Parce que j’ai appris professionnellement au fil des jours et des années qui passent à aller au-delà du moi mortel, je le dis tristement et franchement dans la première ligne de mon article, qu’Eric Zemmour est un phénomène culturel digne d’être étudié et scruté de manière objective, et d’être sujet à une approche proactive méthodologique et intellectuelle équilibrée, qui met de côté notre principal désaccord avec un écrivain qui a su user de l’échec d’une gauche hypocrite et veloutée, pour transmettre son venin contre tout ce qui touche aux Arabes et aux musulmans, en général et à l’immigration en particulier.
L’homme qui occupe de nos jours, non seulement la France, mais presque le monde entier, et qui a donné la théorie de choc des civilisations de Samuel Huntington et à la théorie de la fin de l’histoire de son disciple Francis Fukuyama, un temps sans précédent, est l’homme qui crée l’événement politique d’une manière que la France des anciennes traditions intellectuelles et littéraires n’a jamais connu dans les traditions qui ont fait la chronique des courants et sensibilités idéologiques, qui, aujourd’hui, reviennent sur le devant de la scène dans un contexte non spontané, tant que l’histoire n’est pas soumise au hasard.
Moi qui observe l’histoire de sa notoriété depuis le début des années 2000, qui plus d’une fois écrit sur le contexte de son émergence sur les ruines du déclin d’une gauche en retraite, qui s’est repliée et qui a trahi ses causes, et a fait – à sa façon douce et enrobée – le commerce de l’immigration et de l’islam, dans leur rapport supposé avec le terrorisme et l’extrémisme, je signe et confirme qu’en éclipsant cet homme créateur de l’événement, et en simplifiant sa présence réductible émotionnellement et idéologiquement, en tant que personnalité médiatique, intellectuelle et littéraire, synonyme d’écriture comme moyen d’accomplir son histoire politique, n’enlève rien à sa force objective, sortie du ventre d’une personnalité médiatique, intellectuelle et littéraire, synonyme d’écriture comme moyen d’atteindre une fin politique première du genre dans l’histoire de France.
La tradition d’écriture des politiciens
Si la tradition de l’écriture intellectuelle et littéraire des hommes politiques français était une habitude historique qui donnait au pays de Molière, Racine, Voltaire et de Gaulle, une position culturelle particulière dans le monde, le cas d’Eric Zemmour est exceptionnel et sans précédent donc, car il est le premier candidat politique à avoir entamé sa campagne électorale avec une force surhumaine et insolite, basée sur l’écriture, qui l’a montré comme étant le maître d’une plume qui a fait l’admiration des milliers de ceux qui ne partagent pas forcément son orientation idéologique
Qu’on le veuille ou pas, Eric Zemmour est le premier et le dernier homme politique jusqu’à un nouvel ordre, qui a pu influencer politiquement dans l’élite et dans la rue, en tant qu’écrivain qui adapte la parole et l’information historique des intellectuels, littéraires et culturels, et c’est lui seul, qui lit goulûment de façon semi-satisfaisante pour écrire à un rythme fantastique inaccessible à ses adversaires, et ils sont nombreux, plus que toutes les tendances qui n’ont pas réussi à redonner espoir au peuple français, et n’ont pas réussi à redonner espoir à un peuple français, où le travail ne garantit plus une vie décente, ou évite la pauvreté.
Il est vrai que la plupart des hommes politiques français écrivent généralement à des niveaux variables qui donnent à certains une présence distincte, mais il est plus clair qu’Eric Zemmour est le seul à avoir pavé son pouvoir politique par des livres, des articles périodiques, des affrontements et des batailles médiatiques, antérieures, systématiques et programmées, précédant sa renommée et sa notoriété à la télévision ; celle qui lui fut assurée par l’homme d’affaires Vincent Bolloré d’une façon systématique et permise dans une société où domine le public médiatique, sans limiter l’influence des intellectuels fortunés, contrairement à ce qui se passe dans nos pays, où les riches suivent les décideurs politiques qui cuisinent dans les tours d’ivoire des gouvernants, qui ne lisent ni écrivent dans la plus part des cas.
L’homme maigre et pas du tout beau, et le propriétaire d’idées, de visions, d’approches et de solutions inévitablement incorrectes et radicales, car elles comblent un vide intellectuel et une ruine, dont la responsabilité est portée par la gauche et la droite, qui s’affrontent sans résultat tangible depuis des décennies. C’est l’homme qui a incarné le slogan «La nature refuse le vide», s’appuyant sur une présence culturelle constituée par le livre, qui occupe une place avancée dans la vie des Français, malgré tout ce qui se dit sur son déclin général à la lumière des effets de la révolution technologique de la communication et de la technologie, et le livre qui a subi de lourdes pertes à l’ombre de la pandémie du corona en cours, est le moyen qui n’a pas empêché la plupart des Français de lire des milliers de livres, dont ceux d’Eric Zemmour, dont son récent livre La France n’a pas dit son dernier mot, son manifeste de campagne avant qu’il ne soit officiellement annoncé sous les projecteurs.
