Crise au Niger : Niamey accepte la médiation de l’Algérie

03/10/2023 mis à jour: 08:47
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Photo : D. R.

Opposée à toute intervention armée au Niger, mais aussi fortement attachée au rétablissement de l’ordre constitutionnel, l’Algérie a proposé, le 29 août dernier, un plan de sortie de crise en six points. L’acceptation du plan de sortie de crise d’Alger par Niamey laisse ainsi entrevoir une éclaircie dans le ciel grisâtre du Sahel.

Niamey vient d’accepter la médiation de l’Algérie, dans le cadre du plan de règlement de la crise au Niger, présenté par le président Tebboune, a indiqué, hier, un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger. L’acceptation du plan de sortie de crise d’Alger par les putschistes laisse ainsi entrevoir une éclaircie dans le ciel grisâtre du Sahel.

«Le gouvernement algérien a reçu, par le canal du ministère nigérien des Affaires étrangères, une notification d’acceptation de la médiation algérienne visant à promouvoir une solution politique à la crise au Niger, dans le cadre du plan de règlement présenté par le président de la République», lit-on dans le communiqué. «Cette acceptation de l’initiative algérienne conforte l’option de la solution politique à cette crise et ouvre la voie à la réunion des conditions devant permettre de la surmonter pacifiquement dans l’intérêt du Niger et de l’ensemble de la région», a souligné la même source.

Le président de la République a, à la suite de cette notification, instruit le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, de se rendre à Niamey. Un déplacement qui doit intervenir «dans les plus brefs délais, en vue d’y entamer des discussions préparatoires sur la mise en œuvre de l’initiative algérienne avec toutes les parties prenantes», a ajouté le communiqué. Opposée à toute intervention armée au Niger, mais aussi fortement attachée au rétablissement de l’ordre constitutionnel et au retour du président Bazoum, renversé par le coup d’Etat du 26 juillet dernier, l’Algérie a proposé, le 29 août dernier, un plan de sortie de crise en six points.

Lors d’une conférence de presse, M. Attaf a détaillé les six axes structurant la médiation algérienne pour trouver une solution politique à la crise qui menace ce pays frontalier de l’Algérie.

Un plan en six points

Les prérequis et grands axes de l’initiative du président de la République, telle qu’exposée par le chef de la diplomatie algérienne, repose, d’abord, sur un ensemble de fondements et de principes, à commencer par le rejet catégorique de tout changement en dehors des règles constitutionnelles d’un pays. Elle s’appuie, également, sur le fait qu’une solution pacifique est encore possible et exprime le rejet de toute intervention étrangère et militaire aux conséquences désastreuses pour toute la région. Il s’agit d’abord, a expliqué Attaf, de consolider le principe de l’illégitimité de tout changement en dehors du cadre constitutionnel.

A ce propos, M. Attaf a fait savoir que l’Algérie compte soumettre, lors du prochain Sommet de l’Union africaine, ses propositions pour le renforcement de ce principe, «en y proposant des mécanismes devant le matérialiser».Le chef de la diplomatie algérienne a, en outre, précisé que le plan de sortie de crise prévoit une période de six mois pour «la cristallisation» et «la réalisation» de la solution politique garantissant le retour à l’ordre constitutionnel et démocratique au Niger dans le cadre d’un Etat de droit.

Initialement, le chef des putschistes, le général Abdourahamane Tchiani, avait annoncé une période de transition qui durerait au maximum trois ans. S’agissant des arrangements nécessaires à la concrétisation de ce plan, M. Attaf a affirmé que «cela nécessite la mutualisation des efforts et l’accord de toutes les parties sans exclusion» et «sous l’autorité civile d’une personnalité consensuelle». Une personnalité «jouissant du respect et l’acceptation par tous les courants de la classe politique nigérienne», a-t-il déclaré.

La démarche proposée par l’Algérie prévoit de réunir des garanties pour la pérennité de la solution politique et sa validation par tous les acteurs du conflit dans le processus de résorption de la crise politique. Aussi, l’initiative favorise une approche participative dans laquelle l’Algérie se chargera de l’initiation d’intenses pourparlers avec toutes les parties concernées qui contribueront et soutiendront la solution politique.

Une solution politique pérenne

Au final, le plan suggère la tenue d’un congrès international pour le développement dans la région du Sahel. Un congrès dont l’objectif est de mobiliser les financements nécessaires à la réalisation de programmes de développement dans cette région.

Rappelons que cette initiative est née à la lumière des consultations menées au Niger par le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Lounes Magramane, et dans trois pays de la Communauté économique des pays de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), en l’occurrence le Nigeria, Ghana et Bénin, par le ministre des Affaires étrangères. Ahmed Attaf avait, lors de son périple en Afrique de l’Ouest, plaidé pour une solution pacifique à la crise au Niger, à même de lui «éviter et à toute la région les répercussions du recours à la force et les dangers des interventions étrangères qui risquent d’embraser la région».

Cette approche de l’Algérie en faveur d’une solution pacifique au Niger a été soutenue par de nombreux pays inquiets d’une déstabilisation de la région du Sahel. Un soutien exprimé lors des différentes escales effectuées au Nigeria, au Bénin et au Ghana par M. Attaf. Chargé par le président Tebboune, le ministre des Affaires étrangères avait entamé une tournée diplomatique en Afrique de l’Ouest, pour effectuer des concertations avec ses homologues au sujet de la crise au Niger. «Pour l’Algérie, le recours à la force a toujours été un élément de complication et non pas un élément de solution», avait-il soutenu.

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