Assassinat de trois civils par l’armée marocaine : Alger condamne «le terrorisme d’Etat» du Maroc

14/04/2022 mis à jour: 01:41
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L’assassinat de trois civils commis par l’armée marocaine est, selon les termes choisis par le ministère des Affaires étrangères, un «terrorisme d’Etat». L’acte d’agression constitue un risque sérieux d’escalade dans la crise profonde qui oppose Alger à Rabat.

L’Algérie a condamné «énergiquement les assassinats ciblés commis au moyen d’armes de guerre sophistiquées par le royaume du Maroc, en dehors de ses frontières internationalement reconnues, contre des civils innocents, ressortissants de trois pays de la région», selon le communiqué publié hier par le ministère des Affaires étrangères.

«Ces pratiques belliqueuses s’apparentent à des actes répétitifs de terrorisme d’Etat et prennent les caractéristiques d’exécutions extrajudiciaires passibles de poursuites devant les organes compétents du système des Nations unies. Cet acharnement contre des civils à travers des homicides intentionnels et prémédités constitue une violation systémique grave du droit humanitaire international qui doit être vigoureusement dénoncée et résolument dissuadée», ajoute le ministère. Le communiqué relève que «cette fuite en avant de la puissance occupante marocaine constitue un défi persistant à la légalité internationale et expose la région à des développements particulièrement dangereux».

La même source fait observer que l’«aventurisme que portent les visées expansionnistes» du royaume du Maroc doit interpeller le Conseil de sécurité des Nations unies ainsi que l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, «dont la mission et les efforts d’apaisement se trouvent sérieusement hypothéqués par ces atteintes graves et répétées à la sécurité dans les territoires sahraouis occupés et leur voisinage immédiat, avec des risques sérieux de dérives régionales potentiellement périlleuses».

Le fait est que cet assassinat entre dans le cadre de « l’acte d’agression» au sens de l’article 8 du Statut de Rome. Le Maroc n’en est pas à son premier forfait. Le 1er novembre dernier, deux camions de commerce algériens de retour de Mauritanie, entre Ouargla et Zouérat (Mauritanie), ont été bombardés, faisant trois victimes civiles algériennes, à quelques encablures de la ville de Bir Lahlou, proche de la frontière mauritano-sahraouie. «Leur assassinat ne restera pas impuni», avait alors promis la Présidence algérienne dans son communiqué. 

Selon le site algérien spécialisé dans les questions sécuritaires, MenaDefense, des camionneurs algériens ont été la cible de bombardements marocains dimanche dernier au nord de la Mauritanie. «Cette attaque qui n’a pas fait de victimes est la troisième du genre dans cette région depuis le 1er novembre dernier quand l’armée marocaine avait bombardé un convoi de routiers, tuant trois personnes», a-t-on précisé.

Le trafic dans cette région – au nord de la Mauritanie – s’est fait plus intense ces dernières années depuis l’ouverture, en 2018, d’un nouveau poste frontalier entre l’Algérie et la Mauritanie dénommé «Chahid Mustapha Benboulaïd». Les agressions marocaines posent ainsi pour les routiers algériens la question de la sécurité, sapant ainsi les efforts visant à intensifier les relations économiques entre Alger et Nouakchott.

Plusieurs éléments ont envenimé les relations entre l’Algérie et le Maroc et menant à la rupture des relations diplomatiques : la non-résolution du conflit du Sahara occidental, le scandale de l’affaire Pegasus, les démarches marocaines autour du soutien à «l’indépendance du peuple kabyle», ainsi que la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël.

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