Changement climatique : Ouverture de la COP29 sans les plus grands pollueurs

13/11/2024 mis à jour: 13:04
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Conférence de la COP29, ouverte lundi à Bakou (Azerbaijan) - Photo : D. R.

Les plus grandes puissances étaient absentes à ce rendez-vous. Cette absence a suscité des interrogations sur leur volonté 
d’affronter leurs responsabilités en tant que principaux pollueurs.

La 29e Conférence des parties de l’ONU (COP29) s’est ouverte, lundi dernier, à Bakou en Azerbaidjan avec pour principal enjeu de trouver un compromis sur les montants d’aide financière à destination des pays les plus pauvres et vulnérables. Un peu moins de 100 chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus aujourd’hui au sommet.

Mais il y a moins de grands dirigeants qui ont décidé d’y participer, par rapport aux précédentes réunions tenues à Dubaï en 2023 ou à Glasgow en 2021. Seuls quelques dirigeants du G20 étaient présents. Les plus grandes puissances étaient absentes à ce rendez-vous. Cette absence a suscité des interrogations sur leur volonté d’affronter leurs responsabilités en tant que principaux pollueurs.

Aussi, la COP29 se tient six jours après la réélection de Donald Trump aux Etats-Unis, première puissance mondiale et deuxième pays émetteur de gaz à effet de serre. Beaucoup d’observateurs estiment que sous Trump, la question climatique ne sera plus un enjeu majeur. Pourtant, les Etats-Unis continuent d’exploiter leurs énergies fossiles pour maintenir leur hégémonie économique.

Bien que l’Afrique ne contribue qu’à 2 à 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, elle subit de manière disproportionnée les affres du changement climatique. Sécheresses, inondations, canicules et incendies ont atteint des proportions alarmantes, menaçant les moyens de subsistance et la stabilité économique de la région.

En somme, les pays les plus pauvres, bien que moins polluants, subissent les conséquences les plus sévères des changements climatiques. Cette conférence se tient également dans un contexte particulier caractérisé par les inondations records en Espagne, les violentes tempêtes en Floride et en Caroline du Nord et les incendies de forêt en Amérique du Sud.

Néanmoins, durant deux semaines que durera la COP29, les négociateurs vont devoir trouver un consensus. L’accord de Paris prévoit en effet que les Etats parties au traité, déterminent pour 2025 un nouveau montant, à partir du plancher de 100 milliards de dollars par an en vigueur, en principe, depuis 2020.

Le G20 émet 77% des gaz à effet de serre

Les négociations portent aussi sur les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre, toujours largement insuffisants. Ainsi, le bras de fer de cet COP est de négocier un nouveau chiffre d’aide financière annuelle pour les pays en développement, pour les aider à investir dans les énergies renouvelables et renforcer les économies face aux sécheresses et inondations du futur.

Le G20, rappelle le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans son intervention, rejette 77% des gaz à effet de serre de l’humanité. Aujourd’hui, a-t-il précisé, 10% de la finance climatique seulement va aux pays les plus pauvres du monde. «Les pays en développement ne peuvent pas repartir les mains vides.

Ces pays réclament le décuplement ou plus de l’aide, actuellement d’environ 116 milliards de dollars par an», a lancé M. Guterres. L’hôte de la Conférence, le président de l’Azerbaïdjan Ilham Aliev, a défendu dans son discours d’ouverture le droit des pays à exploiter leur pétrole. Les dirigeants des pays africains et du Pacifique, très représentés à la COP29, ont plaidé hier pour un accord financier historique sur l’aide des pays riches, mais la plupart des chefs d’Etat du G20 étaient absents au début des négociations climatiques les plus difficiles depuis l’accord de Paris en 2015.

L’un des rares présents est le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui a annoncé une réduction des émissions de gaz à effet de serre de son pays de -81% d’ici à 2035, par rapport à 1990. L’UE, de son côté, envisage de viser -90% d’ici à 2040. «Nous sommes ici pour montrer le leadership» de Londres dans la diplomatie climatique, a soutenu Keir Starmer, cité par l'AFP.

Des montants jugés irréalistes par des Occidentaux plutôt enclins à réduire leurs dépenses publiques après les déficits et l’inflation post-Covid. Emmerson Mnangagwa, président du Zimbabwe, a soutenu que son pays subit «l’une des pires sécheresses de son histoire». Plus virulent, le président des Maldives Mohamed Muizzu accuse : «Les flux d’argent financent sans peine les guerres, mais dès qu’il s’agit d’adaptation climatique, ils sont minutieusement examinés.»

Pour rappel, la Conférence de l’ONU se déroule dans un pays grand producteur de pétrole et de gaz. Le président de l’Azerbaïdjan a rappelé qu'«on ne doit pas reprocher aux pays ayant des ressources naturelles, pétrole, gaz, vent, solaire, or, argent, cuivre d’en avoir et de les fournir aux marchés, car les marchés en ont besoin. Les médias fake news des Etats-Unis, premier producteur mondial d’énergies fossiles, feraient mieux de se regarder dans le miroir», a-t-il lancé.

Par ailleurs, notons que le «fonds pour répondre aux pertes et dommages» climatiques des pays les plus vulnérables, créé à la COP28, est désormais quasi opérationnel et s’apprête à débloquer ses premiers fonds l’année prochaine. C’est ce qu’a déclaré son directeur exécutif, le Sénégalais Ibrahima Cheikh Diong, lors d’une signature de protocoles actant son lancement officiel.

«Ce démarrage montre que dans le grand bras de fer sur la finance climatique entre Nord et Sud, sujet central de la COP29, des choses avancent. Ce fonds a reçu jusqu’à présent 700 millions de dollars de promesses de dons de la part des pays riches (Allemagne, France, Emirats arabes unis, Danemark, etc.).

Mais ce montant «est loin de suffire pour compenser les maux infligés aux plus vulnérables», a déploré le secrétaire général de l’ONU, António Guterres. «700 millions de dollars correspondent à peu près aux revenus des dix joueurs de football les mieux payés au monde» mais même pas au quart des dommages causés au Vietnam par l’ouragan Yagi en septembre», a-t-il ajouté.

Les pays en développement, selon certaines estimations, auraient besoin de plus de 400 milliards de dollars par an pour se reconstruire après des catastrophes climatiques. Une étude a chiffré la facture mondiale entre 290 et 580 milliards de dollars par an d’ici à 2030, et plus encore. 
 

   
 


 

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