Le livre politique est une coutume française
Nombreux sont les hommes de la politique, de la mode, des arts, des sciences, de la médecine, du tourisme et de la cuisine qui écrivent sans costumes de spécialistes, mais pas dans la capacité dont Eric Zemmour écrit, dans un style fluide, facile, simple et profond à la fois, et afin de ne pas aller trop loin, et de faire objectivement le lien entre la réalité historique et culturelle présentée, et le livre politique, comme coutume française, nous nous arrêterons sur quelques noms et titres qui ont fait la chronique des écrits de nombreux politiciens, et les ont aidés à faire passer leurs idées et à assurer leur présence distinguée malgré leurs échecs politiques ultérieurs. Edouard Philippe, ancien Premier ministre et maire bien connu du Havre, dans le nord de la France, Bruno Le Maire, ancien candidat à la présidentielle et ministre de l’Economie, Philippe de Villiers, leader du Mouvement souverain en faveur d’Eric Zemmour, Nicolas Sarkozy, l’ancien président, Jean-Luc Melanchon, leader de la gauche de la gauche, et Alain Madelain, ancien ministre de l’Economie, François Bayrou, ancien ministre de l’Education nationale, et Dominique de Villepin, le célèbre poète et ministre des Affaires étrangères, qui a défié l’Amérique dans son célèbre discours contre la guerre en Irak, Alain Juppé, le célèbre ancien Premier ministre, sont des noms connus pour des livres qui ont eu du succès, et nombre de leurs fans ont fait la queue pour acheter leurs livres, signés dans des librairies connues et inconnues.
Toutes ces personnalités et d’autres politiques aux idéologies conflictuelles ont tous utilisé le livre comme une arme contre les opposants à travers des occasions traditionnelles (bibliothèques et salons du livre) et des studios, des stations de radio et des chaînes de télévision, et par tous les moyens de communication sociale, qui leur a permis de communiquer avec le grand public et non avec l’élite réticente des forums intellectuels et littéraires.
Contrairement au président Donald Trump, qui a détenu le premier pouvoir mondial de jugement basé sur le seul réseau Twitter, au style plus cynique et acrobatique, qui a affirmé que de nombreux dirigeants et ministres français parlent au peuple à travers l’écriture éternelle qui non seulement prospère dans une société qui occupe la littérature et la pensée, dans laquelle le statut historique a survécu, malgré les répercussions de la crise économique et les impacts négatifs sur le pouvoir d’achat qui n’a pas empêché certains sans-abri, de lire sous les tunnels et dans les sous-sols du métro dans le froid et le gel.
L’écriture comme habitude française dans le domaine politique et dans d’autres domaines, exprime la réflexion dans le premier cas, la perspicacité prouvant que celui qui la possède est capable d’analyse des phénomènes et d’approcher des problèmes, avec un sens existentiel cartésien et cash (je pense, donc je suis) et que son existence ne dépend pas des circonstances des événements occasionnelles limitées dans le temps et dans l’espace, comme il se passe dans des pays à la fois culturellement et politiquement arriérés. Le responsable qui aspire à gouverner une nation ne peut être qu’un lecteur, et donc un acquéreur de connaissances, familier de l’histoire et des expériences des nations et des peuples, afin de transcender sa diversité et ses transgressions.
De Chateaubriand à Aimé césar et de Gaulle
La légitimité politique avec son sens étroit traditionnel (que l’éternité a mangé et bu dessus) sous les coups et les conséquences d’une histoire de défaites politiques en France, et dans d’autres pays du monde, ne suffisent plus pour assurer le prestige associé aux esprits des Français, avant qu’il ne s’éteigne par le général de Gaulle, qui ordonna qu’on lui ramène des livres avant sa visite pour au Liban, comme l’indiquent les mémoires du grand regretté poète libanais Salah Stétie (avec accent).
Eric Zemmour, et malgré sa rhétorique populiste qui fait de lui un islamiste français combattant les islamistes, n’est pas tombé du ciel comme disent les Français, il est le produit d’une série d’échecs intellectuels et politiques qu’ont connu les décennies françaises précédentes, et sa force qui reste faible aux yeux de beaucoup pour son utopie, et qui n’est pas issue du discours politique traditionnel, comme nous l’avons vu, malgré les écrits de nombreux politiciens, et qui s’est appuyé sur la présence d’un forte présence médiatique, à travers la presse écrite, suivie d’une participation culturelle, plus tard basée sur des livres qui ont été diffusés d’une manière étrange, bien avant sa forte notoriété à la télévision, ce qui a fait croire à tort – à notre avis – qu’il ne s’agissait que d’une création médiatique.
Zemmour, qui paraît aujourd’hui comme le candidat cultivé le plus puissant grâce à sa plume, a su séduire des partisans qui sont allés acheter ses livres comme du pain, ce qui lui a permis une légitimité non traditionnelle, et à obtenir la reconnaissance des opposants en tant qu’écrivain exceptionnellement intelligent et prudent, qui a su semer le doute et les complexes dans les rangs de ses adversaires traditionnels, de gauche et de droite et de l’extrême droite, représentée par Marine Le Pen, qui apparaît quasiment analphabète devant lui, contrairement à Jean Milneau, un représentant de la gauche, et Emmanuel Macron de la droite dans son noyau idéologique.
Par Boualem Ramdani
(A suivre)