Plus de 70 producteurs d’huile d’olive issus de 7 wilayas du pays ont participé à la première édition de la Fête régionale de l’huile d’olive, qui s’est tenue hier et aujourd’hui au chef-lieu de la wilaya de Bouira.
Cet événement annuel se veut un rendez-vous incontournable pour les professionnels du secteur oléicole, leur permettant non seulement de faire découvrir et valoriser leurs produits, mais aussi d’échanger sur les défis auxquels ils sont confrontés. Parmi ces producteurs, Fayçal Aït Mesghat, oléiculteur de la wilaya de Bordj Bou Arréridj, a vu son huile récompensée d’une médaille d’or lors de la compétition internationale Pyramids en Egypte, en décembre dernier.
Cependant, il déplore le manque d’implication des pouvoirs publics pour soutenir certains segments de la filière oléicole. «Nous avons su adopter de nouvelles méthodes et techniques de production, ce qui se traduit par des résultats satisfaisants, se réjouit-il. Mais depuis des années, nous peinons à trouver des solutions pour mettre en bouteille notre huile dans de bonnes conditions de commercialisation.
Or, la bouteille en verre de qualité, spécialement conçue pour l’huile d’olive, n’est pas encore produite en Algérie», déplore-t-il. Cette problématique de l’emballage s’ajoute à une panoplie d’autres problèmes et défis auxquels sont confrontés ces producteurs. Ahmed Matouk, gérant de l’huilerie La perle du Djurdjura, située à la périphérie de la ville de Bouira, s’est lancé dans la valorisation des sous-produits de l’olive.
Grâce à son esprit d’innovation, son entreprise a réussi à décrocher un prix prestigieux de la part du Programme d’appui au secteur de l’agriculture (PASA) et du ministère de l’Agriculture pour ses initiatives en matière de valorisation des déchets de l’olive, notamment le grignon. «Nous produisons désormais une gamme de produits à valeur ajoutée à partir de ces déchets.
Nous fabriquons des aliments pour le bétail et les poissons, ainsi que des engrais biologiques de haute qualité. Nous sommes également les premiers en Algérie à produire des pilettes de grignon d’olive destinées au chauffage. Ce nouveau produit est principalement destiné à l’exportation, notamment vers l’Europe, où la demande est de plus en plus forte pour ce type de combustible écologique», explique-t-il.
Des oliviers aux portes du désert
Cependant, malgré ces prouesses et ces avancées, l’huilerie fait face à un défi de taille : celui de l’approvisionnement en électricité. En effet, l’entreprise fonctionne encore à l’aide d’un groupe électrogène à gasoil, ce qui pose d’énormes problèmes dans le processus de production.
«Nous avons pourtant bénéficié, il y a deux ans, d'un projet d'électrification, malheureusement, il n'a pas encore été concrétisé», déplore M. Matouk.
Parmi les exposants également présents à la Fête de l’huile d’olive, Amer Kouaka, originaire de la wilaya de M’sila. Cet investisseur passionné s’est engagé, de sa propre initiative et avec ses propres moyens, dans l’aventure de l’oléiculture dans la commune d’Oultem.
Depuis 2014, il a ainsi entrepris la plantation d’une exploitation oléicole s’étendant sur une superficie de 50 hectares, sur laquelle il a planté pas moins de 6500 oliviers. Malgré les défis posés par le climat aride de la région et la pauvreté des sols, M. Kouaka est fier de constater que ses jeunes oliviers ont parfaitement grandi et commencé à donner leurs premiers fruits. «C’est un résultat très encourageant qui me conforte dans mes choix», souligne-t-il.
Loin de s’arrêter là, M. Kouaka nourrit de vastes ambitions pour les années à venir. Parmi ses principaux projets pour cette année, figure notamment la plantation de 10 000 nouveaux oliviers, cette fois-ci de la variété Arbequina. Réputée pour sa culture super-intensive et sa productivité élevée, cette variété est particulièrement bien adaptée aux conditions climatiques de la région.
M. Kouaka espère ainsi pouvoir étendre progressivement son exploitation oléicole et contribuer davantage au développement de cette filière pour l’économie locale. Le deuxième point de la Fête de l’huile d’olive a eu lieu au niveau du village d’Ath Yakhled, relevant de la commune de M’Chedallah, à l’est de Bouira. L’événement a rassemblé une vingtaine de producteurs locaux qui ont eu l’opportunité d’exposer et de faire déguster leurs différentes huiles d’olive, ainsi que 8 artisans.
Selon Yacine Soualah, porte-parole de l’association Tadulki, organisatrice de cet événement, l’objectif principal était d’encourager et de valoriser la production oléicole dans la wilaya de Bouira, et plus particulièrement dans la région de M’Chedallah ainsi que ses environs. «Plusieurs marques d’huile d’olive locales se sont déjà démarquées et ont été primées lors de différentes manifestations internationales, témoignant de la qualité et de l’excellence de ces produits», dira M. Soualah.
Par ailleurs, l’association ambitionne, avec le soutien des pouvoirs publics, de faire passer cet événement à l’étape supérieure. «Notre prochain objectif est de faire cette fête un véritable festival régional, voire même national, afin de promouvoir davantage la filière oléicole algérienne», ajoute notre interlocuteur.