La situation, qui inquiète sérieusement, nécessite des interventions urgentes pour régler ce problème afin d’éviter un scénario catastrophique pouvant survenir à tout moment.
La commission des transports de l’APW de Constantine vient de révéler une situation pas du tout rassurante dans laquelle se trouve le tramway de la ville, devenu presque douze ans après sa mise en service, le premier et le plus important moyen de transport dans la wilaya.
Dans un rapport présenté lors de la récente session de l’APW, ladite commission a mis la lumière sur le problème des glissements de terrain apparus depuis longtemps déjà à proximité de la station de l’université Frères Mentouri, et qui menacent sérieusement de provoquer un arrêt aux graves conséquences, si des mesures urgentes ne sont pas prises pour y remédier.
«Lors de ses sorties sur terrain, la commission a relevé de nombreuses défaillances qui risquent de faire perdre tous les acquis si des mesures sérieuses ne sont pas prises pour les rattraper, alors que certains points nécessitent des interventions urgentes, notamment le problème de la sécurité à l’intérieur des rames et aux alentours des stations, principalement entre les stations Zouaghi Slimane et Palma, ainsi que le défaut d’éclairage dans les stations situées en dehors des zones urbaines», est-il mentionné dans la synthèse du rapport de la commission des transports de l’APW.
Toutefois, le problème des glissements de terrain dans certains points demeure la principale inquiétude, surtout avec le risque d’un arrêt des activités du tramway peut survenir à tout moment. «Si rien n’est fait pour trouver des solutions à ce glissement, la population de Constantine et d’Ali Mendjeli risque de se réveiller un jour sur un scénario catastrophique qui aura de graves conséquences pour des milliers de travailleurs, de citoyens et d’étudiants qui empruntent quotidiennement ce moyen de transport névralgique», ajoute le rapport.
Lors de notre déplacement sur les lieux, nous avons bien constaté l’ampleur de ce phénomène, qui a provoqué une dénivellation bien apparente des rails, dans les deux sens, sur la partie passant à proximité de l’ancienne résidence universitaire Aicha Oum El Mouminine, non loin de la station de l’université des Frères Mentouri, ce qui oblige à chaque passage les conducteurs du tramway à ralentir au maximum en ces points pour éviter un risque de déraillement. Ce qui influe considérablement sur les temps de traversée et cause des retards considérables pour les passagers, sans parler des arrêts techniques devenus trop fréquents et dont la durée est devenue insupportable.
Dégradation des services
La commission de l’APW a rappelé la hausse considérable du nombre des passagers du tramway depuis sa mise en service le 4 juillet 2013 sur une ligne de 8 km entre le centre-ville de Constantine et la cité Zougahi, avant l’extension de la ligne vers la station Kadri à la nouvelle ville Ali Mendjeli en 2019, puis la seconde extension vers l’université Abdelhamid Mehri (Constantine 2), ce qui donne un trajet actuel de 18,4 km, alors que le projet de prolongement vers l’extension ouest d’Ali Mendjeli vient de connaître la validation de son cahier des charges.
Par les chiffres, le nombre des passagers est passé de 3,9 millions en 2020 à 9 millions en 2021, puis 11 millions en 2022, 18 millions en 2023 et enfin 23,7 millions en 2024. Soit une hausse de 30 % en une année. Une augmentation qui s’explique surtout par les avantages offerts par ce moyen de transport très populaire, suite à l’explosion démographique connue par la nouvelle ville Ali Mendjeli dont la population a dépassé 500 000 âmes, ainsi que le passage des rames par les quatre universités (Emir Abdelkader, Frères Mentouri, Salah Boubnider et Abdelhamid Mehri), ce qui représente un moyen de déplacement très pratique pour des milliers d’étudiants.
Le tramway a également généré d’importantes recettes estimées à 618 millions de dinars en 2023 et 634 millions de dinars en 2024, en dépit des pertes considérables enregistrées par la société d’exploitation (Setram), en raison des pratiques frauduleuses de centaines de passages par jour, lesquels refusent de s’acquitter de leur ticket de voyage, malgré les interventions des agents de contrôle, ce qui engendre des altercations fréquentes.
Seulement, cette hausse qui a causé de nombreuses difficultés pour la Setram, dont les moyens humains sont loin de faire face à cette déferlante, a eu surtout des conséquences néfastes sur la qualité des prestations, qui se sont nettement dégradées, selon la commission des transports de l’APW. La saturation des rames, notamment aux heures de pointe, est vécue difficilement par les passagers qui se déplacent dans des conditions inconfortables.
Des recommandations à prendre en charge
Le problème est soulevé principalement dans les stations d’Ali Mendjeli-Centre, des universités et à Zouaghi Slimane. Ce qui pose des questions sur le non-renforcement des rames, qui demeure encore impossible pour le moment en raison de contraintes techniques, comme indiqué dans le rapport de la commission des transports de l’APW. Il faudra attendre d’autres extensions du tracé pour que la Setram puisse envisager cette option. Cette surcharge n’est pas sans provoquer des problèmes techniques au niveau des rames, qui ne sont pas conçues pour, mais aussi des charges supplémentaires pour les ateliers de maintenance.
Cette situation à laquelle les responsables de la Setram devraient trouver des solutions, est vécue depuis 2021, année de la mise en service de l’extension de la ligne depuis la station Kadri jusqu’à celle d’Abdelhamid Mehri. Il faudra s’attendre encore à d’autres difficultés quand le prolongement vers l’extension ouest sera mis en service.
La difficulté du contrôle des passagers à l’intérieur des rames et dans les stations a été parmi les autres points que la commission de l’APW a également abordés dans son rapport. L’insécurité et les mauvaises conditions de travail sont vécues quotidiennement par les contrôleurs de la Setram face aux incivilités des nombreux passagers, sans parler des actes de sabotage, du caillassage des rames, du vol des câbles de l’éclairage, des agressions enregistrées dans les stations tôt le matin et le soir. Les conducteurs sont contraints de traverser de longues distances dans l’obscurité totale entre la station Al Aifour et l’entrée de la ville d’Ali Mendjeli en passant par les arrêts de l’université Constantine3.
Dans ce sens, et pour trouver des solutions à tous ces problèmes dans les meilleurs délais, la commission des transports de l’APW de Constantine, a recommandé à l’issue de la présentation de son rapport détaillé, de procéder à l’installation d’une commission élargie (technique et administrative) pour le suivi de la situation des glissements de terrain sur les rails, surtout qu’il s’agit d’une menace réelle pour ce moyen de transport et pour la vie des passagers.
Il est préconisé également de mettre en place l’éclairage public dans les lieux qui représentent de véritables points noirs, ainsi que la réhabilitation des bureaux de vente de tickets qui se trouvent dans une situation lamentable, le renforcement du paiement électronique, la remise en service des valideurs des tickets à l’intérieur des rames et surtout le renforcement de la sécurité à l’intérieur des rames et aux alentours des stations par l’installation d’un réseau de caméras de surveillance. Il est également important de noter la nécessité de moderniser les arrêts et l’aménagement des stations pour une meilleure gestion de ce moyen de transport névralgique.