Blinken poursuit sa tournée sur la côte ouest du continent : Washington «met le paquet» sur l’Afrique

24/01/2024 mis à jour: 03:12
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Photo : D. R.

Washington est déterminé à renforcer ses relations avec les pays africains. C’est le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, qui l’affirme. En tournée depuis lundi sur la côte ouest du continent, il assure que «les Etats-Unis sont résolus à approfondir, renforcer et élargir les partenariats à travers l’Afrique».

«Notre avenir est lié, notre prospérité est liée et les voix venues d’Afrique modèlent, animent et mènent de plus en plus le débat dans le monde», déclare-t-il à son arrivée, lundi, au Cap-Vert, première étape de son périple africain.

Blinken, qui est à sa deuxième tournée en Afrique en moins d’une année et la quatrième depuis qu’il a pris la tête du Département d’Etat en 2020, affiche ainsi la volonté des Etats-Unis de consolider leur position de grande puissance dans un continent  marqué à la fois par l’accroissement de l’influence chinoise et russe et le recul de celle des anciennes puissances coloniales, telles que la France et la Grande-Bretagne.

Pour mieux faire passer le message, le secrétaire d’Etat américain a repris les mêmes mots du président Joe Biden en disant que «nous mettons le paquet sur l’Afrique». Une démarche qui correspond à l’esprit du slogan «America is back (l’Amérique est de retour)» cher à Biden.

Il faut dire que depuis de longtemps, Washington observe avec méfiance l’ascension chinoise en Afrique et le regain au cours de ces dernières années de l’influence russe sur le continent noir. Cela n’a fait qu’augmenter les inquiétudes des Etats-Unis qui sont aujourd’hui à la recherche d’une position dominante, au moment où leurs rivalités s’accentuent avec l’ex-empire soviétique mais aussi avec la Chine qui ambitionne de jouer les premiers rôles au niveau mondial.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la tournée du secrétaire d’Etat américain intervient quelques jours seulement après celle effectuée par son homologue chinois, Wang Yi, qui s’est rendu en Egypte, en Tunisie, en Côte d’Ivoire et au Togo. Même le choix de la Côte d’Ivoire comme la principale escale de la nouvelle tournée africaine de Blinken n’est pas fortuit. Ce pays dispose de frontières avec à la fois le Mali et le Burkina Faso, deux pays qui se sont beaucoup rapprochés de la Russie.

Nouveau format de coopération

Le masterplan américain pour son grand retour en Afrique est ainsi axé sur les questions relatives à la paix et la sécurité. La Côte d’Ivoire semble avoir été choisie comme la locomotive de ce nouveau format de coopération américano-africaine.

D’ailleurs, ce pays de l’Afrique de l’Ouest est cité par le secrétaire d’Etat américain comme un exemple à suivre en matière de lutte contre les groupes terroristes et d’instauration de la paix et de la sécurité dans la région.

«Je dois applaudir l’approche de la Côte d’Ivoire : travailler avec les communautés, les écouter, s’assurer que les forces de sécurité comprennent  leurs besoins, leurs inquiétudes», affirme Blinken lors d’une conférence de presse tenue hier aux côtés du président Alassane Ouattara, à Abidjan. «Je pense que cela peut servir de modèle très fort pour les autres pays», poursuit-il.

Le chef de la diplomatie américaine annonce dans ce sillage une rallonge budgétaire de 45 millions de dollars qui s’ajoutera à un programme de 300 millions de dollars visant à aider les pays ouest-africains à lutter contre l’insécurité.

Cela en plus du renforcement de la formation des troupes ivoiriennes pour être au mieux de leurs capacités dans la lutte contre les groupes terroristes qui infestent le Sahel. C’est sous la même bannière que s’annonce la prochaine étape de la tournée Blinken au Nigeria. «Le choix du Nigeria est lié au fait qu’il est confronté à  de nombreux défis en matière de sécurité intérieure», affirme Molly Phee, secrétaire d’Etat adjointe aux Affaires africaines, citée par l’AFP.

Aussi, l’Angola qui constitue la dernière étape de la tournée de Blinken est un pays important pour les Etats- Unis en raison, notamment, du rôle déterminent qu’il a joué dans la résolution et la réduction des tensions dans l’est du Congo, estime la même responsable américaine.

L’objectif premier de cette tournée est donc de renforcer la politique sécuritaire américaine en Afrique de l’Ouest afin de ne pas laisser le champ libre aux Russes et aux Chinois. Pékin, qui a déjà une base militaire à Djibouti, un pays de la Corne de l’Afrique qui donne sur la mer Rouge, serait tenté d’installer une base militaire navale permanente en Guinée équatoriale.

Il s’agit donc pour les Américains de devancer les Chinois en cherchant un pied-à-terre sur la côte occidentale du continent. Les Etats-Unis disposent depuis 2003 d’une base militaire à Djibouti. Selon un responsable du Pentagone cité par le magazine Le Point, cette base compte un effectif de 3200 entre militaires et civils américains. L’armée américaine dispose également d’une base militaire de drones au Niger depuis 2016.

Mais après le coup d’Etat contre le président Mohamed Bazoum en juillet 2023 et le changement de régime qui a contraint la France à retirer ses troupes de ce pays, les Américains envisagent de déplacer leur base militaire dans un autre pays plus stable. Un pays de l’Afrique de l’Ouest pourrait l’accueillir.

Selon le journal Wall Street, Washington serait en négociations préliminaires pour le positionnement de  drones de reconnaissance non armés sur des bases aériennes au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Bénin, afin de répondre en urgence à la menace terroriste en provenance du Mali, du Burkina Faso et du Niger. En plus du volet sécuritaire, les Etats-Unis cherchent également à renforcer leur présence économique en Afrique.

C’est d’ailleurs dans ce but que le président Biden avait tenu, du 13 au 15 décembre 2022, un sommet Afrique–Etats-Unis à Washington, en accueillant 49 dirigeants africains. Dans son discours, le président américain avait appelé à «davantage de coopération d’égal à égal entre les nations pour une Afrique intégrée, prospère et paisible». Plus de 15 milliards de dollars de nouveaux partenariats commerciaux et d’investissement avaient été annoncés lors de ce sommet. 

 

 

 


 

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