Crise humanitaire et risque d'embrasement dans la région : L'horreur à Ghaza

16/10/2023 mis à jour: 04:48
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Photo : D. R.

Les pays occidentaux restent néanmoins aveugles et sourds à la détresse des Ghazaouis, tandis qu’Israël, fort de son impunité, masse ses troupes pour une offensive terrestre – qui semble imminente.

La machine de guerre israélienne poursuit ses massacres et bombardements acharnés dans diverses zones de la bande de Ghaza. Le bilan des agressions menées depuis le 7 octobre par les forces d'occupation sioniste dans la bande de Ghaza et en Cisjordanie occupée s'est élevé, hier, à 2384 morts et 10 150 blessés parmi les Palestiniens, a annoncé hier le ministère palestinien de la Santé.

Israël s’apprête désormais à lancer une offensive terrestre, qui a été dénoncée par de nombreuses organisations internationales et humanitaires. Le ministère a expliqué, dans un communiqué publié par l'agence de presse Wafa, que la majorité des personnes tuées sont des femmes et des enfants.

Un précédent bilan faisait état de plus de 700 enfants morts à Ghaza depuis le début de ces bombardements. Environ un million de personnes ont été déplacées dans la bande de Ghaza par la guerre, selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, UNRWA. Pour beaucoup, cela pourrait être un nouvel exode sans retour.

En Cisjordanie occupée, le nombre de martyrs palestiniens s'est élevé à 55, après l'annonce samedi de la mort de l'enfant Muhammad Rifaat Adwan (16 ans) dans le gouvernorat de Tulkarem, tandis que le nombre de blessés est de plus de 1100, selon l’agence Wafa.

L’armée sioniste réitère son «ordre d’évacuation» du nord de Ghaza. Elle continue également à bombarder les voies menant vers le passage de Rafah, frontalier avec l’Egypte, afin d’empêcher l’arrivée des aides humanitaires.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti que l’évacuation forcée de milliers de «patients» du nord de Ghaza vers les établissements hospitaliers débordés du sud du territoire pourrait être «l’équivalent d’une peine de mort». «L’OMS condamne fermement les ordres israéliens réitérés d’évacuer 22 hôpitaux traitant plus de 2000 patients dans le nord de Ghaza», a déclaré l'agence onusienne dans un communiqué, publié à son siège à Genève.

Les patients gravement malades, en soins intensifs ou sous dialyse, les nouveau-nés en couveuses, les femmes enceintes souffrant de complications «risquent tous une détérioration immédiate de leur état ou la mort s’ils sont obligés de se déplacer et sont privés de soins vitaux pendant leur évacuation», prévient l'agence.

De son côté, l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (The United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East - UNRWA) a averti que plus de deux millions de citoyens de la bande de Ghaza courent le risque de manquer d'eau, ce qui met leur vie en danger.

Le commissaire général de l'UNRWA, Philippe Lazzarini, a déclaré : «L'eau est devenue une question de vie ou de mort. Il est essentiel que du carburant soit livré à Ghaza pour approvisionner en eau deux millions de personnes.» Malgré l’évacuation de plus d’un million de citoyens du nord de Ghaza au sud de la bande, un grand nombre des civils n’ont pas pu partir et évacuer leurs maisons et ils ont besoin d’une protection, selon l’UNRWA. Médecins sans frontières (MSF) a exhorté Israël à «faire preuve d'un minimum d'humanité» dans son agression militaire, notant que la situation dans la bande est «inacceptable».

«Crainte d’extermination»

L'organisation a déclaré dans un communiqué qu'elle craignait «l'extermination» de ceux qui ne pouvaient pas fuir le nord de la bande de Ghaza, comme les malades, les blessés et le personnel médical. L’organisation a déclaré que l’avertissement d’évacuation émis par Israël à 1,1 million d’habitants du nord de Ghaza, dans «une zone déjà densément peuplée, avec de graves difficultés à obtenir de la nourriture, de l’eau et des soins de santé, est déraisonnable et inacceptable».

Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a assuré qu'un million de personnes vivant dans la bande de Ghaza, menacées par les attaques israéliennes, «n'ont pas d'endroit sûr où aller».

Il va sans dire que la situation humanitaire est des plus désastreuses. L’aide arrivée de plusieurs capitales s’empile dans le Sinaï égyptien, frontalier de la bande de Ghaza, sans toutefois rejoindre le territoire palestinien, selon l'AFP.

Les pays occidentaux restent néanmoins aveugles et sourds à la détresse des Ghazaouis, tandis qu’Israël, forte de son impunité, masse ses troupes pour une offensive terrestre – qui semble imminente – dans le Nord bombardé de la bande de Ghaza. Cela se passe avec la complicité des puissances occidentales. Les Etats-Unis ont envoyé de l’aide militaire à Israël avec de nouvelles munitions, et mis en garde «ses voisins contre une extension du conflit».

De son côté, la Chine a estimé que «l’action d’Israël à Ghaza après l’attaque du Hamas va au-delà du domaine de l’auto-défense». «Le gouvernement israélien doit cesser de punir collectivement les Ghazaouis», a déclaré le chef de la diplomatie chinoise à son homologue saoudien, Faisal bin Farhan Al Saud, samedi, selon un communiqué de son ministère hier.

La situation risque de dégénérer. La tension monte dangereusement à la frontière entre le Liban et Israël, où les accrochages meurtriers se multiplient entre le Hezbollah libanais et l'armée israélienne, faisant craindre une escalade régionale de la guerre.

De nombreux analystes estiment que l'invasion terrestre d'Israël dans le nord de la bande de Ghaza pourrait constituer le déclencheur d'une intervention du Hezbollah. D’ores et déjà, ce dernier a revendiqué une attaque contre une position israélienne et déclaré qu’il s’agissait d’une réponse aux frappes israéliennes. La perspective de l’ouverture d’un second front se dessine, qui pourrait embraser toute la région. 

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