Assises nationales de l’industrie cinématographique : Les appréhensions des cinéastes

30/04/2023 mis à jour: 03:30
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Début, hier au CIC, des travaux des assises nationales du cinéma en présence de nombreux acteurs du secteur - Photo : D. R.

La ministre de la Culture, Soraya Mouloudji, s’est dite à l’écoute des représentants du 7e art, affirmant, dans son allocution d’ouverture, avoir entendu les craintes exprimées par ces derniers.

C’est une bataille politique, économique, culturelle et identitaire que comptent mener les producteurs et les réalisateurs algériens. Aussi, les assises nationales du cinéma qui ont débuté hier au Centre international des conférences (CIC) devaient être l’occasion pour eux d’exprimer les appréhensions suscitées par le projet de loi relatif à l’Industrie cinématographique présenté aux acteurs du secteur lors des consultations régionales pour son enrichissement.

La ministre de la Culture, Soraya Mouloudji, s’est dite à l’écoute des représentants du 7e art, affirmant, dans son allocution d’ouverture, avoir entendu les craintes exprimées par ces derniers.

Le spécialiste du cinéma Ahmed Béjaoui a ainsi glissé un mot sur l’aspect «punitif» de ce projet de loi dénoncé par les acteurs du cinéma, estimant que le 7e art se nourrit de liberté, et appelant à faire la part belle aux jeunes cinéastes. Il a aussi énuméré une série de propositions afin de faire en sorte que les films algériens rencontrent leur public.

La ministre de la Culture a annoncé un allégement de la procédure de dépôt des dossiers auprès de la Commission de lecture dépendant du ministère de tutelle (après la suppression du Fdatic), à savoir la révision à la hausse de l’apport public à la création cinématographique (de 40 à 21%), ainsi que l’allégement de certains écueils bureaucratiques.

Les producteurs ayant bénéficié d’un soutien financier de l’Etat pendant deux années consécutives (et non pas cinq années) en seront exclus pendant une année. Mais le fait est que le projet de loi relatif à l’industrie cinématographique est jugé  «répressif» et «liberticide» par certains réalisateurs et producteurs qui craignent une mise à mort du cinéma algérien.

«Inspecteurs du cinéma»

Il est à souligner à ce propos que le texte de loi comporte des mesures de censure et des sanctions pénales allant jusqu’à trois ans d’emprisonnement et d’une amende de cinq millions de dinars. Il multiplie également les interférences, introduisant l’obligation de la soumission des œuvres cinématographiques à l’approbation des ministères des Affaires religieuses et des Moudjahidine.

«La production, la distribution et l’exploitation des films cinématographiques se rapportant aux thèmes religieux, aux événements politiques, aux personnalités nationales et aux symboles de l’Etat sont soumis à l’avis consultatif des institutions concernées», peut-on y lire. L’article 62 dudit projet donne les pleins pouvoirs à la police judiciaire d’intervenir en cas d’infractions à travers, notamment, des «inspecteurs du cinéma».

«A l’effet de veiller sur le respect des dispositions du présent projet de loi, il est dévolu aux contrôleurs et aux inspecteurs du cinéma la mission de contrôle du respect des dispositions édictées dans le présent projet de texte et celle du cahier des charges relatives à l’exploitation cinématographique en leur confiant le droit de constater toute infraction et d’en dresser des procès-verbaux», y est-il noté.

L’article 70 donne plus de détails à ce propos : «Sans préjudice des sanctions plus graves prévues par la législation en vigueur, est puni d’un emprisonnement d’un an à trois ans et d’une amende d’un million (1 000 000 DA) à deux millions de dinars (2 000 000 DA), quiconque, en violation de l’article 4 de la présente loi, finance ou effectue des prises de vue ou produit ou distribue ou exploite des films cinématographiques contraires aux principes édictés par la Constitution ou aux lois de la République ou touchant à la dignité des personnes ou contraire aux intérêts supérieurs de la nation et aux valeurs et constantes nationales.»

Les faiseurs de cinéma s’étonnent notamment du flou qui entoure plusieurs articles de loi, qui peuvent ainsi être appliqués et interprétés de différentes façons, ne sachant pas s’ils doivent espérer un renouveau du cinéma ou craindre le pire. 

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