La stratégie de diversification mise en œuvre par le biais de l’Office algérien interprofessionnel des céréales ( OAIC) ces quatre dernières années a fini par réduire la part française du marché algérien du blé.
Les chiffres rendus publics la semaine dernière par l’établissement français des produits de l’agriculture et de la mer FranceAgriMer le montrent clairement. L’Algérie a importé seulement 31 000 tonnes de blé français depuis le début de la campagne céréalière, selon FranceAgriMer. Un chiffre bien en deçà de ceux enregistrés avant la modification du cahier des charges en 2021, l’Algérie s’étant tournée vers des blés d’autres origines, notamment ceux de la mer Noire.
Ainsi, si en 2017, 53% des volumes de blé français exportés hors de l’Union européenne étaient destinés à l’ Algérie, le taux est passé à 18% au cours des années 2023 et 2024 et a encore baissé en ce début d’année, suscitant des inquiétudes chez les exportateurs français, surtout que cette situation est intervenue après une campagne céréalière des plus difficiles et des plus faibles en rendements.
Pour ce mois, FranceAgriMer a réduit de 100 000 tonnes son estimation des volumes de blé tendre, qui seront exportés vers les pays tiers (hors de l’UE) sur l’ensemble de la campagne 2024-2025, à 3,4 millions de tonnes (Mt). Soit 67% de moins que sur 2023-2024.
En plus de cette réduction, «nous ne sommes pas très compétitifs par rapport aux origines de mer Noire», a souligné la semaine dernière Habasse Diagouraga, chargé d’études économiques sur les céréales, lors de la conférence de presse à l’issue du conseil spécialisé «Grandes cultures» de FranceAgriMer.
Russie, très présente vers les pays du Maghreb
En blé tendre, «on n’est pas très compétitifs par rapport aux origines mer Noire, notamment la Russie, très présente vers les pays du Maghreb et vers les pays d’Afrique subsaharienne», a encore rappelé M. Diagouraga, Les analystes de FranceAgriMer estiment dans ce cadre que la France n’est «pas la meilleure candidate» pour prendre le relais des exportations russes qui s’annoncent en baisse pour cette saison, selon les prévisions.
En effet, en Russie, les exportations de blé s’élèveraient à 42,5 millions de tonnes en 2024-2025 (contre 52,6 millions de tonnes en 2023-2024). Aussi, la Russie a mis en place un quota restreignant ses exports céréaliers entre le 15 février et le 30 juin.
Quelle que soit la situation, l’Algérie via l’OAIC a toujours misé sur l’anticipation pour sécuriser ses approvisionnements en blé, insistant à chaque fois sur les critères techniques conformément au cahier des charges établi.
Ce que l’Office avait rappelé en dernier en précisant : «Tous les fournisseurs de céréales figurant sur notre liste sont considérés comme des partenaires stratégiques.» Et ce, quelle que soit l’origine des produits. Cela pour dire que les choix relèvent des conditions techniques et commerciales.