Une campagne nationale de sensibilisation sur la protection des enfants contre les dangers de l’utilisation abusive d’internet a été lancée hier au siège d’Algérie Télécom à Mohammedia (Alger).
Initiée par le ministère de la Poste et des Télécommunications, en coordination avec divers partenaires, elle a comme slogan «Internet est une vaste mer, aidons nos enfants à naviguer en toute sécurité» et s’étendra jusqu’au 14 février.
Lors de son discours, Sidali Zerrouki, ministre de la Poste et des Télécommunications, a dévoilé une ambitieuse initiative visant à protéger les citoyens, notamment les enfants, contre les risques croissants du numérique.
Alors que l’internet est devenu incontournable dans la vie quotidienne, touchant des domaines comme l’économie, l’administration, l’éducation, la santé et les loisirs, les menaces cybernétiques se sont multipliées, exigeant une réponse stratégique et préventive.
Le ministre a souligné l’urgence d’adopter une approche proactive pour sécuriser l’espace numérique, en particulier pour les groupes vulnérables, tels que les enfants. Il a dévoilé un plan national de sensibilisation élaboré par des experts et qui s’articule essentiellement autour de quatre axes majeurs : «utilisation sécurisée de l’internet par les enfants, incluant la gestion des jeux électroniques, les risques liés aux réseaux sociaux, notamment la protection des données personnelles, la vie privée et les défis liés au cyberharcèlement, les transactions électroniques, avec un focus sur la prévention de la fraude et des escroqueries en ligne et la promotion de bonnes pratiques numériques, via l’éducation aux enjeux de la cybersécurité».
Dans le cadre de l’exécution de ce plan, dira-t-il, «une campagne de sensibilisation se déploiera du 8 au 14 février, coïncidant avec la Journée internationale pour un internet plus sûr (11 février). Elle ciblera les enfants, les parents et les éducateurs, avec pour objectifs de renforcer la prise de conscience concernant les pratiques sécurisées lors de la navigation en ligne, former le public à identifier et éviter les pièges cybernétiques, comme le harcèlement numérique ou les atteintes à la vie privée, promouvoir une citoyenneté numérique responsable, en fournissant des outils et des ressources adaptés».
Des ateliers et des sessions éducatives seront organisés dans les écoles, les centres de formation professionnelle, les maisons de jeunes, les centres culturels (y compris les institutions islamiques et les écoles coraniques), en collaboration avec des partenaires institutionnels et des acteurs locaux. Au-delà de la campagne, le ministre a insisté sur la nécessité de construire un écosystème technologique résilient, garantissant la souveraineté numérique nationale.
Cela passe par l’innovation locale, le développement de contenus algériens et la création d’un environnement numérique sûr pour les générations futures. Le ministre a appelé à une coopération renforcée entre tous les acteurs (citoyens, institutions et secteur privé) pour consolider cet engagement collectif en faveur d’un internet sûr, au service du développement durable et de l’autonomie technologique de l’Algérie. Le représentant de la Gendarmerie nationale a évoqué le défi de «garantir un espace numérique inclusif, protecteur et innovant, reflet de notre souveraineté et socle d’un avenir prospère. Cette initiative marque un pas décisif vers une Algérie connectée, mais vigilante, où le progrès technologique rime avec sécurité et responsabilité».
Développement psychologique
Ainsi, la protection des enfants sur internet est un enjeu majeur en Algérie, nécessitant une vigilance accrue des autorités et des parents. Face aux dangers du cyberespace, des campagnes de sensibilisation et des mécanismes de surveillance ont été mis en place pour garantir un environnement numérique plus sûr pour les jeunes.
Il s’agit d’agir à deux niveaux : organisation d’activités et d’événements pour informer les enfants et leurs parents sur les risques liés à internet, et surveiller les contenus inappropriés, lutter contre les crimes numériques impliquant des enfants et mise en place de dispositifs de signalement.
«Les services de sécurité veillent à identifier et à supprimer les contenus illégaux, tout en menant des enquêtes pour traquer les cybercriminels exploitant les enfants», dira-t-il.
Pour le représentant de la Sûreté nationale, «les enfants sont exposés à plusieurs menaces en ligne, notamment l’accès à des contenus inappropriés non adaptés à leur âge, harcèlement en ligne et tentatives de manipulation par des cybercriminels, la cyberdépendance et l’altération de leur développement psychologique». Pour lutter contre ces dangers, les autorités encouragent la surveillance parentale et la mise en place de mesures de contrôle numérique adaptées.
L'accompagnement et la surveillance parentaux sont essentiels pour protéger les enfants des dérives d’internet. Il est recommandé d’adopter une approche équilibrée, évitant l’interdiction totale, qui pourrait engendrer de la frustration chez l’enfant, tout en instaurant un cadre éducatif clair.
L’invasion des écrans dans le quotidien
Les institutions sécuritaires ont renforcé également la sécurité numérique en menant des campagnes de sensibilisation et en développant des outils permettant de contrôler et limiter l’accès aux contenus inappropriés. Le Pr Chakali Mohamed, représentant du ministère de la Santé, a mis en évidence l’omniprésence des écrans dans notre société, en particulier chez les jeunes. «Si les écrans offrent des opportunités d’apprentissage et de connexion, ils présentent également des risques pour la santé et le développement des jeunes. Il est impératif d’éduquer les jeunes et les familles sur l’utilisation responsable des écrans et de promouvoir un juste équilibre entre le monde numérique et le monde réel», explique-t-il. Pour lui, l’exposition excessive aux écrans peut avoir des effets néfastes sur la vue, le développement neurologique, le sommeil et le bien-être émotionnel des enfants et des adolescents.
Les écrans sont devenus présents dans la vie des enfants dès leur plus jeune âge et dans tous les foyers. La plupart des familles disposent d’une télévision, d’un ordinateur et d’une tablette. Le nombre de personnes de plus de 13 ans possédant un smartphone est en constante augmentation.
«Les contenus inappropriés, tels que la pornographie et la violence extrême, ainsi que la cyber-intimidation, sont des dangers réels liés à l’utilisation de ces écrans», confie-t-il. Ainsi, il est important de limiter le temps d’écran, d’encourager les activités alternatives et de favoriser les interactions sociales réelles pour préserver le bien-être des jeunes.