Commémoration de l’assassinat de Ali Mecili au siège du FFS : «Nous devons nous engager dans une œuvre de construction consensuelle»

07/04/2024 mis à jour: 01:20
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Photo : D. R.

La célébration de «La journée nationale du militant» initiée par le Front des Forces socialistes (FFS), en hommage à Ali Mecili assassiné le 7 avril 1985 à Paris, a donné lieu, vendredi, à une série d’activités.

Les membres de la direction, les militants et amis du parti s’étaient recueillis à la mémoire de Ali Andre Mecili, militant nationaliste et proche de Hocine Aït Ahmed. Une gerbe de fleurs a été déposée à la stèle commémorative érigée au siège national à l’effigie de l’homme.

Le FFS entend rester fidèle, selon son premier secrétaire Youcef Aouchiche, au combat de Mecili pour donner corps à cette conviction qui l’animait constamment, à savoir «rassembler les forces nationales, démocratiques et patriotiques». Dans son discours à l’ouverture de la manifestation, Youcef Aouchiche est revenu sur le parcours du militant.

Engagé très jeune dans la lutte de libération nationale, Ali Mecili a été de toutes les luttes pour les libertés démocratiques en Algérie.

Dirigeant de la première heure du FFS, aux côtés de Hocine Aït Ahmed, Ali Mecili s’est investi «avec une rare abnégation dans l’élargissement de la base sociale du parti, et plus largement dans l’édification d’un pôle d’opposition démocratique autonome», souligne M. Aouchiche.

«Le parcours de Ali Mecili doit nous interpeller tous d’autant qu’aujourd’hui, notre pays vit dans un contexte national, régional complexe et dangereux.

Il faut une mobilisation pour faire face aux défis extérieurs. Nous devons nous engager dans une œuvre de construction collective, solidaire et consensuelle et asseoir des mécanismes pour préserver le combat de nos aïeux», relève-t-il.

Abdelkader Kacher, dans sa conférence-débat sur «L’Etat de droit et la gouvernance», a rappelé que la première personnalité qui a écrit sur l’Etat de droit «implicitement pour certains, explicitement pour d’autres», c’est Hocine Aït Ahmed.

Il a soutenu, relève-t-il, une thèse de doctorat à l’université de Nancy en 1977 sur le thème justement de l’Etat de droit en Afrique. Le document a été publié deux ans plus tard sous l’intitulé : «L’Afro-fascisme» (L’Harmattan).

«Projet de société»

«C’est la conception avancée par feu Aït Ahmed pour découvrir ce que sont et ce que veulent faire les anciens colonisateurs de leurs anciennes colonies. Certains de ces Etats en Afrique sont des Etats inventés. (…)», relate Kacher.

Aït Ahmed, selon lui, voulait jeter les bases d’un Etat de droit et la manière de gouverner démocratiquement. «La création du FFS avait pour, entre autres objectifs, de dénoncer un état de fait d’un pouvoir personnalisé, privatisé qui a dévié les orientations des principes de Novembre 1954 et du 20 Août 1956», estime-t-il.

Sur la question de l’Etat de droit, Kacher estime «qu’un Etat de droit peut ne pas être un état démocratique. Un Etat démocratique implique un Etat de droit. Israël est un Etat de droit interne, il a ses lois, mais est-ce qu’il est démocratique ? Non», explique-t-il.

Le constitutionnaliste est catégorique : pour aller vers un Etat de droit légitime, il faut assumer les conséquences de ces actes. «Ceux qui proposent ou rejettent les lois sont normalement issus de la société, c’est la souveraineté populaire de la nation.

Si l’on veut un Etat de droit, il faut assumer ses responsabilités et non pas les endosser à autrui. Malheureusement en Algérie, nous ne sommes pas encore à ce stade de maturité et d’esprit de responsabilité et accepter par lâ même de nous soumettre à la règle de droit.»

Abordant le parcours de Ali Mecili, le conférencier explique qu’il était engagé pour l’indépendance, pour les droits de l’homme et pour un Etat de droit.

Il était «foncièrement attaché» à rapprocher les différents courants de l’opposition. Né à Koléa (Tipasa), il est assassiné, rappel Kacher, à Paris de trois balles dans la tête, à l’entrée de son immeuble, à 22h 35mn. «Ceux qui l’ont assassiné voulaient mettre un terme un a un projet de société», soutient le Pr Kacher. 

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