«Canary Mission» cible tous les opposants à la politique sioniste aux USA : Comment Israël terrorise les soutiens de la Palestine

07/01/2024 mis à jour: 00:08
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Photo : D. R.

Fonctionnant à la manière des «mouches électroniques», cette autre arme entre les mains de l’Etat hébreu est lancée systématiquement à l’assaut de tous ceux qui osent émettre une critique à l’égard de la barbarie israélienne aux Etats-Unis et ailleurs.

Calomnie, montage de dossiers et révélation d’informations privées de personnes sur le Net… C’est aussi une arme de guerre de l’occupant israélien, utilisée pour faire taire toute critique de la politique sioniste en Palestine occupée. Pour ce faire, un site internet, baptisé «Canary Mission», est créé.

Fonctionnant à la manière des «mouches électroniques», cette arme est lancée systématiquement à l’assaut de tous ceux qui osent émettre une critique à l’égard de la barbarie israélienne aux Etats-Unis et ailleurs.

Créé depuis 2014, ce site, comme l’ont souligné des médias américains et israéliens, cible plus particulièrement la communauté universitaire. Son modus operandi est la collecte des informations sur les étudiants et les professeurs qui soutiennent la cause palestinienne, dans l’objectif de les dénigrer et de compromettre leurs carrières professionnelles.

Selon l’agence turque Anadolu, Canary Mission travaille «pour le compte des services de renseignement d’Israël et s’attaque à ceux qui critiquent les pratiques israéliennes envers les Palestiniens, y compris les juifs».

Ainsi, ce site met sur «liste noire les noms des étudiants, professeurs ou toute autre personne en désaccord avec Israël ou qui soutient les Palestiniens, et publie leurs données personnelles en ligne sans autorisation». «Il se charge de compiler des dossiers sur les personnes ou les groupes qui incitent à la haine envers les Etats-Unis, Israël et les juifs, ou cherchent à provoquer la haine dans les couloirs de la vie politique nord-américaine, parmi lesquels les militants anti-israéliens de droite et d’extrême gauche», explique la même source.

Sur la liste publiée sur le site, ajoute la même source, figurent également des organisations étudiantes actives dans des universités américaines, ainsi que de nombreuses institutions, telles que le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) et la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera. En plus des étudiants et des professeurs, la cible de ce site énigmatique est les immigrants musulmans, arabes et multiethniques aux Etats-Unis.

Financement occulte

Outre les informations publiques des personnes ciblées, le site parvient, on ne sait par quel moyen, à révéler leurs données privées. Cela s’est produit avec l’étudiante d’origine juive de l’Université Stanford, Esther Tsvayg, dont des photos d’elle lorsqu’elle était enfant ont été publiées. «Google a décidé que Canary Mission était la source la plus fiable concernant mon identité.

Et c’est ce qui se produit lorsque nous nous appuyons sur des algorithmes pour révéler la vérité», dénonce l’étudiante sur le réseau X. Zoe Jasper, une autre étudiante juive à l’Oberlin College (Etat de l’Ohio) et membre de l’organisation Jewish Voice for Peace (organisation militante juive de gauche antisioniste qui soutient la campagne de boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël, ndlr), a fait part de son inquiétude lorsqu’elle a vu son profil partagé sur le site internet Canary Mission.

Le 10 octobre 2023, des groupes étudiants de l’Université Harvard se ont réunis après les attaques israéliennes sur la Bande de Ghaza et ont publié une lettre ouverte dans le journal étudiant Harvard Crimson, appelant à une prise de position contre le «génocide» ciblant les Palestiniens.

Quelques jours plus tard, Canary Mission a préparé des dossiers sur les membres du comité de rédaction de Harvard Crimson, les dirigeants du Comité de solidarité avec la Palestine de l’Université Harvard et les autres clubs universitaires qui ont signé la lettre. Les données ont été publiées sous le titre de «Les étudiants de Harvard soutiennent le terrorisme».

Qui est derrière la création de ce site ? D’où viennent ses financements ? Une véritable énigme. Dans un article datant du 22 décembre dernier, le journaliste américain James Bamford souligne le caractère énigmatique de Canary Mission.

Dans son texte publié dans l’hebdomadaire américain The Nation, il affirme que, comme toutes les activités d’espionnage israéliennes aux Etats-Unis, «les liens du site avec les services de renseignement israéliens et les bailleurs de fonds américains sont totalement secrets».

Pour sa part, le quotidien israélien Haaretz a révélé, dans un article publié en 2018, que des sommes d’argent avait été transférées à Canary Mission via une organisation israélienne appelée Megamot Shalom, qui ne dispose pas de site internet ni de porte-parole officiel.

Haaretz avait révélé aussi que l’organisation Megamot Shalom, responsable du financement du site, est dirigée par un certain Jonathan Bash, qui réside à Jérusalem et possède une société appelée Royal Research, spécialisé dans le domaine de la recherche et collecte de données.

Né aux Etats-Unis, Bash, rappelle le même quotidien avait travaillé avec le rabbin d’extrême droite Ben Packer, qui est l’un des partenaires de l’organisation Megamot Shalom.

Toujours concernant le financement de ce site, l’hebdomadaire The Forward, un journal juif américain, avait révélé également en octobre 2018 que la Fondation de la famille Helen Diller, gérée par la Fédération de la communauté juive de San Francisco, avait fait don de 100 000 dollars au site internet Canary Mission via Megamot Shalom.
 

 

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