Un rassemblement a eu lieu dimanche pour demander que le nom de la rue du 6e arrondissement rendant hommage à celui qui fut une figure de la colonisation de l’Algérie par la France au XIXe siècle soit retiré. Une possibilité déjà envisagée par la mairie écologiste.
La rue Bugeaud, située dans le 6ᵉ arrondissement de Lyon, pourrait bientôt être renommée, comme l’a été récemment son homonyme parisienne. Une trentaine de personnes se sont rassemblées dimanche 17 octobre pour demander la débaptisation de cette rue, qui rend hommage au maréchal Bugeaud, controversé pour son rôle sanglant dans la colonisation de l’Algérie. Une pétition, signée par 32 personnes, a été adressée au maire de Lyon, Grégory Doucet (EELV), suggérant de renommer cette rue en « rue du 17 octobre 1961 », en mémoire de la répression violente d’une manifestation pacifique du FLN à Paris.
Thomas Robert Bugeaud, ancien gouverneur général de l’Algérie, est une figure de l’impérialisme français. Ses méthodes brutales, notamment l’enfumage meurtrier de la grotte de Dhara, étaient déjà critiquées à son époque. Deux siècles plus tard, son héritage reste source de débats. À Paris, l’avenue Bugeaud a été débaptisée à la demande d’Anne Hidalgo, et les plaques d’origine ont été transférées au musée Carnavalet.
À Lyon, des élus écologistes soutiennent également cette démarche. Yasmine Bouagga, maire du 1ᵉʳ arrondissement, a rappelé l’existence de plusieurs rues et monuments honorant des figures liées à la colonisation et propose des mesures pour contextualiser ces hommages. Sylvie Tomic, adjointe aux questions mémorielles, a qualifié la demande de débaptisation de la rue Bugeaud de « légitime » et prévoit de consulter le maire du 6ᵉ arrondissement, Pascal Blache.
Pour structurer ces décisions, la ville de Lyon prévoit de créer une instance dédiée en 2025, intégrant des universitaires pour réfléchir à l’avenir des noms de lieux. Cette initiative s’inscrit dans un contexte plus large, où des débats similaires émergent, comme la récente décision de débaptiser la place Abbé Pierre, après des révélations d’accusations de violences sexuelles contre le fondateur d’Emmaüs.