Des affrontements entre milices ont fait mardi 27 morts : Le réveil des vieux démons à Tripoli

17/08/2023 mis à jour: 18:00
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La population libyenne a perdu confiance en la classe politique - Photo : D. R.

Il n’y a pas de véritable autorité sur les milices de Tripoli. Les affrontements sont réguliers dans la capitale libyenne. Ils se soldent par des dizaines de pertes humaines. Quasi-indifférence de l’Occident tant que le pétrole coule. Le Financial Times a publié, hier, un rapport insistant sur le fait que les milices se sont fortement infiltrées dans les institutions de l’Etat et influent sur le processus politique, ce qui reflète de sombres perspectives quant à l’opération politique en Libye.

La milice Radaa (dissuasion) et la brigade 444 n’étaient pas, mardi à Tripoli, à leurs premiers affrontements à l’arme lourde. Comme à chaque affrontement, les morts se comptent par dizaines. 27 morts et 106 blessés ont ainsi été enregistrés. Les deux unités soutiennent pourtant le camp Debeiba. «Ces miliciens n’obéissent à aucune autorité.

Ils ne reconnaissent que leur chef. Ils sont encore en phase de révolution. Ils n’ont pas intégré la nécessité de bâtir un Etat et des institutions», souligne le juge libyen Jamel Bennour, sceptique quant à l’issue de cette crise qui perdure depuis 2012. Les divers gouvernements successifs ne sont jamais parvenus à installer l’Etat de droit en Libye, notamment à Tripoli, où ce sont toujours les milices qui font la loi.

Il a donc suffi que la milice «Radaa», dominant l’aéroport Myitiga à Tripoli, arrête le chef de la brigade 444, le colonel Mahmoud Hamza, pour que les armes lourdes se mettent à «parler». Comme d’habitude, il y a eu des condamnations de toutes parts. Le chef du gouvernement d’Union nationale, Abdelhamid Debeiba, a qualifié de «plaie béante» ces affrontements et annoncé qu’il va compenser les victimes. Le Parlement de Benghazi et le Haut-Conseil de l’Etat de Tripoli, les deux chambres libyennes, ont condamné et appelé à la retenue.

La ligue arabe a souligné également, dans un communiqué, publié hier, «la nécessité de tenir des élections le plus tôt possible, pour unifier les institutions de l’Etat libyen». Pour sa part, l’ambassadeur de l’UE en Libye, Jose Sabadell, a appelé à «un rapide consensus» et exprimé «la disposition de l’UE à soutenir tout processus dans ce sens».

Les politiques ont continué de promettre et de souhaiter. Mais, la population ne les croit plus. La population a perdu toute confiance en la classe politique et en la communauté internationale, suite aux diverses promesses qui n’ont jamais été tenues concernant les élections.

Incertitudes

La situation libyenne pèse lourdement sur l’environnement géopolitique de la région et influe sur l’issue proposée à la crise actuelle au Niger. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, n’a pas manqué d’attirer l’attention de Washington sur l’urgence d’une solution pacifique à la crise dans ce pays voisin.

Pour sa part, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a insisté sur le rejet de son pays de voir l’exemple libyen se reproduire au Niger. «On a vu l’invasion, l’agression de l’Otan en Libye. Mais, aujourd’hui, ceux qui ont agressé sont partis et c’est nous qui avons des problèmes», a-t-il indiqué au milieu de la semaine.

Les propos des politiques n’ont pas empêché des experts d’émettre des incertitudes sur l’évolution de la situation en Libye. Ainsi, le chercheur du Conseil atlantique, basé à Washington, Imad Eddine Badi, a souligné que «les affrontements d’avant-hier sont les pires à Tripoli depuis une bonne période (une année, Ndlr).

Cela traduit le peu de consistance des propos du gouvernement de Debeiba sur la stabilité du pays». Pour sa part, la revue britannique Financial Times a publié hier un rapport insistant sur le fait que les milices se sont fortement infiltrées dans les institutions de l’Etat et influent sur le processus politique, ce qui reflète de sombres perspectives quant à l’opération politique en Libye.

Cela nous conduit aux propos du juge Jamel Bennour qui a régulièrement affirmé à El Watan que «l’on ne peut pas tenir des élections alors que les urnes sont protégées par des groupes armés rivaux».

 

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