Crise au Soudan : 2,5 millions de déplacés et de réfugiés en deux mois

21/06/2023 mis à jour: 09:02
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Photo : D. R.

Plus de deux mois de guerre entre armée et paramilitaires ont forcé plus de 2,5 millions de personnes à fuir leurs maisons au Soudan, notamment au Darfour, a indiqué l’ONU, hier, citée par l’AFP.

Le conflit entre l’armée, commandée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo a fait plus de 2000 morts. Si le calme règne à Khartoum, la ville d’El-Geneina, dans la région du Darfour (ouest), est le théâtre des plus violents combats. Les habitants fuient en longues colonnes vers le Tchad, à une vingtaine de kilomètres à l’Ouest, sous les tirs croisés des militaires, paramilitaires, combattants tribaux et civils armés, et des fouilles imposées par des hommes armés.

Depuis vendredi, «15 mille Soudanais, dont près de 900 blessés», ont fui vers Adré au Tchad, selon l’ONG Médecins sans frontières (MSF). Selon l’ONU, plus de 150 mille personnes ont trouvé refuge au Tchad.

Au Darfour, «le conflit a désormais une dimension ethnique», ont alerté l’ONU, l’Union africaine et l’Igad, le bloc de l’Afrique de l’Est, «avec des attaques ciblées basées sur l’identité».

L’ONU parle de possibles «crimes contre l’humanité». La guerre a fait au moins «deux millions» de déplacés, estime le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés, alors que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) dénombre «550 mille personnes ayant fui vers les pays voisins». 

Lundi, la communauté internationale, réunie à Genève, a promis 1,5 milliard de dollars d’aide, seulement la moitié du total dont les agences humanitaires estiment avoir besoin. 

Dépendance de l’aide humanitaire

Vingt-cinq millions de personnes, soit plus de la moitié de la population, dépendent de l’aide humanitaire pour survivre au Soudan qui, selon l’ONU, sombre dans la destruction et la violence à une vitesse «sans précédent». «Les besoins humanitaires ont atteint des niveaux record alors qu’aucun signe ne permet d’envisager une fin de conflit», a prévenu hier Eddie Rowe, le directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) au Soudan.

Au début de la guerre, les agences de l’ONU disaient n’avoir reçu que 15% des fonds nécessaires à leurs opérations. Si les promesses de Genève sont tenues, elles auront 50% du montant qu’elles réclament. Pour Alexander Kjaerum, du Danish Refugee Council (DRC), «le niveau de financement (pour une aide humanitaire au) Soudan est honteux». Après autant de jours de guerre, «68% des fonds pour répondre à la crise ukrainienne étaient réunis», contre 16% au Soudan, dit-il.

Après une dizaine de trêves systématiquement violées, la dernière en date doit prendre fin aujourd’hui. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a toutefois dénoncé son «non-respect» lundi quand des «tirs» ont empêché de «transférer (à l’armée) des soldats blessés» aux mains des paramilitaires. 

Le CICR ne dit pas d’où sont venus les tirs. Le général Daglo a accusé l’armée et dénoncé «des violations continues» du cessez-le-feu. En retour, l’armée a accusé les FSR d’avoir «rompu la trêve» et fait «15 morts et des dizaines de blessés civils» à Tawila, au Darfour. 

Une source médicale sur place a confirmé ce bilan, rapportant une «attaque des FSR»

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