Le PDG d’AEC, filiale de Sonatrach, Lahcène Bada, revient dans cet entretien sur le très ambitieux programme de dessalement lancé par l’Algérie. «Ce programme permet de passer de 18 à 42% de la participation du dessalement de l’eau de mer dans l’alimentation en eau potable à partir de fin février 2025, ce qui aura comme impact positif de réduire le stress hydrique persistant dans le pays», soutient-il.
- Cinq stations de dessalement de l’eau de mer (SDEM) dans cinq wilayas côtières (Oran, Tipasa, Boumerdès, Béjaïa et El Tarf) sont actuellement en cours de réalisation. Elles s’ajouteront aux 13 autres stations supervisées par votre société. Pourriez-vous nous parler du programme urgent lancé fin 2021 ?
Vous devez savoir que selon les derniers rapports des Nations unies qui prévoient une baisse du taux de pluviométrie de 20% attendue d’ici 2050 en Afrique du Nord et au Sahel, ceci a conduit les autorités algériennes à mettre en place une stratégie de prospective permettant de faire face au stress hydrique qui s’accentue de plus en plus dans la région, en plus des changements climatiques que connaît notre pays. Faut-il rappeler aussi que la croissance démographique notable, l’élargissement urbain et les ambitions économiques du pays viennent s’ajouter à cette contrainte. Ce qui a donné lieu au lancement des différents programmes audacieux de dessalement basés sur la production d’eau potable non conventionnelle.
Sonatrach, entreprise efficiente de l’Etat, a lancé via sa filiale AEC, en sus des deux programmes déjà réalisés et qui contribuent en exploitation, un méga-programme qui inclut 5 usines de dessalement réparties sur cinq wilayas du pays : El Tarf, Béjaïa, Boumerdès, Tipasa et Oran, dont les délais de réalisation sont considérés historiques (record). De plus, ce sont des sociétés algériennes qui ont pris en charge la réalisation desdites usines. Il s’agit de 4 filiales de Sonatrach (ENGTP, ENGCB, ENAC et Sarpi) et Cosider Canalisation.
Un programme d’un montant d’investissement qui s’élève à 2,4 milliards de dollars, sans compter les investissements consacrés pour le réseau aval et les infrastructures de stockage et de pompage.
Ce programme témoigne de l’engagement du groupe Sonatrach, sous la direction de son PDG, Rachid Hachichi, à assurer la sécurité hydrique du pays, en s’appuyant également sur un capital humain algérien qui a fait ses preuves et réussi le transfert du savoir-faire dans l’industrie du dessalement d’eau de mer.
- Quel est le taux d’avancement de ces projets ?
Nous arrivons à la phase finale de la réalisation de ces projets qui est le montage d’équipements et les essais de pré-commissioning et de commissioning, ce qui nous garantira le bon fonctionnement des usines de dessalement d’eau de mer pour les 25 ans à venir. Pour ce programme, il sera opérationnel la fin du mois de février 2025 .
- Justement, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé la mise en service de ces stations avant le prochain mois de Ramadhan (2025). Ces SDEM devront répondre à la demande en eau potable, notamment au niveau des wilayas côtières. Peut-on avoir plus de détails ?
Le dessalement d’eau de mer, après avoir joué le rôle de régulateur et compensateur périodique permettant de combler le manque en eau potable en période de sécheresse, devient aujourd’hui un acteur majeur et principal dans la sécurité hydrique du pays, notamment avec le lancement du «programme complémentaire n°1» qui, comme cité supra, consiste en la construction de 5 méga-usines d’une capacité de 300 000 m3/j chacune, soit 1,5 million de mètres cubes/jour, permettant de sécuriser 15 millions d’habitants.
Ce programme permet de passer de 18 à 42% de la participation du dessalement de l’eau de mer dans l’alimentation en eau potable à partir de fin février 2025, ce qui aura comme impact positif de réduire le stress hydrique persistant dans le pays.
