Divorces en hausse : «Un phénomène sociétal plus qu’un problème juridique», selon le ministre de la Justice

18/01/2025 mis à jour: 01:07
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Face à l’augmentation des divorces en Algérie, le ministre de la Justice, Lotfi Boudjemaa, a affirmé que la réponse à cette situation serait d’ordre sociétal et non pas juridique. Dans une réponse écrite à une question parlementaire, publiée le 31 décembre, il a expliqué que la montée en flèche des cas de divorce dans notre pays ne peut être imputée aux seules dispositions juridiques, mais qu’elle s’inscrit dans un contexte de transformations survenues dans la société algérienne ces dernières années.

Selon le ministre, le divorce représente souvent la dernière étape d’un conflit antérieur à l’intervention des tribunaux. «Le rôle des juges se limite, dans la majorité des cas, à officialiser une séparation déjà actée émotionnellement et relationnellement», a-t-il précisé. Aussi M. Boudjemaa a-t-il insisté sur les efforts fournis par les magistrats pour tenter de préserver les unions, notamment lorsque des enfants sont concernés. Ces démarches incluent également l’intervention des proches, des imams ou encore des séances de médiation, dans l’espoir de réconcilier les époux.

Le ministre rejette l’idée que cette hausse des divorces soit le résultat de lacunes dans le cadre législatif. «L’enjeu dépasse le cadre juridique. Il s’agit d’une évolution sociétale profonde», a-t-il déclaré. Parmi les causes de cette tendance haussière des cas de divorce, il met en avant l’émancipation économique des femmes, qui transforme les relations familiales. Pour le ministre, répondre à ce phénomène nécessite une mobilisation collective impliquant la justice, les associations, les institutions religieuses et les responsables de l’éducation qui pourraient, selon lui, sensibiliser les jeunes aux responsabilités de la vie conjugale.

Les chiffres des divorces enregistrés dans les tribunaux algériens, ces dernières années, traduisent une tendance haussière. Pour certains observateurs, cette évolution reflète l’autonomie croissante des femmes, tandis que d’autres y voient le résultat de bouleversements économiques, technologiques et culturels rapides, ou encore un manque de préparation des jeunes mariés face à la vie conjugale.

La députée Khadidja Belkadhi, à l’origine de la question parlementaire, a qualifié cette situation de «fléau social» et a appelé à des mesures concrètes pour inverser la tendance. Elle propose notamment des programmes éducatifs pour les futurs mariés et le renforcement de la médiation familiale. Le ministre, lui, a plaidé pour des campagnes de sensibilisation à grande échelle.

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