Crise du Soudan : Le Tchad appelle à l’aide internationale face à l’afflux de réfugiés

25/06/2023 mis à jour: 08:07
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La guerre a jeté des millions de personnes sur les routes

Le Tchad, où de nouveaux réfugiés fuyant la guerre au Soudan affluent par dizaines de milliers, a réclamé hier une «aide massive» de la communauté internationale, qu’il accuse de le «laisser presque seul» face à une crise humanitaire «sans précédent». 

«La mobilisation de la communauté internationale (...) n’est pas à la hauteur de la mobilisation observée sous d’autres cieux, laissant le Tchad presque seul face à l’accueil des réfugiés en épuisant au maximum ses ressources propres», a déclaré devant les diplomates et représentants des organisations internationales le Premier ministre Saleh Kebzabo, selon des propos recueillis par l’AFP.

Début juin déjà, le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) avait sonné l’alarme en annonçant que plus de 100 000 Soudanais, essentiellement des femmes et des enfants venus du Darfour, ont traversé la frontière dans l’est du Tchad en un mois et demi de conflit. Venant s’ajouter à plus de 680 000 réfugiés déjà présents dans ce pays semi-désertique d’Afrique centrale, dont 60% de Soudanais. 

Et l’agence onusienne déplorait que les besoins de financement pour leur venir en aide n’était couverts qu’à 16% par la communauté internationale. «Le Tchad sollicite l’appui et l’assistance technique et financière massive des pays et organisations» et «une conférence internationale (...) sur la mobilisation des fonds» pour l’aider à faire face à une «crise migratoire sans précédent», a indiqué S. Kebzabo dans son discours. 

Venant s’ajouter à des dizaines de milliers de réfugiés du Cameroun dans l’ouest, de Centrafrique dans le sud, et plus de 409 000 Soudanais déjà présents dans l’Est depuis le conflit meurtrier des années 2000 et 2010 au Darfour, de nouveaux réfugiés affluent depuis le début, le 15 avril, de la guerre civile entre les deux généraux qui se partagent le pouvoir à Khartoum.Le Tchad et le Soudan se partagent une frontière extrêmement poreuse de plus de 1300 km en plein désert. 

Les réfugiés «ont bénéficié de la solidarité des populations hôtes qui les ont accueillis et ont partagé leurs maigres ressources» mais «le Tchad s’expose de plus en plus à des crises internes liées à la rareté de ses ressources» dans un pays à l’«économie déjà fragile», a observé le Premier ministre. «Sans votre sollicitude, votre solidarité et votre élan de coeur, le Tchad ne pourra pas supporter seul le poids de cette crise», a-t-il affirmé devant les représentants de la communauté internationale.

Alerte sur les meurtres au Darfour-Ouest

Par ailleurs, le même jour, l’ONU a demandé de son côté «une action immédiate» hier pour mettre un terme aux meurtres des personnes qui fuient El Geneina, la capitale de l’Etat du Darfour-Ouest, par des milices arabes aidées des FSR du général Mohamed Hamdane Daglo.

«Nous sommes gravement préoccupés par le fait que de tels meurtres aveugles se poursuivent et appelons à une action immédiate pour y mettre un terme», écrit le Haut-Commissariat aux droits de l’homme dans un communiqué.

«Les personnes fuyant El Geneina doivent se voir garantir un passage sûr et les agences humanitaires doivent être autorisées à accéder à la zone pour récupérer les dépouilles des personnes tuées», poursuit le communiqué. 

Le Haut-Commissariat base ses informations sur des interviews avec des réfugiés ayant fui El Geneina et la région pour le Tchad voisin. Selon «ces informations concordantes», les hommes de la tribu Masalit sont particulièrement ciblés. «Sur 16 personnes que nous avons pu interroger à ce jour, 14 ont affirmé avoir été témoins d’exécutions sommaires et de ciblage de groupes de civils sur la route entre El Geneina et la frontière, soit des tirs à bout portant sur des personnes sommées de se coucher au sol ou l’ouverture du feu sur la foule», rapporte le Haut-Commissariat. 

Les témoignages relatent des tueries qui ont eu lieu les 15 et 16 juin, mais aussi la semaine dernière. Selon un bilan de l’ONU du début de semaine, 1100 personnes ont été tuées dans la seule ville d’El Geneina. 

«Nous comprenons que les meurtres et autres violences se poursuivent et s’accompagnent de discours de haine persistants contre la communauté Masalit, y compris des appels à les tuer et à les expulser du Soudan». 

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme appelle les dirigeants des RSF à «condamner immédiatement et sans équivoque et à arrêter le meurtre de personnes fuyant El Geneina, ainsi que d’autres violences et discours de haine à leur encontre sur la base de leur appartenance ethnique», insiste le Haut-Commissariat. Il exige également que les responsables des meurtres et autres violences soient tenus pour responsables. 

Pour le Haut-Commissariat El Geneina est devenue inhabitable, les infrastructures essentielles étant détruites et l’acheminement de l’aide humanitaire toujours bloqué. 

Le Haut-Commissariat réclame «la mise en place immédiate d’un corridor humanitaire entre le Tchad et El Geneina, et un passage sûr pour les civils hors des zones touchées par les hostilités». 

Les affrontements ont éclaté le 15 avril dans ce pays d’Afrique de l’Est, l’un des plus pauvres du monde, entre l’armée, commandée par le général Abdel Fattah Al Burhane, et les FSR, du général Mohamed Hamdane Daglo. 

Le Darfour est particulièrement frappé par les violences, après avoir déjà été le théâtre d’atrocités dans les années 2000.

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