Sous les projecteurs du Théâtre régional Mohamed-Tahar Fergani de Constantine, s’est tenue, jeudi dernier, la première représentation de l’épopée théâtrale Les Révoltés. Inscrite dans le cadre des célébrations marquant le 70e anniversaire de la Révolution du 1er Novembre 1954.
Cette production scénique a rassemblé une audience enthousiaste, comblant chaque siège de la salle. L’atmosphère, empreinte d’un souffle d’émotion, témoignait d’une communion entre l’art dramatique et un public captivé par l’intensité des dialogues habilement orchestrés par Djamel Khachab, auteur de cette oeuvre magistrale mise en scène par le talentueux Karim Boudechiche.
L’épopée Les Révoltés dépeint avec une acuité dramatique le combat acharné des familles algériennes après l’effondrement des résistances populaires contre l’occupant français au XIXe siècle. La pièce met en exergue la naissance de groupes d’insurgés, porteurs de l’étendard du djihad, tels que le groupe Ouzlat à l’Est, Bouziane à l’Ouest, les frères Abdoun au Centre, et surtout la résistance légendaire d’Arezki Oulbachir en Grande Kabylie. Ce dernier, figure héroïque au coeur de cette fresque théâtrale, s’illustra par une lutte farouche contre les troupes françaises en 1870, dans le sillage de la révolte d’El Mokrani.
Sa bravoure, qualifiée d’héroïsme mythique, le mena au martyre après un verdict d’exécution, suite aux lourdes pertes infligées à l’ennemi. Cette oeuvre scénique ambitieuse se veut non seulement un témoignage poignant sur les sacrifices des résistants algériens durant l’époque de la colonisation française, mais également un outil de transmission d’une mémoire précieuse à destination des jeunes générations de l’indépendance.
Selon le metteur en scène Karim Boudechiche, la pièce, d’une durée d’une heure, érige Arezki Oulbachir en figure centrale, incarnée par le doyen du théâtre algérien, Abdallah Hamlaoui. Ce dernier partage la scène avec une distribution intergénérationnelle mêlant des talents de 25 à 86 ans, parmi lesquels Omar Taïri et Rabie Ouadjaout. Boudechiche souligne que cette figure historique mériterait une reconnaissance accrue pour ses actions ayant pavé le chemin vers l’indépendance nationale. Portée par une mise en scène immersive,
Les Révoltés plonge les spectateurs dans un univers où s’entrelacent des tableaux de bannissements, d’exécutions, de déportations forcées et de tortures subies par les résistants. L’épopée entamera bientôt une tournée nationale, en débutant par Naâma dans le cadre de l’événement culturel «Théâtre des journées révolutionnaires».
Elle fera ensuite escale à Oran, Alger et Tizi Ouzou, avant qu’un programme dédié en 2025 n’emmène cette oeuvre poignante à la rencontre du public de l’Est algérien.