Dans un marché pétrolier fortement perturbé par les conséquences de la guerre en Ukraine, l’OPEP est à nouveau la force la plus influente en termes ‘approvisionnement mondial en pétrole, et le sera encore dans un avenir proche. Les perturbations de la production en Russie -après le Venezuela et l’Iran- compromettent 20 % de l’approvisionnement mondial de pétrole. A cela s’ajoute le recul de la production de schiste aux États-Unis, premier producteur mondial.
Ce dernier a certes pulvérisé, il y a quelques semaines, son record d’exportation de brut sur une semaine, avec 5,6 millions de barils par jour, soit près du double de la moyenne quotidienne pour 2021, mais la production américaine reste sensiblement inférieure à son niveau d’avant la pandémie.
Ainsi, alors que la croissance de la production américaine stagne, la part de marché et l’influence de l’OPEP en termes d’approvisionnement mondial en pétrole ne font qu’augmenter. L’organisation, dirigée par ses plus grands producteurs du Golfe, a repris désormais le contrôle les marchés, selon les déclarations des producteurs américain de schiste. «Le monde revient à ce que nous avions connu dans les années 70 et 80 à moins que nous ne fassions quelque chose pour changer cette trajectoire », a déclaré un responsable de ConocoPhillips aux délégués à CERAWeek, selon Oil price.
La part de marché de l’OPEP passera d’environ 30 % actuellement, à près de 50 % à l’avenir, dans un contexte ou la croissance exponentielle de l’offre de pétrole aux États-Unis, telle que connue avant la pandémie est révolue, l’inflation des coûts et la baisse de la production des puits étant quelque uns des facteurs qui freinent les augmentations de production.
En outre, les perturbations liées au conflit en Ukraine ont mis encore davantage l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) au centre du jeu selon Euractiv. « Le fonctionnement du marché est radicalement différent, sur bien des points, de ce qu’il était avant l’invasion de l’Ukraine », explique Jim Burkhard, responsable de la recherche sur le pétrole pour S&P Global Commodity Insights. « L’OPEP demeure très importante, en particulier parce qu’elle a des capacités excédentaires, principalement en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis » souligne l’analyste. En revanche, le groupe OPEP+, formé en 2016 avec dix pays non membres, devenu un axe crucial du marché avant la guerre, « n’est plus ce qu’il était » il y a un an, estime l’analyste. La Russie « ne peut plus être pour l’Arabie saoudite », leader de l’OPEP, « le partenaire qu’elle était avant la guerre », avance Jim Burkhard.
La cohésion de l’Opep+ maintenue en dépit de la crise
En dépit de ces analyses, il est à constater que l’alliance Opep+ reste soudée malgré le nouveau contexte et des sanctions ciblant la Russie. Les disions sont toujours prises en commun, lors des différentes rencontres de l’alliance, et influent grandement sur le marché. Ainsi pour soutenir les cours, l’OPEP+ a décidé début octobre 2022 de réduire sa production de deux millions de barils par jour. D’autres décisions ont été paraphées avec succès par l’Alliance, ces derniers mois, contribuant à réguler le marché et à influer sur les prix.
Le marché, reste ainsi entre les mains de l’OPEP, bien que l’organisation -qui profite du recul de l’influence du schiste américain- ne peut à elle seule répondre à toute la croissance attendue de la demande, estiment les analystes.
Le sous investissement, un danger, avertit l’Opep!
L’OPEP prévient ainsi que le sous-investissement enclenché il y a quelques années, entraînera une crise de l’offre. L’augmentation de la capacité et de l’offre est «une responsabilité mondiale que l’OPEP ne peut pas assumer seule», a récemment déclaré le secrétaire général de l’OPEP, Haitham Al Ghais, à Houston.L’industrie pétrolière a besoin de beaucoup plus d’investissements juste pour maintenir l’approvisionnement aux niveaux actuels. L’OPEP pourrait faire sa part, en vue d’augmenter sa part de marché et son influence sur le marché pétrolier, mais peu d’autres producteurs agissent, dans un monde à la poursuite d’émissions de carbone nulles, constate l’Organisation.Les investissements dans le pétrole et le gaz doivent augmenter de manière significative si le monde veut éviter de sombrer dans une crise d’approvisionnement, avertissent les responsables de l’OPEP depuis des années.
À moins que les investissements n’augmentent, «je crains que nous ayons des problèmes de sécurité énergétique et d’accessibilité financière», a déclaré le secrétaire général de l’OPEP, Al Ghais. Suhail Al Mazrouei, ministre de l’Énergie des Émirats arabes unis, a déclaré pour sa part à Bloomberg TV le mois dernier : «Je ne m’inquiète pas de la demande - ce qui nous inquiète, c’est de savoir si nous aurons suffisamment d’approvisionnements à l’avenir». Les plus grands producteurs de l’OPEP au Moyen-Orient investissent pour augmenter leur capacité, pour répondre à une part croissante de la demande mondiale de pétrole mais la production ailleurs, diminue ou stagne, tandis que l’investissement dans l’approvisionnement est décevant depuis des années, soulignent les analystes de l’OPEP.