Conflit russo-occidental sur l’Ukraine : Kiev et Moscou annoncent une nouvelle session de négociations

28/03/2022 mis à jour: 07:56
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Nouveau round de négociations en Turquie à partir d'aujourd'hui / Photo : D. R.

Selon Kiev, le nouveau round des pourparlers débutera demain en Turquie. Moscou a annoncé aussi la tenue d’une nouvelle session de discussions, mais en disant qu’elles se dérouleraient demain et mercredi, sans préciser le lieu.

Des délégations russe et ukrainienne vont se retrouver à partir d'aujourd'hui en Turquie pour un nouveau round de négociations en présentiel, a annoncé hier un des négociateurs ukrainiens, David Arakhamia, selon des propos recueillis par l’AFP. «Lors de discussions aujourd'hui en visioconférence, il a été décidé de tenir le prochain round en présentiel en Turquie du 28 au 30 mars», a-t-il indiqué sur sa page Facebook.

De son côté, le négociateur en chef russe, Vladimir Medinski, cité par les agences russes, a annoncé aussi la tenue d’un nouveau round de pourparlers, mais en disant qu’ils se dérouleraient demain et mercredi, sans préciser le lieu.

Dans un message vidéo enregistré pour une émission destinée à lever des fonds en soutien à l’Ukraine, diffusée par la télévision polonaise TVP, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a répété qu’il exige «un cessez-le-feu» et «un retrait complet des troupes russes» du territoire ukrainien.

Une séance de négociations russo-ukrainiennes en présentiel a déjà eu lieu le 10 mars en Turquie, à Antalya, entre les ministres des Affaires étrangères, sans déboucher sur des avancées concrètes. «Le processus de négociation est très difficile», a déclaré vendredi le ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kouleba.

Il a nié tout «consensus» avec Moscou, alors que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a assuré un peu plus tôt que la Russie et l’Ukraine sont d’accord sur quatre points de négociation sur six. «Il n'y a pas de consensus avec la Russie sur les quatre points mentionnés par le président de la Turquie», a affirmé le chef de la diplomatie ukrainienne.

Vladimir Medinski a estimé le même jour que les pourparlers font du «surplace» sur les points importants. Il a ajouté que Moscou insiste sur la signature d’un «traité exhaustif» prenant en compte ses exigences de neutralité, démilitarisation et «dénazification» de l’Ukraine, ainsi que la reconnaissance de la souveraineté russe sur la Crimée et de l’indépendance des deux «républiques» séparatistes prorusses du Donbass (Lougansk et Donesk).

Syndrome coréen

Hier, le leader du territoire séparatiste de Lougansk, Léonid Passetchnik, dont Moscou a reconnu l’indépendance, a déclaré que cette «république» pourrait bientôt organiser un référendum pour rejoindre la Russie. «Je pense que dans un avenir proche, un référendum aura lieu sur le territoire de la république (autoproclamée de Lougansk, ndlr), au cours duquel le peuple exercera son droit constitutionnel absolu et exprimera son opinion sur l’adhésion à la Fédération de Russie», a-t-il affirmé, cité par les agences russes. «Je ne sais pas pourquoi, je suis sûr que cela sera le cas», a-t-il ajouté, sans donner de détails sur une date possible.

«Tous les faux référendums dans les territoires occupés temporairement sont nuls et non avenus et n’auront aucune légitimité», a réagi sur Twitter le porte-parole du ministère des Affaires étrangères ukrainien, Oleg Nikolenko. «Aucun pays au monde ne reconnaîtra la modification sous la contrainte des frontières de l'Ukraine, reconnues internationalement», a-t-il affirmé.

Et d’observer : «Au contraire, la Russie sera confrontée à une réponse encore plus ferme de la communauté internationale, ce qui intensifiera encore plus son isolement sur la scène mondiale.»

Pour sa part, le patron des renseignements militaires ukrainien, Kyrylo Boudanov, a estimé que la Russie pourrait vouloir instaurer une séparation à la coréenne en Ukraine. «Après avoir échoué à prendre Kiev et à renverser le gouvernement ukrainien, (le président russe Vladimir) Poutine change d’orientation opérationnelle», en se concentrant sur «le sud et l'est» du pays, a-t-il signifié sur Facebook.

«Il y a des raisons de croire qu’il pourrait imposer une ligne de séparation entre les régions occupées et non occupées de notre pays, une tentative de créer des Corées du Sud et du Nord en Ukraine», a-t-il noté. Pour K. Boudanov, les Russes «vont essayer d’instaurer une espèce d’Etat alternatif à l’Etat indépendant ukrainien. On voit qu’ils essaient de mettre en place des gouvernements locaux parallèles dans les zones occupées et d’obliger les gens à abandonner la monnaie ukrainienne».

Les républiques séparatistes prorusses de Donetsk et Lougansk, dont Moscou a reconnu l’indépendance, sont situées dans le bassin minier russophone du Donbass (est de l’Ukraine) et échappent depuis 2014 au contrôle de Kiev. Leur indépendance, proclamée à l’issue de référendums en mai de la même année, n’est pas reconnue par la communauté internationale.

Le 21 février dernier, le président russe, Vladimir Poutine, a reconnu leur indépendance et répondu à leur demande de mettre en place une «coopération en matière de défense». 

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