Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a brandi, samedi, la menace d’une démission si la France «ne durcissait pas sa position face à l’Algérie» sur la question des ressortissants en situation irrégulière.
Il a, en effet, fait savoir dans un entretien accordé au journal Le Parisien que «la ligne de fermeté» qu’il prône vis-à-vis d’Alger était «non négociable».
Particulièrement offensif sur la question migratoire et multipliant les attaques contre l’Algérie, Retailleau favorise ainsi une stratégie de tension avec Alger. «Je ne suis pas là pour une place mais pour remplir une mission (…), a-t-il dit. Tant que j’ai la conviction d’être utile et que les moyens me sont donnés, je serai mobilisé. Mais si on me demandait de céder sur ce sujet majeur pour la sécurité des Français, évidemment que je le refuserais.»
Estimant qu’il fallait passer au «rapport de force», le locataire de la place Beauvau a également réitéré son appel à la mise en œuvre d’une stratégie de «riposte graduée» vis-à-vis de l’Algérie au sujet des obligations de quitter le territoire français (OQTF). Le ministre de l’Intérieur, qui multiplie les déclarations virulentes contre Alger, continue de prôner l’instauration d’«un rapport de force», passant par «une riposte graduée» et souhaite notamment remettre en cause les accords de 1968. «J’ai été longtemps le seul au gouvernement à prôner ce rapport de force (...). Désormais, ma ligne (...) est celle du gouvernement», a-t-il indiqué.
Bompard : «C’est une posture inefficace»
Bruno Retailleau a aussi fait savoir que son département a envoyé, vendredi, aux autorités algériennes une liste comportant des dizaines noms d’Algériens identifiés comme «dangereux» et que Paris «veut expulser». Sur le retour au pays de ces Algériens, «je serai intransigeant», a-t-il déclaré, assurant que si Alger reprend ces ressortissants, «le problème sera réglé». Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, invité du Grand Rendez-Vous Europe 1-CNews-Les Echos, a critiqué hier une posture inefficace du ministre de l’Intérieur.
«Ce serait une bonne nouvelle pour la France», a-t-il dit au sujet de la menace de démission de Retailleau, affirmant que la remise en cause des accords de 1968 ne serait pas judicieuse. «Si vous dénoncez de manière unilatérale les accords de 1968, vous allez revenir aux accords précédents, qui sont les Accords d’Evian. (Ces accords) organisent la libre-circulation entre l’Algérie et la France, je ne suis pas sûr que ce soit la volonté de monsieur Retailleau», a-t-il ajouté. Pour lui, la stratégie de la France de «monter en tension» avec l'Algérie n’est pas la bonne solution.
Le Premier ministre français, François Bayrou, invité hier de France Inter, a, pour sa part, exhorté à la «fermeté» contre le gouvernement algérien. «Mais la fermeté ne parle pas nécessairement fort», a-t-il nuancé toutefois à l’endroit de Retailleau.