Les recommandations du diagnostic sur le potentiel de développement de la biotechnologie en Algérie ont axé sur le renforcement du cadre juridique et réglementaire de la filière.
La biotechnologie marine est une filière émergente en Algérie et le secteur de la santé est celui qui consomme, pratiquement, le tiers des ressources marines pour la production des produits pharmaceutiques, parapharmaceutiques et cosmétiques. C’est du moins ce qui ressort des résultats d’un diagnostic sur «le potentiel de développement de la biotechnologie marine dans le pays».
Cette étude a été effectuée par le programme «Economie bleue, pêche et aquaculture» de l’Union européenne en coordination avec le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, et présenté hier, lors d’une journée de restitution de ce travail. Menée par une équipe d’experts sur les ressources issues du milieu marin, tout le long du littoral algérien, l’étude s’est concentrée sur le cadre conceptuel définissant les biotechnologies marines, la chaîne de valeur et l’état des lieux des Blue Biotech en Algérie.
En matière de biodiversité marine, le diagnostic a fait ressortir plus de 1600 espèces marines en mesure de fournir la matière première pour développer des procédés innovants, applicables dans divers domaines, tels que la santé, le cosmétique, l’alimentation, l’environnement et l’industrie. «La santé et le bien-être est le secteur qui consomme le tiers des ressources marines.
Seulement, le département pharmaceutique importe beaucoup de matières premières pour la production de médicaments. Notre objectif aujourd’hui est de réduire cette dépendance à l’importation et de mettre sur le marché des produits nationaux et des produits localement issus des ressources marines», a affirmé Boukhalfa Khemnou, expert référent dans la recherche, l’innovation et dans l’entrepreneuriat et membre du Programme économie bleue, précisant que plusieurs entreprises pharmaceutiques sont intéressées par ce domaine et des laboratoires utilisent déjà certaines ressources pour les produits pharmaceutiques. Une analyse Swot, permettant d’identifier les forces, faiblesses, opportunités, menaces de l’entreprise, a été réalisée pour mettre en lumière les opportunités et les défis spécifiques avec un accent particulier sur la production d’algues et la valorisation des rejets de pêche.
Réduire la dépendance à l’importation
Par ailleurs, ce diagnostic a identifié les principaux acteurs de cette filière comprenant, entre autres, l’Ecole nationale supérieure des sciences de la mer et de l’aménagement du littoral (ENSSMAL), le Centre de recherche en biotechnologie de Constantine et les universités d’Oran, Tlemcen et Annaba, notamment, des incubateurs et des start-up. «Il y a un engouement pour cette filière, notamment de la part des nouveaux diplômés universitaires qui ont eu des contacts avec les spécialistes dans le domaine de la biologie et de la ressource marine», relève M. Boukhalfa.
De son côté, la directrice nationale du Programme Economie bleue, pêche et aquaculture, et représentante du ministère de l’Agriculture, Chanez Zouadi, a indiqué que des actions ont été entreprises pour développer la filière biotechnologie dans le cadre de la stratégie nationale pour l’économie bleue (SNEB 2030), axées sur le renforcement des capacités de recherche en biotechnologie marine. Toutefois l’intervenant a reconnu que «des défis restent à relever».
Elle s’est également félicitée de l’intérêt qu’accordent les universités à la filière de biotechnologie marine, indiquant que des formations sont dispensées par beaucoup d’universités nationales en rapport avec la biotechnologie. Réda Allal, chef du projet, a soutenu que la filière biotechnologie constitue un thème de coopération du programme avec plusieurs universités, notamment celle d’Oran, rappelant que les efforts se concentrent actuellement sur «le renforcement de la dimension recherche dans le domaine de la biotechnologie pour une diversification de l’économie bleue».
M. Boukhalfa a insisté dans son exposé sur le renforcement des capacités des acteurs universitaires notamment ceux qui sont impliqués dans la recherche et l’accompagnement des start-up et des entreprises qui commencent à investir dans ce créneau. Il a surtout évoqué l’aspect juridique et réglementaire. «Nous avons un véritable potentiel, notamment sur la partie algue et les produits de pêche.
A ce sujet beaucoup d’entreprises produisent des spirulines qui utilisent les algues pour les transformer. Mais il y a un travail important à faire sur notamment la mise en place d’un cadre légal adapté à cet effet», plaide-t-il. D’ailleurs, les recommandations du diagnostic sur le potentiel de développement de la biotechnologie en Algérie ont axé sur le renforcement du cadre juridique et réglementaire de la filière, la promotion de la collaboration entre la recherche et le secteur économique ainsi que le soutien des start-up et des entreprises innovantes dans le domaine.
«Notre programme s’étale jusqu’à fin 2025 et les principales recommandations, soumises aujourd’hui à débat avec nos partenaires et autres acteurs du domaine, visent à étudier dans quelle mesure nous pouvons entamer ce programme et lancer des actions pour développer cette filière», révèle M. Boukhalfa