États-Unis–Asie : Washington compte renforcer sa coopération militaire avec Séoul et Tokyo

19/08/2023 mis à jour: 15:30
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Le Premier ministre japonais Fumio Kishida, le président américain Joe Biden, et le dirigeant sud-coréen Yoon Suk Yeol - Photo : D. R.

La région de l’Asie- Pacifique constitue un champ de lutte entre les Etats-Unis et ses alliés régionaux d’une part et la Russie et la Chine de l’autre.

Les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud vont renforcer leur coopération militaire, ce qui passera notamment par un «programme d’exercices conjoints sur plusieurs années» ainsi qu’un «engagement» à se consulter dans des situations de crise.

C’est ce qu’a annoncé hier la Maison-Blanche, selon des propos recueillis par l’AFP. «Nous inaugurons une nouvelle ère et nous assurons que cette nouvelle ère va perdurer», a assuré le principal conseiller à la Sécurité de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, peu avant que ne s’ouvre à Camp David, près de Washington, un sommet entre le président américain Joe Biden, le Premier ministre japonais Fumio Kishida et le président sud-coréen Yoon Suk Yeol.

Cela passera notamment par un «programme d’exercices conjoints sur plusieurs années» ainsi qu’un «engagement» à se consulter dans des situations de crise, a assuré le principal conseiller à la sécurité de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, avant la rencontre entre le président américain Joe Biden, le Premier ministre japonais Fumio Kishida et le dirigeant sud-coréen Yoon Suk Yeol.

Ces exercices militaires concerneront «tous les domaines, dans les airs, sur terre, en mer, sous la mer et dans l’espace cyber», a-t-il ajouté, en promettant aussi une coordination renforcée en matière de défense contre les missiles balistiques.

«Nous inaugurons une nouvelle ère et nous assurons que cette nouvelle ère va perdurer», a observé Jake Sullivan. Il a toutefois affirmé que cette coopération trilatérale renforcée ne constitue «pas une Otan pour le Pacifique» et que le sommet de Camp David n’est pas organisé «contre qui que ce soit».

Plus tôt, le ministère russe de la Défense a indiqué que Moscou et Pékin effectuent des manœuvres navales conjointes dans le Pacifique, avec notamment des exercices de sauvetage et de lutte contre les frappes aériennes. 

Moscou et Pékin ont renforcé leurs relations militaires durant la décennie écoulée. Une coopération qui ne s’est pas démentie depuis l’intervention militaire russe en Ukraine en février 2022. Une vidéo publiée par l’agence de presse russe Tass montre neuf grands navires naviguant en formation, avec des membres d’équipage qui se tiennent au garde-à-vous sur le pont.

En quête d’influence

«Des membres de la marine des deux pays ont mené des exercices anti-sous-marins, repoussé une attaque aérienne d’un ennemi fictif, effectué des exercices de sauvetage en mer et perfectionné les techniques de décollage et d’atterrissage d’hélicoptères sur le pont des navires de guerre», selon le ministère russe de la Défense.

«Un détachement de navires de la marine russe et de la marine de l’Armée populaire (chinoise) de libération opère actuellement dans les eaux de la mer de Chine orientale», a-t-il souligné. Cette zone maritime est comprise entre la péninsule coréenne, le Japon, l’île de Taïwan et la Chine continentale.

Un porte-parole du ministère chinois de la Défense, Wu Qian, a indiqué lundi que les deux pays ont mené récemment des exercices dans «des eaux de l’ouest et du nord de l’océan Pacifique». «Cette opération ne vise aucune tierce partie et n’a aucun lien avec la situation actuelle au niveau international et régional», a- t-il relevé.

Le ministre chinois de la Défense, Li Shangfu, était en Russie cette semaine pour participer à la 11e Conférence de Moscou sur la sécurité internationale, organisée par le ministère russe de la Défense.

La Russie et la Chine mènent depuis plusieurs années de nombreux exercices militaires communs. En juin, les deux pays ont ainsi effectué une patrouille aérienne conjointe au-dessus des mers du Japon et de Chine orientale, poussant la Corée du Sud à déployer des avions de chasse par précaution.

Moscou et Pékin partagent une volonté commune de contrer ce qu’ils présentent comme l’hégémonie américaine. La Chine a appelé au respect de l’intégrité territoriale de tous les pays, sous-entendu Ukraine comprise, mais n’a jamais explicitement et publiquement condamné l’opération russe chez son voisin ukrainien. Elle entend, en parallèle, jouer un rôle de médiatrice dans le conflit.
Entre-temps l’Aukus (accord entre l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis) a lancé son programme de sous-marins, et la Chine a vu ses relations s’envenimer avec les Philippines au sujet d’îles que les deux pays revendiquent. Manille a annoncé cette année l’ouverture de quatre de ses bases aux forces américaines sur son territoire, un renforcement significatif des relations avec la Maison-Blanche.

Les Etats-Unis, l’Australie, et le Japon sont avec l’Inde membres du Dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quad) regroupant ces quatre pays.

Lors de leur sommet en mai 2022 au Japon, les quatre membres du Quad qui s’inquiètent régulièrement des manœuvres militaires et des tentatives chinoises de «grignotage» autour d’îles du Pacifique ont dans leur déclaration fait référence à «la militarisation» de secteurs contestés, à «l’utilisation dangereuse de navires de garde-côtes et de milices maritimes et aux efforts visant à perturber les activités d’exploitation des ressources offshore d’autres pays», autant d’activités que la Chine est accusée de mener dans la région.

La déclaration a toutefois évité de condamner explicitement la Chine ou la Russie. L’Inde est le seul membre du Quad ayant refusé de critiquer publiquement Moscou pour son invasion de l’Ukraine. A l’issue de cette rencontre, ils se sont mis d’accord pour lancer une nouvelle initiative de surveillance maritime destinée à renforcer la supervision des activités chinoises dans la région.

Ces mesures, avec le plan visant à consacrer au moins 50 milliards de dollars à des projets d’infrastructure et à des investissements, font suite aux inquiétudes suscitées par les récents efforts déployés par la Chine pour nouer des liens avec les nations du Pacifique, notamment les îles Salomon, qui ont conclu un pacte de sécurité avec Pékin.
 

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