Chanteuse gabonaise Pamema Badjogo : Une égérie de la pop africaine à Oran

05/03/2024 mis à jour: 01:17
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 Quelle énergie chez la chanteuse gabonaise Pamela Badjogo !  Elle a charmé un public d’Oran venu la découvrir samedi à l’Institut  culturel français.  

 

C’est un concert événement dans la mesure où il ouvre non seulement sa tournée algérienne mais aussi mondiale à l’occasion de la sortie de son dernier album. Elle chante en français mais aussi dans deux langues de son pays, le nsebi et le bakanigui, celles de ses parents.

 Ses chants sont portés par une musique entraînante, reconnaissable à ses rythmes d’une richesse inouïe, mais aussi à ses sonorités  de guitare devenues presque une marque de fabrique pour l’ensemble du continent depuis que les pionniers avaient décidé de franchir le pas de la modernité.

 La chanteuse gabonaise baigne dans cet univers mais apporte aussi  sa propre touche, une nouvelle pierre à l’édifice en tant que digne représentante, elle aussi, de la nouvelle génération de la pop africaine. L’art bantou semble infuser en elle, car sur scène, elle joue tout aussi bien avec sa voix qu’avec son corps. 

 Ses danses parfois endiablées, et  que le public tente désespérément d’imiter,  traduisent bien  l’ambiance qu’elle a su insuffler durant cette soirée mémorable autant pour elle que pour ceux qui se sont déplacés, d’abord pour l’écouter, car elle a des choses à dire.  Elle chante l’amitié (dans mon agenda), l’amour, la fraternité, le besoin de faire la fête et même la colère, mais pas seulement. 

Entre deux performances, elle déclare publiquement qu’elle est féministe et elle le prouve en chanson : «Les femmes peuvent travailler dans les bureaux si elles le souhaitent, elles peuvent diriger si elles le souhaitent, elles peuvent travailler à la NASA si elles le souhaitent, etc. »  

Pour ce dernier cas, c’est sans doute une référence à la contribution des Afro-américaines, Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jacksn dans le programme spatial américain au temps de la ségrégation et auxquelles  le film Les figures de l’ombre, sorti en 2016 et porté notamment  par l’acteur Kevin Costner, rend hommage. 

 Elle s’érige contre le cliché des femmes en cuisine, mais tempère en disant qu’elles peuvent le faire si elles le souhaitent, «car nous avons tous nos mères, nos sœurs qui nous ont préparé des plats délicieux…», précise-t-elle affectueusement, mais avec détachement. Son destin est d’être artiste et elle le fait tellement bien en déployant tant d’énergie poussant ses musiciens à se surpasser. 

C’est la musique qui contribue le mieux à l’utopie d’unifier le continent et, par de là, le monde. Son bassiste est Malien, son batteur Ivoirien et son guitariste est Français ayant su adapter son jeu à la sauce africaine. La prestation de Pamela Badjogo est entrecoupée par des morceaux plus apaisés, notamment avec  Yieh (Qui suis-je ?) où elle montre une autre facette de son talent, des performances mélodiques et vocales dans un registre plus spatial. Un blues africain, existentiel où elle exprime les difficultés à «rester debout». 

Ce sont les rares moments où son guitariste s’essaye à des solos plus classiques. Elle-même prend parfois sa guitare (un branchement sans fil, pas au top, seul bémol) pour aligner quelques accords de base ou assurer la rythmique pour laisser exprimer son soliste. Un spectacle complet et avec peu de moments de répit et dont elle est sortie particulièrement satisfaite. 

«L’ambiance était incroyable car, franchement, je suis venue et je ne savais pas à quoi m’attendre, mais ce concert était juste magnifique,  c’est le premier de ma tournée, j’ai voulu essayer mon nouveau spectacle et c’est réussi», a déclaré la chanteuse gabonaise à l’issue du concert. 

Diplômée en microbiologie appliquée, elle explique qu’elle n’a pas de formation musicale, mais elle a quand même choisi cette voie et elle en est très ravie, notamment  de faire le tour du monde et d’être en ce moment en Algérie. Un pays avec lequel elle a une petite histoire car, explique-t-elle,  un de ses mentors était Rachid Taha : «Je  le connaissais car  nous l’avions invité au Mali quand j’étais là bas.» Avant de partir en France pour s’installer dans la ville de Lyon, Pamela Badjogo a vécu au Mali, et ses modèles sont la célèbre sud-africaine Myriam Makeba, artiste militante mais aussi, plus contemporaine, la Malienne Oumou Sangaré à qui elle a assuré des chœurs à ses débuts. 

Parlant de son style à elle, elle déclare : «J’utilise le style traditionnel gabonais que je marie avec la pop music et cela donne ce que vous venez d’écouter.» 

En parallèle avec sa carrière d’artiste, elle mène une vie de militante en faveur des droits des femmes en étant  membre de plusieurs collectifs, dont les Amazone africaines ou en  ayant elle-même cofondé d’autres, à l’instar de  Moussoya yé kobayé. De l’énergie à revendre et une promesse de revenir un jour.  
 

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