palestinien quant à sa capacité à mettre un terme à la machine de guerre sioniste. "L'inaction de la communauté internationale et le double standard adopté par cette dernière quant à l'application des résolutions internationales ont anéanti toute crédibilité en cette dernière auprès du peuple palestinien quant à sa capacité à mettre fin à l'agression génocidaire contre la bande de Ghaza", a indiqué la diplomatie palestinienne dans un communiqué repris par l'agence de presse Wafa. Le ministère a fait remarquer, dans le même contexte, que l'attitude de la communauté internationale est désormais la principale raison de la fuite en avant de l'entité sioniste dans sa lâche entreprise meurtrière contre les Ghazaouis, "en les soumettant à la famine, au déplacement forcé, au froid et aux épidémies". 
Il a noté, à cet égard, qu'en optant pour cette posture, la communauté internationale est "complice" des crimes de l'entité sioniste et par conséquent elle assume au même titre que l'occupant sioniste l'entière responsabilité de ce que subit le peuple palestinien à Ghaza. Le bilan de l'agression génocidaire sioniste contre la bande de Ghaza s'est alourdi à 45.514 martyrs et 108.189 blessés, depuis le 7 octobre 2023, ont indiqué dimanche les autorités palestiniennes de la santé.

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