Au troisième et dernier jour des débats autour du projet de loi de finances (PLF) pour l’année 2025 à l’Assemblée populaire nationale (APN), les membres de cette institution toutes tendances confondues ont appelé à des «réformes approfondies» incluant la «numérisation» des services financiers, tels que les services fiscaux, douaniers, les biens de l’Etat, et à conférer une plus grande transparence à la gestion des recettes et des dépenses.
Les interventions des députés et des chefs des six groupes parlementaires étaient dans leur majorité concentrées sur le pouvoir d’achat et l’amélioration du cadre de vie des citoyens. A cet égard, ils ont rappelé que le budget proposé dans le cadre de cette loi de finances est énorme et même historique, mais son impact sur l’amélioration du niveau de vie des citoyens n’est pas aussi palpable . «Il ne suffit pas de se targuer de l’adoption du plus grand budget de l’histoire en 2025, mais les effets de cette enveloppe financière doivent être ressentis sur le terrain et profiter au simple citoyens», ont-ils renchéri.
Mohamed Touil, président du groupe parlementaire du Rassemblement national démocratique (RND), propose la mise sur pied d’une commission de haut rang chargée de «réformer toutes les structures de l’Etat à tous les niveaux». De son côté, Ahmed Sadok, chef du groupe parlementaire du Mouvement de la société pour la paix (MSP), revendique le renforcement des prérogatives du Parlement pour qu’il puisse exercer son rôle. «Le Parlement a pour mission de contrôler l’action du gouvernement et évaluer les politiques publiques.
Mais actuellement nous n’avons pas les prérogatives de contrôler de manière réelle et sérieuse l’Exécutif», s’insurge Sadok. Et d’ajouter : «Nous sommes l’unique institution qui puisse contrôler et demander des comptes au gouvernement, alors laissez-nous faire notre travail dans la transparence.» Le représentant du parti islamiste s’inquiète, en outre, du coût du déficit budgétaire qui ne cesse de se creuser et du poids de la dette publique qui s’accumule.
Dans son plaidoyer, il a insisté sur l’urgence de se pencher sur le dossier des voitures, de la numérisation de la question du chômage et de l’emploi. «Il n’est pas dans la culture du MPS de tirer sur les ambulances parce que le président de la République a annoncé un remaniement ministériel avant la fin de l’année, mais il est nécessaire de relever les insuffisances !» Pour sa part, le président par intérim du groupe parlementaire des indépendants, Wahid Sid Cheikh, a salué la préservation du caractère social de l’Etat et le maintien de la politique des subventions.
Ceci non sans relever la «nécessité» de l’adoption de «mesures supplémentaires» pour «protéger le pouvoir d’achat des citoyens face aux prix élevés», soulignant l’importance de réévaluer la politique de soutien pour «l’orienter vers ceux qui le méritent». Et de rappeler que le projet de loi de finances prévoyait «la poursuite du renforcement et de la diversification de l’économie nationale, tout en améliorant le climat des affaires, et drainant des investissements créateurs de richesses, outre des mesures supplémentaires pour améliorer le cadre de vie du citoyen».
Nacer Bettiche, président du groupe parlementaire du FLN, a mis en avant le niveau historique des dépenses prévues dans ce projet de loi consacrant l’attachement de l’Etat à son caractère social. Seulement, il a plaidé pour l’accélération de la numérisation «mais une numérisation à la hauteur des aspirations des citoyens et non celle qui le pénalise», précise-t-il, citant à titre d’exemple le secteur de l’éducation et la «cacophonie» par la plateforme numérique mise en place en ce début d’année scolaire.
Emboîtant le pas à Wahid Sid Cheikh, Bettiche appelle à la révision de la politique des subventions de l’Etat en vue de cibler les catégories sociales qui en ont le plus besoin. «Il n’est pas normal que les catégories aisées acquièrent les produits subventionnés au même prix que les citoyens à faible revenu. Il y a à notre sens une injustice dans la répartition de ce soutien. Il faut que ce dernier profite aux citoyens qui en ont le plus besoin», dira-t-il. Le vote par les députés du PLF-2025 est prévu pour le 13 du mois courant.