Après des tentatives de mettre sur un pied d’égalité le bourreau et ses victimes : L’ONU exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat

14/12/2023 mis à jour: 21:03
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Photo : D. R.

Lors d’une session extraordinaire d’urgence, l’Assemblée générale de l’Onu a voté, à plus des deux tiers des voix, pour «un cessez-le-feu humanitaire immédiat», «la libération inconditionnelle des otages» et la garantie d’«un accès humanitaire».

Une résolution appelant à «un cessez-le-feu immédiat, la libération inconditionnelle des otages et l’assurance d’un accès humanitaire» a été votée tard dans la journée de mardi dernier, par la majorité des membres de l’Assemblée générale de l’Onu, lors d’une réunion extraordinaire, tenue à la demande de l’Egypte et de la Mauritanie, au nom de l’Oci (Organisation de la coopération islamique).

Ainsi, sur les 193 membres de l’Onu, 153, soit plus des deux tiers, ont voté pour le contenu de cette résolution, contre 20. Il s’agit des Etats-Unis, d’Israël, de l’Autriche, du Guatemala, du Libéria, de la Tchéquie, de la Micronésie, de Nauru, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et du Paraguay. Parmi les 23 pays qui se sont abstenus, figurent l’Argentine, la Bulgarie, le Cap-Vert, le Cameroun, le Malawi, le Sud-Soudan, le Togo, mais aussi l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni, la Géorgie, la Hongrie, la Roumanie, l’Ukraine et la Slovénie.

En plus du cessez-le feu immédiat, la libération immédiate de tous les otages et de la garantie d’un accès humanitaire, la résolution porte également sur l’exigence faite «à toutes les parties de respecter leurs obligations en vertu du droit international, y compris le droit international humanitaire, notamment en ce qui concerne la protection des civils».

Cette réunion d’urgence est intervenue quatre jours après celle du Conseil de sécurité de l’Onu, convoquée à la suite de l’activation, par le secrétaire général António Guterres, de l’article 99 de la Charte de l’organisation onusienne, qui lui donne le droit d’appeler l’organe de préservation de la paix et de la sécurité dans le monde, «à mettre fin» aux raids génocidaires de l’armée d’occupation contre la population de Ghaza.

Présenté par les Emirats arabes unis, le projet de résolution avait obtenu 13 voix sur 15, et une seule contre, celle des USA, qui a suffi pour faire rejeter le texte, qui appelait à un cessez-le-feu humanitaire. Mardi dernier, deux propositions d’amendement au texte de la résolution ont été soumises à l’Assemblée générale, avant d’être rejetées lors de deux séances de votes séparées, faute d’atteindre le quorum des deux tiers des votants en leur faveur.

La première a été présentée par l’Autriche. Elle visait à modifier le paragraphe 3 de la résolution en y insérant, après «otages», les mots «détenus par le Hamas et d’autres groupes». Ce projet d’amendement a obtenu 89 voix pour, 61 contre et 20 abstentions.

La seconde proposition a été faite par les USA, pour ajouter, en tête du dispositif, un paragraphe par lequel l’Assemblée aurait «rejeté et condamné sans équivoque les attentats terroristes odieux perpétrés par le Hamas en Israël depuis le 7 octobre 2023 et la prise d’otages», un «minimum absolu» pour la délégation américaine. Cependant, l’amendement n’a pas été retenu.

Le vote a fait état de 84 voix en sa faveur, 62 contre et 25 abstentions, loin des plus des deux tiers requis. Le contenu final de la résolution reste plus ou moins différent par rapport au projet, auquel les USA ont mis leur veto vendredi dernier.

«Appelez Sinouar, dites-lui de se rendre… !»

Intervenant juste avant le vote de mardi dernier, Dennis Francis, qui présidait la séance, a déclaré : «De toute évidence, nous assistons en temps réel à l’effondrement sans précédent d’un système humanitaire déjà en ruine et à un profond manque de respect à la fois du droit international et du droit international humanitaire.»

Avant la séance de vote, de nombreux représentants des Etats ont exprimé leurs positions par rapport à la problématique. A commencer par le président de l’Assemblée générale, qui a mis en garde contre «la persistance» de la violence. D’un ton colérique, le représentant de l’entité sioniste a déclaré : «Non seulement cette résolution hypocrite ne condamne pas le Hamas, mais elle ne le mentionne même pas.

Ce n’est pas Israël qui a violé le cessez-le-feu qui était en vigueur le 6 octobre, mais 3000 nazis du Hamas.» L’intervenant, qui s’est illustré par des menaces directes proférées contre António Guterres lors de la précédente Assemblée générale de l’Onu, a mis en garde : «Ceux qui appuient cette résolution ne font que signer un chèque en blanc à cette organisation terroriste».

Le diplomate israélien, après avoir brandi très haut une pancarte indiquant le numéro de téléphone du bureau du Hamas à Ghaza, a lancé à l’Assemblée générale : «Voici le numéro de Yahia Sinouar (NDLR : un des responsables du Hamas). Appelez-le et dites-lui de se rendre avec ses troupes et de déposer les armes et vous aurez un cessez-le-feu.»

L’Allemagne, qui fait partie des abstentionnistes, a qualifié d’«inacceptable» un texte «qui ne condamne ni les actes terroristes ni les violations du droit international dont le Hamas s’est rendu coupable le 7 octobre», alors que les Etats-Unis, qui ont voté contre la résolution, ont tout bonnement expliqué qu’ «un cessez-le-feu serait dangereux à la fois pour les Israéliens, qui seraient pris pour cible par des attaques incessantes, mais aussi pour les Palestiniens, qui méritent la chance de construire un avenir meilleur sans le Hamas».

Pour l’Afrique du Sud, «une fois de plus, le Conseil de sécurité a échoué à s’acquitter de son mandat, et ce, même après que le secrétaire général a pris l’initiative d’invoquer, le 6 décembre, l’article 99 de la Charte des Nations unies, pour attirer son attention sur les menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité internationales».

La Russie a déclaré avoir espéré qu’après l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité serait en mesure de s’acquitter de ses responsabilités. «En opposant leur veto à un appel à un cessez-le-feu, les Etats-Unis ont donné le droit de tuer à Israël et sont pleinement responsables de toute nouvelle victime dans le cadre du conflit à Ghaza.» Les travaux de la dixième session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale reprendront demain après-midi.

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