Première nouvelle ! La COP28 a été lancée avec l’adoption des recommandations du Comité de transition sur les pertes et dommages avec des promesses de mobilisation de plus de 400 millions de dollars pour le Fonds des pertes et des dommages.
«A l’évidence, cette nouvelle a un effet psychologique sur les négociateurs, mais demeure sans aucun arrimage comme toutes les promesses de financement précédentes», affirme M. Grimes. Il faut savoir que l’accord sur la mise en place d’un fonds «pertes et dommages» qui a été consacré par la COP27, en vue de soutenir les pays affectés par les effets du changement climatique, reste entièrement à construire.
«L’Afrique n’a pas été en mesure d’organiser une riposte diplomatique pour contraindre les pays responsables de la dégradation du climat sur la question de la compensation aux pertes, dommages et préjudices causés par les effets du changement climatique», explique M. Grimes. Les résultats du Comité de transition avancent, selon lui, très lentement et sont même décevants et très loin des attentes nées des COPs de Charam Echeikh et de Dubaï.
Pourtant, on retrouve dans ce Comité de transition des représentants de l’Afrique du Sud, de l’Egypte, du Soudan, de la Zambie, d’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. D’ailleurs, le représentant de l’Afrique du Sud assure la coprésidence du fonds avec le représentant de la Finlande. «Nous ne connaissons toujours pas les critères d’éligibilité, les modalités de contribution des pays à ce fonds, ni les modes de financement et de son renouvellement», se désole M. Grimes.
Selon lui, la formulation de la décision de ce fonds a été piégée par le fait que la COP27 mentionne qu’il est destiné aux pays en développement «particulièrement vulnérables». Mais là encore, des questions cruciales subsistent, à savoir sur quelle base démontrer cette vulnérabilité scientifiquement, mais aussi qui validera le niveau de vulnérabilité. «Est-ce que le fait de le formuler comme cela n’ouvre pas la voie à une élasticité de l’interprétation du caractère 'particulièrement vulnérable' pour créer de nouvelles conditions d’un chantage politique et/ou économique ?», s’interroge M. Grimes.
Le spécialiste explique que si l’on se base sur le PIB comme un des critères, cela ferait des pays des petites îles en développement et des pays les moins avancés (PMA) de potentiels bénéficiaires, à l’image de la Somalie, Madagascar, le Bangladesh, Haïti ou l’Afghanistan.
Mais qu’en est-il des pays en développement qui ont subi de plein fouet des inondations très dommageables comme la Libye ou le Pakistan ? «La vision des pays en développement peut être contrée au sein du l’unité d’appui technique (UAT) qui a été mise en place pour soutenir les travaux du Comité de transition, en particulier par le personnel détaché des institutions financières internationales et des banques multilatérales de développement et par le personnel des mécanismes financiers», conclut-il.