En proie à une obsession malsaine : L’extrême droite française s’acharne contre l’Algérie

09/01/2025 mis à jour: 14:15
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Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, écume les plateaux des télés proches de l’extrême droite - Photo : D. R.

Cette instrumentalisation des tensions franco-algériennes risque de creuser davantage le fossé entre les deux peuples. Les allégations n’ont aucun fondement, mais elles trouvent un écho favorable auprès des milieux d’extrême droite, toujours en quête d’un bouc émissaire.

Dans un contexte diplomatique déjà très fragile, les récentes déclarations de Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, viennent exacerber les tensions entre les deux pays. Ses attaques répétées, imprégnées d’un ton paternaliste et condescendant, trahissent une incapacité manifeste à tourner la page du passé colonial. Elles témoignent également d’une volonté délibérée d’entretenir une dynamique de confrontation.

Driencourt, qui se présente comme un expert de l’Algérie, multiplie les critiques, évoquant une supposée dépendance économique et une instabilité politique du pays. Ces propos, loin de contribuer à un débat constructif, reflètent une fixation idéologique sur une Algérie souveraine et en plein développement et expansion économique.

Ce type de discours illustre surtout l’échec d’une certaine élite diplomatique française à appréhender les réalités contemporaines du pays. Par ailleurs, ces provocations s’inscrivent dans une tendance plus large, comme en témoigne l’attitude ambiguë du président en disgrâce, Emmanuel Macron. Lors de l’arrestation récente de l’écrivain Boualem Sansal, Macron a choisi une posture opportuniste.

Sous le couvert de défendre les droits humains, ses déclarations semblent surtout répondre à des calculs de récupération visant à séduire un électorat d’extrême droite. Cette instrumentalisation des tensions franco-algériennes risque de creuser davantage le fossé entre les deux peuples.

Dans une manœuvre encore plus risible, Driencourt s’est emparé de l’affaire des trois influenceurs arrêtés en France, accusant l’Algérie d’en être derrière. Une accusation totalement dénuée de fondement, mais qui sert à alimenter une hystérie collective et à dépeindre l’Algérie comme un danger pour la France. Ces allégations n’ont aucun fondement, mais elles trouvent un écho favorable auprès des milieux d’extrême droite, toujours en quête d’un bouc émissaire.

En agissant ainsi, Driencourt ne fait qu’attiser une paranoïa irrationnelle et nuisible pour les relations franco-algériennes, tout en exacerbant une fausse image d’ingérence. Dans ce même climat tendu, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a durci le ton en revendiquant un «bras de fer» avec l’Algérie sur les questions migratoires. Une rhétorique agressive qui privilégie la confrontation.

«Éloigner toute possibilité de dialogue sincère»

Ce discours belliqueux ne fait qu’exacerber les tensions pour plaire aux nostalgiques de l’Algérie française. Même des institutions religieuses, symboles de paix et de cohésion sociale, n’échappent pas à cette campagne de dénigrement. Dans un communiqué publié récemment, la Grande Mosquée de Paris a fermement condamné les accusations portées contre elle et son recteur, M. Chems-Eddine Hafiz, par la chaîne CNews.

Ces propos, qualifiés de «diffamatoires», participent à une instrumentalisation discriminatoire visant à stigmatiser les musulmans de France. L’institution a annoncé qu’elle se réservait le droit de poursuivre en justice ses détracteurs pour défendre son intégrité. Face à ces dérives, des voix appellent à la retenue et à la mesure. Le journaliste Khaled Drareni a mis en garde contre l’instrumentalisation de l’affaire Boualem Sansal, dénonçant une surenchère inutile. «Pourquoi participer au jeu de l’extrême droite française qui fait tout, vu d’Algérie, pour enfoncer Boualem Sansal avec des discours insultants ?

Beaucoup d’Algériens, même choqués par les propos racistes et extrémistes de l’écrivain et ancien cadre de l’Etat ramenant avec mépris leur pays au rang de «truc», se sont exprimés contre son arrestation. Il ne revient, cependant, pas à un chef d’Etat français de porter un jugement moral sur l’Algérie qui ne fait qu’aggraver la situation de ce citoyen algérien. C’est l’enfoncer davantage et aller dans le sens d’une escalade dont on peut se passer. «Ne jouez pas avec les symboles, calmez-vous Monsier le Président.»

Dans le même sens, Abdelaziz Rahabi, ancien ministre des Affaires étrangères, a critiqué les attaques répétées de responsables français à l’encontre de l’Algérie. Il a souligné que cette attitude nuit à toute perspective de normalisation des relations bilatérales. «Hier, le ministre français des Affaires étrangères, Barrot, mettait en doute la validité de nos décisions, et aujourd’hui, le président Macron rabaisse l’honneur de l’Algérie. Pas à ce point.

Transformer notre pays en une affaire politique interne pour la France éloigne toute possibilité de dialogue sincère», a-t-il déclaré. A vrai dire, Driencourt, Macron, Barrot et Darmanin devraient méditer sur une vérité fondamentale : la grandeur d’une nation ne se mesure pas à sa capacité à attenter une autre, mais à sa volonté de bâtir des ponts, même lorsque l’histoire rend l’exercice ardu.

 

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