- Des transferts d’eau à partir de ces stations sont prévus vers des wilayas de l’intérieur. Qu’en est-il ?
Pour cette question, nous vous informons que AEC filiale de Sonatrach n’est que le producteur d’eau à partir du dessalement d’eau de mer, et c’est là où s’arrête notre responsabilité. Pour la distribution et le réseau aval, il faudra se diriger vers le ministère de l’Hydraulique ou bien notre client direct l’ADE.
- Les parties engagées dans les chantiers (filiales de Sonatrach, Sonelgaz, collectivités locales…) ont-elles répondu dans les délais à vos demandes (énergie, raccordement, assiettes, etc.) ?
Sonatrach, outil efficient de l’Etat, a lancé via sa filiale AEC, en sus des deux programmes déjà réalisés et qui contribuent en exploitation, un méga-programme qui inclut cinq (5) usines de dessalement réparties sur ls cinq wilayas du pays : El Tarf, Béjaia, Boumerdès, Tipaza et Oran, dont les délais de réalisation sont considérés historiques (record) de plus, les sociétés algériennes qui ont pris en charge la réalisation desdites usines, il s’agit des 4 filiales de Sonatrach citées plus haut et Cosider Canalisation.
Depuis 20 ans, l’AEC, filiale du groupe Sonatrach, a accumulé une expertise de pointe dans l’industrie du dessalement d’eau de mer, en commençant par la promotion des projets, la maîtrise d’œuvres, la modélisation économique et financière des projets, la réalisation et l’exploitation de usines. AEC Spa a également maîtrisé toutes les étapes du processus de développement des projets à partir de la prise de décision, l’élaboration des cahiers des charges, la passation des contrats, les études préliminaires, l’exploitation et la maintenance.
- Votre société a-t-elle fait face à l’indisponibilité des équipements à l’international ?
Faut-il rappeler que AEC SPA exige aux sociétés de réalisation d’utiliser prioritairement la production nationale en termes d’équipements, pièces de rechange, produits chimiques, matériels et matériaux ainsi que tous les intrants de l’industrie de dessalement d’eau de mer.
Néanmoins, pour les équipements spécifiques qui sont destinés principalement à l’industrie de dessalement, AEC SPA, à l’instar des autres promoteurs de projets, s’oriente vers les grandes sociétés internationales spécialisées en la matière pour se procurer lesdits équipements. Pour cela, les équipements spécifiques comme les pompes haute pression, les boosters, les systèmes de récupération d’énergie, les sous-stations électriques (postes blindés GIS), membranes, etc. sont importés des différents pays du monde entre autres l’Amérique, le Japon, l’Europe, la Chine, etc.
Et suite au conflit russo-ukrainien, le transport maritime a été perturbé et même déstabilisé. A cet effet, le groupe Sonatrach a pris l’initiative de créer un pont aérien composé de 288 vols permettant d’importer les équipements des pays de fabrication vers l’Algérie dans des délais très courts, afin de s’inscrire dans les délais impartis aux projets.
- Les stations gérées par AEC sont friandes en énergie (gaz). Comment comptez-vous faire face à cette problématique lorsque l’on sait que vous avez mené des études pour l’utilisation de panneaux photovoltaïques ?
AEC SPA a lancé une réflexion pour intégrer des énergies renouvelables dans l’industrie de dessalement d’eau de mer via la réalisation de fermes photovoltaïques dédiées à l’alimentation des futures usines de dessalement à hauteur de 30 à 40%, ce qui permettra de réduire le prix de cession d’eau et par conséquent la subvention de l’Etat algérien dans ce domaine.
- - Vous avez annoncé avoir engagé des pourparlers avec des compagnies étrangères spécialisées dans le dessalement de l’eau de mer en vue de produire localement des équipements destinés aux SDEM. Qu’en est-il ?
Oui, les discussions sont en cours avec les détenteurs de technologies de fabrication des membranes RO et des consommables de filtration comme première étape.