Émoi en France après l'interpellation musclée du frère d'un jeune homme noir mort en 2016

10/07/2023 mis à jour: 04:39
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Youssouf Traoré, frère d'Adama, décédé peu après son arrestation par les gendarmes en juillet 2016 en région parisienne - Photo : D. R.

L'interpellation musclée à Paris du frère d'un jeune homme noir, dont la mort en 2016 a été érigée en symbole des violences policières en France, a provoqué l'indignation hier et des appels à manifester dans un pays encore marqué par une récente vague d'émeutes urbaines.

Youssouf Traoré a été interpellé samedi en marge d'une manifestation interdite à laquelle 2000 personnes ont participé pour rendre hommage à la mémoire de son frère Adama, décédé peu après son arrestation par des gendarmes en juillet 2016 en région parisienne. Filmée par des témoins, la vidéo de son interpellation le montre résister aux forces de l'ordre avant d'être plaqué au sol par plusieurs policiers. 

Blessé à l'œil, Youssouf Traoré a été hospitalisé. Selon une source proche du dossier, il aurait « porté un coup» à une commissaire de police au début du rassemblement interdit. Ces images ont, selon l’AFP qui a rapporté l’information, provoqué des condamnations à gauche. 

«C'est une honte. Il n'y avait aucune raison. Tout se passait très bien», a tweeté la députée écologiste Sandrine Rousseau. «Une persécution en plus pour la famille Traoré», a déploré Eric Coquerel, du parti La France Insoumise (LFI, extrême gauche).

En réaction, associations, syndicats et partis de gauche à l'origine de «marches citoyennes» contre les violences policières ont appelé à une mobilisation «massive» dimanche (hier, ndlr) à Paris. 

Cette nouvelle mise en cause des forces de l'ordre intervient dans un contexte très tendu en France. Filmée par une passante, la mort du jeune Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier près de Paris le 27 juin, a provoqué six nuits d'émeutes urbaines sans précédent dans le pays depuis 2005. 

Sur les images de l'interpellation de Youssouf Traoré, on voit également une femme se faire violemment projeter au sol par un policier, et des journalistes violentés par les forces de l'ordre.

L'un d'eux a annoncé son intention de saisir la «police des polices», pour porter plainte contre deux policiers d'une brigade motorisée de répression de l'action violente. 

A mentionner que plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées samedi à Paris contre les violences policières malgré une interdiction des autorités, et d'autres se sont mobilisées ailleurs en France pour exprimer leur «colère» après la mort d'un adolescent lors d'un contrôle routier, catalyseur de plusieurs nuits d'émeutes dans le pays.

Près d'une centaine d'associations, syndicats et partis politiques classés à gauche avaient appelé à des «marches citoyennes» pour exprimer leurs «deuil et colère», dénoncer des politiques jugées «discriminatoires» contre les quartiers populaires, et demander «une réforme en profondeur de la police».

A Paris, les manifestants se sont massés dans le calme sur la place de la République, l'une des plus grandes de la capitale, en mémoire d'Adama Traoré, un jeune homme décédé peu après son interpellation par des gendarmes en juillet 2016. 

Assa Traoré, sœur d'Adama devenue une figure du combat contre les violences policières, y a pris la parole devant plusieurs élus du parti d'opposition de La France insoumise (LFI, gauche radicale) et entourée d'un important dispositif des forces de l'ordre.

La mort de Nahel M., 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier le 27 juin à Nanterre, dans la banlieue ouest de Paris, a été le point de départ de cinq nuits consécutives de violences urbaines en région parisienne et dans plusieurs villes de France. 

Ces violences urbaines sans précédent depuis 2005 ont jeté une lumière crue sur les maux de la société française, des difficultés des quartiers populaires aux relations houleuses entre jeunes et forces de l'ordre. 

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