De l’artisanat à la durabilité : La magie des ateliers de vannerie et de confiture de dattes de Ouargla

30/01/2025 mis à jour: 18:12
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Photo : D. R.

Les ateliers d’apprentissage pratique tenus en marge de la Fête du palmier dattier, organisée la semaine dernière par la commission de la culture, du tourisme et de l’artisanat de l’assemblée populaire de la wilaya de Ouargla, ont mis au jour les atouts économiques et écologiques de la valorisation des ressources locales. Des déchets aux trésors…

Organisés au sein des salles d’apprentissage de la Chambre d’artisanat et des métiers de la wilaya de Ouargla, ces ateliers visaient particulièrement les jeunes, leur offrant l’opportunité d’apprendre des compétences artisanales et de s’initier à l’entrepreneuriat. Des personnes souhaitant se lancer dans le domaine de l’artisanat ou améliorer leurs compétences existantes étaient également présentes ainsi que de simples visiteurs désireux de connaître les secrets de fabrication de deux segments de produits choisis à cette occasion, à savoir la confiture de dattes dite «Robb» et les articles de décoration à base de tiges de palmes «S’aaf».

Réinventer la confiture de dattes

Animé par l’artisane Fayza Lalam, fondatrice de la marque Jiwa, littéralement branche de dattes, l’atelier de fabrication de confiture de dattes, appelée «Robb», a mis en avant une tradition et un savoir-faire oasien ancestral où l’utilisation des dattes valorise un produit local qui n’est pas destiné à la consommation en tant que fruit, mais une approche innovante de recyclage alimentaire à partir de dattes dépréciées mise en place par les femmes des oasis pour réduire le gaspillage alimentaire en utilisant des dattes à faible valeur marchande, voire celles ne répondant pas aux normes usuelles de vente pour en faire un produit délicieux et nutritif utilisé au quotidien dans les foyers en guise de confiture, un produit qui conserve aux dattes leur saveur et leur valeur nutritive et qui offre de surcroît une alternative saine et sucrée, riche en nutriments aux confitures à base de sucre blanc, tout en diminuant dans le cadre d’une gastronomie à base de produits locaux, ancrée dans la tradition et la culture locales et écoresponsable de surcroît.

C’est ce qui est ressorti de l’atelier animé par Mme Lalam qui a commencé par mettre en exergue l’importance d’inscrire la fabrication de la confiture de dattes dans une optique de durabilité et de recyclage des variétés communes ou dépréciées de dattes en usant de créativité culinaire afin d’encourager l’innovation dans la cuisine en montrant comment les ingrédients dépréciés peuvent être transformés en quelque chose de savoureux. C’est justement le cas de plusieurs artisans qui ont intégré cette confiture dans la fabrication de pâtes à tartiner avec pour adjuvants le cacao, les cacahuètes et toutes sortes de fruits secs.

Lalam a également fait découvrir le processus de fabrication de cette confiture lors de la partie pratique de l’atelier où toutes les étapes de fabrication ont été présentées à partir du tri des dattes provenant des palmeraies locales, le lavage, la cuisson, l’essorage, la cuisson du sirop pour obtenir une consistance lisse puis la mise en pot de la confiture chaude dans des bocaux ou bouteilles stérilisés.

La transmission du savoir-faire vise, selon elle, à promouvoir les dattes comme un ingrédient de choix, en mettant en avant leurs bienfaits nutritionnels et leur goût unique ainsi que l’encouragement de l’autoproduction, afin de favoriser la consommation locale et peut-être inciter de nouvelles initiatives entrepreneuriales pour maintenir vivantes les recettes et les méthodes de préparation traditionnelles et viser l’exportation vers de nouveaux marchés.

L’art de la vannerie

La fabrication de produits en «S’aaf» ou tige de palmier, matière première emblématique de la vannerie oasienne, a été animée par l’artisane Meryem Ismaïli. Au cours de cet atelier, les participants ont été informés des méthodes d’acquisition et de préparation des matières premières, ainsi que sur les techniques de réalisation et de finition des produits. Les participants ont appris à créer toutes sortes d’objets en utilisant les tiges du palmier dattier considérées comme un déchet de la palmeraie, utilisé pour édifier des séparations entres les différents jardins et dont le surplus est souvent brûlé pour s’en débarrasser.

C’est un autre sous-produit de la datte valorisé de manière significative par l’artisanat dans la création d’objets artisanaux, tels que les paniers, les corbeilles à linge ou à fruits et légumes et pain, les nattes et tapis, les chapeaux, les meubles, les bijoux et autres articles décoratifs comme les bibelots, les miroirs, offrant ainsi une seconde vie à ces matériaux.

Mme Smaïli a montré les différentes techniques de trempage, de coloration et de séchage traditionnelles permettant d’obtenir des tiges flexibles. Un savoir-faire transmis à travers les générations et qui utilise des ressources naturelles disponibles dans la région, en débarrassant les agriculteurs d’un déchet nuisible à la santé de la palmeraie pour créer des formes variées, comme des paniers, des objets décoratifs ou des articles ménagers. L’artisane a appelé les participants à mettre leur touche personnelle sur ces créations et en ajouter des détails ou des embellissements pour les personnaliser. 

Ces ateliers ont constitué une belle découverte et une occasion pour sensibiliser les jeunes aux différentes activités de l’artisanat liées au palmier, leur permettant ainsi de se lancer dans des projets de petite envergure, étant donné que les matières premières sont disponibles et presque gratuites. Leur valorisation par l’artisanat est une merveilleuse illustration de l’économie circulaire, alliant respect de l’environnement, préservation des traditions artisanales et développement économique.
 

 

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