Consensus pour l’école

11/11/2023 mis à jour: 03:48
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Ce furent les derniers mots prononcés par le défunt Mohamed Boudiaf, avant son assassinant le 29 juin 1992 : «Par quoi nous ont-ils devancés ? Par la science...» Le début de son passage à la tête de l’Etat, tragiquement écourté, fut également marqué par une déclaration sans concession : «L’école est sinistrée !» 

Une sentence qui était destinée à jeter un éclairage, pour en tirer un enseignement, sur le cheminement infernal qui allait précipiter le pays dans la sinistre décennie noire. 

A l’heure où les incertitudes s’accumulent à l’horizon et la lutte pour la survie s’exacerbe à travers le monde, l’école paraît être la véritable bouée de sauvetage et le seul gage d’un destin émancipateur. L’investissement prioritaire pour sortir de l’ère paralysante de l’exploitation sans fin des richesses naturelles est de bâtir, enfin, celle du savoir, de l’innovation et de la compétitivité technologique. 

Cet immense challenge et ce défi lancinant qui incombent à l’institution éducative et à tout le pays ont toujours été intégrés par les autorités mais avec une mise en œuvre erratique, sans cesse entravée par des interférences extra-pédagogiques.

 La réhabilitation du rôle des professionnels et des experts dans les sciences de l’éducation et de l’apprentissage déterminera l’aboutissement de ce chantier véritablement en souffrance depuis des décennies, et réellement à l’origine de nombreuses dures épreuves vécues par le pays.

 La 42e session en cours de la Conférence générale de l’Unesco a été l’occasion pour le ministre de l’Education nationale de réitérer, mardi dernier, la volonté de l’Algérie de «consolider les expertises scientifiques et l’échange des expériences», et «l’intérêt accordé par l’Etat au développement des filières scientifiques et technologiques». L’interlocuteur du ministre de l’Education nationale était le représentant du pays qui envoya le premier homme dans l’espace en avril 1961. 

La conviction des responsables en charge du secteur doit, cependant, être portée et relayée par un consensus intra-muros, pour la prémunir des vents contraires dont on ne prend conscience de l’inspiration et des dégâts qu’à la survenue de crises profondes au sein de la société ou des institutions. L’APN est le centre par excellence du débat national et le lieu où se conçoivent les lignes directrices des réformes à venir.

 Celle de l’école n’est toujours pas évidente. Elle n’est pas aisée dans un contexte interne qui autorise les tirs de barrage et laisse se décliner des programmes et des projets qui n’ont pas favorisé jusque-là un essor global dans le pays. 

L’on reste interdit devant certaines interventions et «questions orales» dont on ne distingue pas la préoccupation sectorielle de la stratégie politique. La feuille de route du département de l’Education a été présentée, une nouvelle fois, devant les députés, le mois dernier, rappelant que «la révision des programmes scolaires est opérée selon un calendrier étudié par le ministère, afin d’être au diapason des développements scientifiques et technologiques accélérés». 

Explicitant ce que former veut dire, et en réponse à une certaine ritournelle, le premier responsable du secteur poursuivra que «le cycle secondaire assure aux élèves divers parcours scolaires permettant de se spécialiser progressivement dans les différentes filières, en fonction de leurs capacités et choix pour les études universitaires». 

En s’inscrivant en faux contre ce processus basique et élémentaire en matière d’éducation et de formation, et en plaçant l’idéologie avant la pédagogie, l’on ne fait que pousser à l’exil les meilleurs bacheliers et 
compromettre ainsi l’avenir du pays.

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