La question des «crédits carbone» revient cette année encore sur la table des négociations. Mais pour la première fois, les observateurs estiment que les pays pourraient s’entendre sur un mécanisme crédible et susceptible de contribuer à la réduction des gaz à effet de serre. D’ailleurs, à l’ouverture de la COP29, un premier résultat a été obtenu concernant les règles régissant le marché des crédits carbone, sachant que ce type de crédits n’obéissait pas à une régulation au niveau international.
Cette décision s’apparente, selon M. Grimes, à une tentative de lever les abus, fraudes et ce qui est aujourd’hui appelé éco-blanchiment. Plus loin encore, l’expert estime que cette décision trace le chemin pour l’établissement de normes et standards à l’échelle internationale, tout en étant soutenu par la COP et les Nations unies.
A savoir que le crédit carbone est généré par des activités qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre, cause majeure de la dégradation du climat. Dans cette catégorie, il y a par exemple la plantation d’arbres, la mise en place des aires protégées et la préservation des habitats naturels, la substitution des énergies fossiles par les énergies renouvelables, notamment le solaire.
Un crédit carbone équivaut à une tonne de dioxyde de carbone évitée ou éliminée. «La bonne nouvelle, c’est l’adoption à Bakou des critères de calcul du nombre de crédits qu’une activité ou un projet peuvent générer. De même, parmi les critères convenus, il y a lieu de citer les effets du carbone stocké et perdu», explique M. Grimes.
Autrement dit, ce sont des normes qui décideront comment un pays riche et pollueur peut compenser ses émissions en achetant des crédits à d’autres pays qui ont réduit leurs émissions des gaz à effet de serre au-delà de leur objectif annoncé dans leur CDN. «Le risque est que ces crédits se transforment en droit à émettre des gaz à effet de serre et donc en droit à continuer à dégrader davantage le climat au nom du pouvoir industriel et financier», craint le spécialiste.
A noter que le marché carbone s’est développé de manière anarchique sans aucune régulation internationale, notamment par les entreprises au nom de la neutralité carbone. «A cela s’ajoute le système de certification sur la neutralité carbone assurée par des organismes privés parfois sans scrupules et qui contribuent au 'maquillage' des résultats et induisent en erreur sur l’efficacité d’un tel dispositif», affirme M. Grimes, qui estime au passage qu’il reste un travail profond à réaliser par les négociateurs pour créer les conditions de la fiabilité et de l’intégrité du marché carbone, que certains spécialistes estiment à un potentiel de 250 milliards de dollars par an.