Moins de deux mois après une trêve on ne peut plus précaire, où les Palestiniens ont soufflé un peu, Ghaza replonge dans l’enfer, avec la rupture unilatérale du cessez-le-feu décidée par Netanyahu et la reprise des frappes israéliennes sans la moindre pitié pour la population civile, en plein mois de Ramadhan.
Selon le ministère de la Santé dans la bande de Ghaza, 970 personnes ont été tuées en 48 heures, soit depuis la reprise des raids meurtriers israéliens avant-hier. Ces nouvelles cohortes de victimes portent à 49 547 le nombre d’innocents fauchés par la barbarie sioniste.
Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) a indiqué de son côté mardi que «depuis les premières heures de la matinée du 18 mars, des frappes aériennes et des bombardements israéliens ont été signalés dans toute la bande de Ghaza, faisant des victimes civiles, provoquant des déplacements et des destructions de biens». «Selon les premiers rapports, parmi les zones et les installations touchées figurent l’école gouvernementale At Tabeen dans le quartier Ad Daraj, de la ville de Ghaza, le quartier Az Zawayda à Deir Al Balah, un site pour les personnes déplacées dans le quartier Al Mawassi, à l’ouest de Khan Younès, et des tentes pour les personnes déplacées dans le quartier Tal As Sultan, à l’ouest de Rafah.»
Plus de 400 morts en une journée
A l’issue de la première journée apocalyptique où Israël a rompu sauvagement la trêve, il a été enregistré 404 morts et 562 blessés, selon les autorités sanitaires palestiniennes. La Défense civile a déclaré que «parmi les 400 personnes tuées se trouvaient plus de 170 enfants et 80 femmes». La Défense civile palestinienne et les équipes médicales déplorent le «manque d’équipements et l’impossibilité d’atteindre les zones ciblées en raison de l’absence de véhicules et d’engins lourds», signale l’Ocha, avant de noter : «Le ministère de la Santé a lancé un appel urgent aux dons de sang dans tous les hôpitaux fonctionnels, après l’épuisement des stocks de la Banque de sang. Le directeur général du ministère de la Santé, le Dr Munir Al Bursh, a souligné la nécessité de disposer d’hôpitaux de campagne, de lits et de salles d’opération.»
Hier, mercredi 19 mars, au moins 30 personnes ont été tuées, selon les correspondants d’Al Jazeera à Ghaza. Bilan arrêté à la mi-journée. «Les forces d’occupation israéliennes ont lancé des raids visant quatre tentes dans les secteurs d’Al Mawassi et d’Al Mouhararat, dans le sud de la bande de Ghaza», alerte Al Jazeera Mubasher. En outre, «des hélicoptères israéliens ont pilonné lourdement les zones orientales d’Al Bureij», tandis que des tracts ont été largués, «demandant aux habitants de Khouza’a et d’Abassan d’évacuer la zone immédiatement».
De son côté, l’agence Wafa a indiqué que des dizaines de victimes, entre morts et blessés, dont des enfants, ont été enregistrées dans la matinée d’hier suite au bombardement d’une maison dans le quartier Al Sabra, à Ghaza-City.
La Défense civile palestinienne a, elle, fait état hier matin de 13 Palestiniens tués. «Israël a mené plusieurs frappes aériennes (...) qui ont entraîné la mort de 13 personnes et fait des dizaines de blessés, y compris des femmes et des enfants, à Khan Younès et Ghaza-Ville», a déclaré à l’AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile. Le ministère de la Santé dans la bande de Ghaza a en outre annoncé hier qu’Israël a bombardé le bureau de l’ONU à Deir Al Balah, faisant un mort et cinq blessés. L’information a été confirmée à l’AFP par une source onusienne, qui a toutefois précisé que la frappe a fait en réalité deux morts dont «un employé du Bureau des services des projets de l’ONU (UNOPS)».
«Il faut que les négociations reprennent»
Le déluge de feu qui s’abat de nouveau depuis mardi sur Ghaza a provoqué un tollé au niveau diplomatique. Recevant le roi Abdallah II de Jordanie à l’Elysée, Emmanuel Macron a déclaré que ce qui se passe à Ghaza constitue «un retour en arrière dramatique». «Il faut que les hostilités cessent immédiatement et que les négociations reprennent de bonne foi sous les auspices américains», a-t-il martelé, selon des propos relayés par l’AFP. «Nous appelons de nos voeux une cessation permanente des hostilités et une libération de tous les otages», a ajouté le président français.
Le roi de Jordanie a dénoncé une escalade «extrêmement dangereuse» et «une nouvelle dévastation qui s’ajoute à une situation humanitaire déjà désastreuse», appelant la communauté internationale à agir «immédiatement pour un retour au cessez-le-feu», rapporte l’AFP. Le roi Abdallah II a plaidé également pour une reprise de l’aide internationale, condamnant «le blocage» par Israël de la fourniture d’eau et d’électricité qui «met en danger la vie d’une population extrêmement vulnérable».
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a fait lui aussi part de son inquiétude après les nouveaux carnages sionistes. «Je suis profondément préoccupé par la reprise de l’action militaire israélienne à Ghaza», a-t-il lancé devant les députés, selon l’AFP. «Les images de parents portant leurs enfants à l’hôpital (...) sont vraiment choquantes, tout comme le nombre de personnes qui ont été tuées», s’est-il également ému.
Pour sa part, la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, a estimé dans un communiqué que «la fin du cessez-le-feu à Ghaza, causée par de violentes frappes israéliennes, brise un espoir concret pour tant d’Israéliens et de Palestiniens : l’espoir que les souffrances de tous les côtés puissent enfin prendre fin». «Le risque d’une nouvelle escalade régionale est sérieux», a prévenu Mme Baerbock. Berlin a appelé «toutes les parties à la plus grande retenue, au respect du droit international humanitaire et à un retour aux discussions pour une solution durable au conflit». Mustapha Benfodil
L’Algérie condamne la reprise de l’agression sioniste
L’Algérie a condamné «dans les termes les plus fermes» la reprise par l’occupation sioniste de son agression abjecte contre le peuple palestinien dans la bande de Ghaza, en violation «flagrante» de l’accord de cessez-le-feu signé janvier dernier, a indiqué mardi un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines. «L’Algérie condamne dans les termes les plus fermes la reprise, par l’occupation israélienne, de son agression abjecte contre le peuple palestinien frère dans la bande de Ghaza, en violation flagrante de l’accord de cessez-le-feu signé janvier dernier et au mépris des chartes et des us internationaux», souligne le communiqué. «Au moment où la communauté internationale nourrissait l’espoir de consolider le cessez-le-feu à Ghaza, d’alléger les souffrances du peuple palestinien et de lancer les efforts de reconstruction dans ce territoire palestinien, la reprise de l’agression vient briser tous ces espoirs et entrainer, de nouveau, la région dans un engrenage de carnage, de famine et de privation des moyens les plus élémentaires pour la survie», martèle la même source. Face à ces développements graves, l’Algérie a appelé le Conseil de sécurité «à assumer les responsabilités qui lui incombent en vertu des dispositions de la Charte des Nations unies afin de garantir le respect, par la puissance occupante, de l’accord de cessez-le-feu dans son intégralité et à toutes ses étapes». L’Algérie a, en outre, réitéré «sa solidairté absolu avec le peuple palestinien ainsi que son soutien immuable jusqu’à l’aboutissement de son projet national et l’établissement de son Etat indépendant et souverain avec Al-Qods pour capitale», conclut le communiqué.