Un bras de fer oppose, depuis le mois de juin 2023, le SG du FLN, Abou El Fadl Baadji, au chef du groupe parlementaire FLN du Conseil de la nation, Latifi Ahmed Salah. Baadji a décidé de traduire son adversaire devant la commission de discipline. Au Conseil de la nation, la quasi-majorité des sénateurs FLN appuie Latafi.
La maison du Front de libération nationale (FLN) brûle de nouveau. Cette fois-ci, le secrétaire général du FLN, Abou El Fadl Baadji, est accusé de vouloir «déstabiliser» la deuxième Chambre du Parlement. En effet, un bras de fer oppose, depuis le mois de juin 2023, le secrétaire général du vieux parti au chef du groupe parlementaire FLN du Conseil de la nation, Latifi Ahmed Salah.
Le conflit entre les deux parties a débuté lorsque le 21 juin dernier le SG du FLN a décidé d’écarter Latifi de son poste de président du groupe parlementaire FLN et son remplacement par le sénateur de la ville de Laghouat, Mohamed Khouildi. Latifi s’est rebellé contre son chef en refusant de céder ses fonctions au sénateur désigné par Baadji. Face à cette situation, le patron du FLN décide, en se basant sur des articles du statut particulier du parti, de traduire Latifi devant la commission de discipline pour «insubordination, transgression et déviation politique». Une décision, nous confie un sénateur, prise il y a trois jours.
Mais pour l’heure, le président du groupe parlementaire dit n’avoir reçu aucun document allant dans ce sens. Et au Conseil de la nation la quasi-majorité des sénateurs FLN appuie Latifi et le soutiennent pleinement dans sa démarche. «Je suis toujours le chef du groupe parlementaire du FLN, composé de 58 sénateurs. Je participe auprès du président de la Chambre haute du Parlement à toutes les activités officielles. Je n’ai reçu aucune convocation me signifiant de passer devant la commission de discipline», confie à El Watan Latifi.
A la question de savoir s’il s’exécutera au cas où il reçoit une convocation pour son passage devant cette instance, Latifi refuse de répondre, arguant qu’il est respectueux des lois et surtout des «décisions justes et légales». Manière de dire que les décisions de Baadji n’ont aucun ancrage juridique. C’est du moins ce que pensent des sénateurs FLN acquis à Latifi.
Choix contesté
Ce dernier, pour rappel, a été élu en tant que sénateur en 2017 dans la circonscription de Souk Ahras et a été désigné l’année dernière par Baadji à la tête du groupe parlementaire. Un choix qui a été vivement contesté par les sénateurs FLN parce que Latifi n’était pas un enfant du vieux parti.
Avant de rejoindre les rangs de l’ex-parti unique, il était cadre au MSP et par la suite membre fondateur de TAJ. «A l’époque, nous nous sommes élevés contre cette désignation, mais Baadji a fait la sourde oreille. Aujourd’hui, nous soutenons Latifi contre le choix de Baadji. Nous ne sommes pas des pions», s’insurge un sénateur.
En mai dernier, Baadji, contesté par une partie des membres du comité central, s’est lancé dans une opération de charme auprès des sénateurs afin de mobiliser des soutiens pour son maintien à la tête du parti. Il a remercié «les sénateurs pour leur discipline et engagement», insistant sur la «coordination» entre les instances du parti et les parlementaires. Ce nouveau bras de fer avec les parlementaires de la Chambre haute du Parlement n’est pas fait pour arranger les affaires du SG du FLN.
D’aucuns ignorent que le retard dans la convocation du 11e congrès du parti est à l’origine des conflits qui secouent ces dernières années le FLN et qui s’invitent souvent au Parlement. Baadji, de l’avis de beaucoup de militants, chercherait à s’assurer le soutien de tous les cadres avant de fixer la date de cet événement organique décisif pour son avenir.
Arrivé à la tête du FLN un peu par défaut en mai 2020, Abou El Fadhl Baadji devait quitter ses fonctions en novembre de la même année, date à laquelle le parti devait tenir son congrès.
Mais une fois la date passée, l’ancien chef de cabinet du ministre de la Justice n’a rien voulu savoir. Récemment, il a trouvé un autre prétexte pour reporter la tenue du 11e congrès national du FLN. Il a soutenu, lors d’une de ses sorties, que le congrès «ne se tiendra pas durant cet été», évoquant «la pression» qui existe sur les établissements hôteliers publics durant cette période précise de la saison.
«Il est quasiment impossible de réserver durant l’été pour un événement qui accueillera plus de 4000 congressistes», avait-il justifié.