Développement des nanotechnologies en Algérie : Les compétences existent, mais les moyens font défaut

10/10/2023 mis à jour: 01:34
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Photo : D. R.

Des laboratoires algériens, qui travaillent sur ce domaine pointu et très vaste, arrivent à produire des recherches intéressantes et peuvent faire beaucoup de choses, car ce n’est pas vraiment de l’utopie.

Le domaine vaste et très pointu des nanotechnologies connaît de sérieux avancements en Algérie. En témoignent les nombreux travaux de recherche menés par des doctorants dans certaines universités, d’une qualité qui n’a rien à envier à ceux dirigés à l’étranger, avec pour seule différence la disponibilité de moyens, chose qui fait toujours défaut chez nous. À rappeler que les nanotechnologies désignent la science qui consiste à concevoir, produire et exploiter des structures et des appareils ayant une ou plusieurs composantes d’environ 100 millionièmes de millimètre (100 nanomètres) ou moins.

Ces appareils ou nanomatériaux, dont l’utilisation se généralise, ont complètement bouleversé la vie quotidienne et qu’on retrouve dans des domaines comme l’électronique, la mécanique, l’aéronautique, l’informatique, la médecine, mais on utilise également les nanoparticules dans les produits cosmétiques et les emballages.

À l’échelle du laboratoire de thermodynamique et de traitement des matériaux de la Faculté des sciences exactes de l’université Mentouri (Constantine1), les choses avancent avec sérénité. Beaucoup de travaux sérieux ont été jusque-là réalisés. Certains ont été présentés, hier, lors de la conférence internationale de nanotechnologie tenue à l’université Mentouri avec pour thème «La nanotechnologie pour la protection de l’environnement et la production de l’énergie propre».

La rencontre a vu aussi la participation de spécialistes d’Ukraine, de France et de Chine venus partager leurs expériences en relation avec le thème du jour. «Nous visons l’implication des doctorants nouvellement recrutés pour prendre la relève dans ce domaine, comme nous avons invité des spécialistes étrangers pour nous communiquer leurs travaux en relation avec le thème de la conférence.

Je citerai, également, notre équipe qui travaille et qui continue à le faire en étudiant l’introduction de nanoparticules à base de carbone dans les différentes matrices. Nous avons abouti à la mise en évidence de l’amélioration des propriétés thermodynamiques de certains matériaux contenant du carbone permettant de remplacer «des pièces métalliques lourdes et coûteuses par des nanomatériaux à base de polymères», a déclaré le Pr Smaïl Hemamda, président de la conférence.

Investir dans une spécialité d’avenir

Le thème du jour est d’une importance avérée puisqu’il demeure un champ de course entre les chercheurs du monde entier, afin de produire des nanomatériaux d’une grande utilité dans différents domaines. «Nous avons tous les moyens pour produire des nanomatériaux en Algérie, pourvu que la volonté existe notamment du côté des pouvoirs publics ; nous avons invité un grand spécialiste ukrainien dans le carbone pour profiter de son expérience ; ce dernier est sollicité par les Chinois qui sont en course avec les Japonais dans ce domaine», a révélé le Pr Hemamda à El Watan, en marge de la conférence.

«Notre but est de créer une branche à l’université spécialement pour le carbone, avec pour projet de produire le graphite extrêmement léger et son introduction dans les matrices métalliques, cela améliore considérablement les propriétés physiques de ces matériaux ; si on arrive à mettre en place une équipe sur ce projet, ce sera une grande évolution », a-t-il ajouté. Pour le Pr Hemamda, l’Algérie aura beaucoup à gagner dans ce domaine, surtout qu’elle a cumulé une bonne expérience et compte de nombreuses compétences, il reste seulement à créer une industrie solide pour pouvoir intégrer ces travaux. Notre interlocuteur juge que le domaine des nanotechnologies ne fait pas peur aux chercheurs algériens.

«Il y a des laboratoires qui travaillent sur la nanotechnologie en Algérie et peuvent faire beaucoup de choses, car ce n’est pas de l’utopie, mais les moyens manquent. Dans le domaine de la recherche, il n’est pas évident de travailler sans moyens. Le problème fondamental réside dans l’utilisation des machines qui existent dans les universités mais qui demeurent inaccessibles dans des locaux fermés. Il nous est arrivé d’aller jusqu’en Tunisie pour faire des manipulations, alors que la machine se trouve à dix pas de notre laboratoire. Il faut trouver un moyen pour une utilisation rationnelle des machines, c’est très important pour contrôler ce qu’on a produit», a-t-il déploré. Le message est clair. C’est aux décideurs au ministère de tutelle de le saisir «au vol».

 


 

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