C’est l’une des associations les plus anciennes à Oran qui contribue toujours à la préservation de cette musique traditionnelle dite andalouse mais pratiquée uniquement dans le Maghreb, essentiellement en Algérie et au Maroc.
Justement, c’est sans doute dans cette perspective que 4 autres ensembles issus d’autres villes du pays ont été invités à se produire localement durant ces trois jours de fête. La cérémonie d’ouverture de ce mini-festival a donné lieu à des hommages rendus à plusieurs artistes, dont Mokhtar Allel, actuel chef d’orchestre d’Ennahdha qui a été agréablement surpris par ce clin d’œil à sa carrière en tant que transmetteur de ce patrimoine. «Je ne m’y attendais pas du tout, mais je suis très touché et cela m’a fais énormément plaisir d’avoir la reconnaissance des gestionnaires de la culture à Oran», a indiqué le musicien en marge de la célébration.
Pour lui, une célébration de cette manière de cet anniversaire c’est aussi une façon explicite d’honorer la mémoire de son ancien mentor. «C’est mon maître, celui qui m’a tout appris», reconnaît affectueusement celui qui dirige cet ensemble depuis le début des années 1980. Un long chemin ponctué par des moments forts comme le prouvent les prix décrochés lors de festivals nationaux. C’est l’ensemble de Mostaganem qui a ouvert cette manifestation devant durer trois jours mais qui était programmée depuis plus sieurs mois déjà.
Dans le même lieu et depuis dimanche dernier se déroulait encore, jusqu’à la veille, le Festival de la chanson oranaise. Si la clôture, jeudi, de ce dernier a eu lieu au palais de la culture, situé plus loin sur la place Karguentah, c’est que l’ONCI qui gère la salle Maghreb n’a pas eu le choix. En effet, le Festival de la chanson oranaise devait au départ s’étaler sur uniquement trois jours, et ce n’est qu’à la dernière minute que le ministère de la Culture a ordonné, en donnant les moyens, sa prolongation sur 5 jours.
Un chevauchement imprévu pour la soirée de jeudi, et c’est ce qui explique le déplacement vers le palais de la culture. La salle de spectacle de cet édifice est certes moins grande mais plus belle car l’édifice a été entièrement rénové il n’y a pas si longtemps. La soirée a été autant accrocheuse avec en prime une ambiance plus intimiste, la scène n’étant pas très surélevée comme au Maghreb. Les derniers chanteurs au programme du festival se sont donc succédé face au public, à l’instar de Mohamed Ferrani qui a opté pour le registre de la nostalgie dans l’exil avec Twahacht lahbab. Son successeur sur scène revient sur la thématique de sa ville avec Wahran ya zinet el Bouldane.
Présenté comme un vrai poète ne chantant que ses propres textes, Houari Bachir est apparu comme sortant un peu du lot en interprétant Matlouminiche wella bkit (Ne m’en veux pas si j’ai pleuré). Déjà invité sur un plateau de télévision, il avait effectivement, il n’y a pas très longtemps, déclaré : «Je n’ai chanté que ce que j’ai écris moi-même mais je peux faire des exceptions, quand cela me conviens, pour ce qu’ont écrit les poètes du melhoun avant moi et qui sont, pour être franc, bien au-dessus de mon niveau», expliquait-il évoquant pour toute la région ouest du pays, El Khaldi, Benguenoun, Benmsayeb, Mostefa Benbrahim, Boutaiba Saidi, etc.
Pour lui, à juste titre, «notre patrimoine est immense et d’une finesse inouïe mais malheureusement, déplore-t-il, nous n’avons pas su comment l’exploiter». Il n’a pas pu s’empêcher lui aussi de revenir à la thématique «wahran» avec la déclamation dans le registre du «melhoun» d’un passage poétique où il s’interroge : Ya wahran win mwalik (Oran ! Où sont les tiens) ? Il y en avait en tout cas pas mal dans la salle pour écouter d’autres artistes hommes et femmes à l’instar de Aya Baghdadi qui a interprété Mazalni maak (je suis toujours avec toi).
Ce ne sont qu’un échantillon des innombrables interprètes, paroliers ou pas, compositeurs ou pas, qui ont animé la dernière soirée de cette 15e édition d’un festival qui a grandement contribué à redonner vie au genre «wahrani».
Oran
De notre bureau Djamel Benachour