Arezki Khouas continue d’explorer la chanson kabyle dans ses diverses thématiques en éditant ces derniers temps son quatrième ouvrage en la matière. L’auteur, établi en France depuis près de cinquante ans, vient, en effet, de sortir un livre dédié à l’amour dans la chanson kabyle.
L’ouvrage, qui s’étale sur 300 pages, regroupe près de 90 interprètes de chansons kabyles, dont soixante hommes et trente femmes, est, dit-il, le fruit de pas moins de cinq ans de recherches entamées en 2019. Des recherches qui, selon l’auteur, ont permis de mettre la main sur le tout premier enregistrement effectué par Amar Chekkal en 1929, lui qui était né en 1907.
Parmi les autres chanteurs répertoriés figurent Cheikh Nordine, Taleb Rabah, Arezki Oultache et Allaoua Zerrouki. Ceci pour les tout anciens, alors que les Farid Ferragui, Athmani, Matoub, Chennoud et autres forment le long contingent de chanteurs kabyles figurant dans ce livre. Ceci pour les hommes.
Alors que pour les femmes, l’auteur est remonté jusqu’à Lla Yamina née en 1897 ou encore Lla Zina des At Ouartirane pour terminer avec les toutes recettes voix féminines d’expression kabyle, comme Célia Ould-Mohand, Taoues Arhab et autres Noria. Au sujet du choix des artistes répertoriés dans cet ouvrage, Khouas avoue que cela relève du «subjectif», affirmant être sur le projet d’un deuxième tome sur lequel il planche déjà et qui sera à même de rassembler le maximum de nos chanteurs.
Et dans l’introduction de cet ouvrage, longue de 70 pages, l’auteur fait une analyse sociologique de la chanson kabyle et la manière de son évolution. Et pour chaque auteur cité, le lecteur peut retrouver les métaphores et autres éléments liés à la nature auxquels l’artiste a recours.
Il explore dans cet ouvrage la thématique de l’amour telle qu’exprimée par la chanson kabyle, soit empreinte de pudeur et qui a mené à la libération, nous invitant à découvrir l’évolution de la poésie et de la langue qui expriment les sentiments les plus intimes.
L’auteur nous invite également à découvrir comment les chanteurs kabyles, par touches de timidité et de transgression successives, ont conduit leurs œuvres vers la libération du signifié et du signifiant. De l’exil à l’émancipation, nous sommes invités à prendre part à un voyage à travers les époques, avec des artistes qui ont osé défier la censure et les codes sociaux en vigueur dans la société kabyle, en déclamant l’amour avec passion et sincérité.
L’auteur, originaire d’Agouni-Fourrou, en haute Kabylie, et détenteur d’un doctorat en psychologie sociale en 1988, a déjà publié trois précédents ouvrages : Révolte et espoir dans la chanson kabyle, Chanson kabyle et identité berbère, l’œuvre d’Ait Menguellet qu’il a réalisée avec Moh Cherbi et Idir ou l’identité au pluriel, et ce, en droite ligne de ses recherches et de ses explorations de la chanson kabyle comme l’expression collective algérienne, berbère et kabyle en particulier.