Expulsion avortée de l’influenceur Doualemn : Encore un revers cinglant pour Bruno Retailleau

01/02/2025 mis à jour: 14:34
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Photo : D. R.

La décision de la justice française de suspendre l’expulsion de l’influenceur Doualemn vers son pays d’origine marque un nouvel échec retentissant pour Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur français.

Ce dernier, en ordonnant une procédure d’éloignement en «urgence absolue», a non seulement jeté davantage d’huile sur le feu de la crise diplomatique avec Alger, mais s’est également vu désavoué par les juges de son pays, qui ont pointé des manquements graves à la procédure. Interpellé le 5 janvier à Montpellier pour des propos jugés violents sur TikTok, Doualemn, 59 ans, a été placé en centre de rétention administrative avant une expulsion express le 9 janvier.

Toutefois, l’Algérie a immédiatement rejeté cette tentative d’éloignement, dénonçant une procédure «arbitraire et abusive», et a renvoyé l’influenceur en France le soir même. Ce refus catégorique a mis à nu les limites du ministère de l’Intérieur français qui s’est retrouvé pris au piège d’une décision précipitée et juridiquement contestable.

Le tribunal administratif de Paris a ensuite suspendu l’arrêté d’expulsion, estimant que la procédure d’«urgence absolue» invoquée par le ministère ne reposait sur aucune base légale sérieuse. Les juges des référés ont souligné que «l’autorité judiciaire n’avait pas jugé nécessaire de placer l’intéressé en détention provisoire ni même sous contrôle judiciaire», signifiant ainsi que la menace supposée pour l’ordre public ne justifiait pas une expulsion aussi brutale.

Pis, les avocats de l’influenceur ont introduit «un référé suspension» pour contester l’expulsion de leur client, Doualemn. Théoriquement, le ministère pourrait saisir le Conseil d’Etat, conformément à la législation française en vigueur, en déposant un pourvoi en cassation. Toutefois, cette option semble peu probable, car l’instruction de l’affaire prendrait plusieurs mois.

Durant ce délai, l’intéressé pourrait ne plus se trouver sur le territoire, rendant ainsi toute procédure caduque. Ainsi, ce camouflet judiciaire a réaffirmé la position inébranlable d’Alger face aux décisions arbitraires de Paris. Loin d’être un simple incident, cet épisode illustre un rapport de force où l’Algérie, forte de ses positions souveraines, refuse de se plier aux injonctions françaises.

Contrairement aux discours alarmistes de certains responsables français, la réaction algérienne ne relève pas d’un bras de fer stérile, mais d’une exigence de respect mutuel et de stricte conformité aux principes du droit international. «L’Algérie a fait preuve d’une fermeté diplomatique exemplaire en renvoyant immédiatement Doualemn en France et en contestant cette expulsion expéditive», commente A. Benbachir, analyste en relations internationales.

Bruno Retailleau : un ministre fragilisé par ses échecs

Bruno Retailleau, dont la gestion des tensions franco-algériennes est de plus en plus critiquée, ressort affaibli de cette affaire. Son choix de précipiter l’expulsion sans attendre une décision judiciaire définitive lui a valu de nombreuses attaques, notamment de la part de l’opposition de gauche, qui dénonce une «politique d’affichage» au détriment du «respect des procédures légales». Loin de renforcer la position de la France sur la scène diplomatique, cette affaire met en lumière une stratégie maladroite et inefficace.

«En cherchant à instrumentaliser un cas individuel pour servir une rhétorique politique, le ministre de l’Intérieur a non seulement terni l’image de son gouvernement, mais a aussi contribué à envenimer des relations déjà tendues avec l’Algérie», abonde la même source. Pour Alger, cette séquence diplomatique marque une victoire symbolique et stratégique.

«Elle rappelle que l’Algérie, loin d’être un simple spectateur dans ses relations avec la France, sait imposer ses lignes rouges et défendre ses intérêts avec rigueur. La fermeté dont elle a fait preuve dans cette affaire envoie un signal clair : l’ère où certaines puissances pouvaient imposer leurs décisions sans concertation est révolue» conclut Benbachir. Cet épisode constitue une leçon éclatante pour le ministre de l’Intérieur français, dont les maladresses risquent d’affaiblir davantage la position de son gouvernement sur la scène internationale. 

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