Annoncée la semaine dernière : La visite du secrétaire d’Etat américain en Chine confirmée

15/06/2023 mis à jour: 00:12
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Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, se rendra en Chine dimanche, où il entend amorcer un dégel diplomatique avec Pékin et appeler à une «gestion responsable» des tensions entre les deux pays, rapporte l’AFP citant la diplomatie américaine. 

«M. Blinken y rencontrera des hauts responsables chinois et discutera de l’importance de maintenir des lignes de communication ouvertes afin de gérer de façon responsable la relation sino-américaine», a indiqué hier un communiqué du département d’Etat, confirmant le déplacement du chef de la diplomatie américaine annoncé la semaine passée par des responsables américains ayant requis l’anonymat. 

La venue de A. Blinken sera la première visite d’un secrétaire d’Etat américain en Chine depuis le voyage de son prédécesseur, Mike Pompeo, en octobre 2018.

Les relations bilatérales restent tendues en raison de plusieurs dossiers, entre autres, les liens entre les Etats-Unis et Taïwan, la rivalité dans les technologies, le commerce ou encore les revendications territoriales de Pékin en mer de Chine méridionale. Cette visite a été reportée en février après l’incursion d’un ballon chinois dans l’espace aérien des Etats-Unis.

Un peu plutôt dans la journée, le chef de la diplomatie américaine a exhorté son homologue chinois, Qin Gang, lors d’un entretien téléphonique, à «maintenir des lignes de communication ouvertes» entre les deux pays. Antony Blinken a évoqué «l’importance de maintenir des lignes de communication ouvertes pour gérer de manière responsable les relations entre les Etats-Unis et Pékin afin d’éviter des erreurs de calcul et des conflits», a ajouté dans un communiqué Matthew Miller, le porte-parole du département d’Etat. 

Le secrétaire d’Etat américain a également «indiqué clairement que les Etats-Unis continueront à mettre à profit leurs engagements diplomatiques pour soulever des sujets d’inquiétude ainsi que de potentiels domaines de coopération», a-t-il ajouté. 

«Depuis le début de l’année, les relations sino-américaines font face à de nouvelles difficultés et défis. Il est clair à qui en incombe la responsabilité», a observé Qin Gang auprès de son interlocuteur, selon un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères. Le ministre «a explicité la position solennelle de la Chine sur la question de Taïwan», le principal point de friction entre les deux puissances, ainsi que sur «d’autres préoccupations essentielles» de Pékin, a noté le communiqué. 

La Chine estime que Taïwan est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Pékin est ainsi opposé à tout lien officiel entre des pays étrangers et Taipei. L’Empire du Milieu accuse les Etats-Unis d’œuvrer en ce sens au mépris de leurs engagements passés. «Qin Gang a souligné que les Etats-Unis devaient respecter (les préoccupations chinoises), cesser de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Chine et cesser, au nom de la concurrence, de porter atteinte à la souveraineté, à la sécurité et aux intérêts de développement de la Chine», a relevé la même source. 

Et de soutenir : «La Chine espère que les Etats-Unis (...) travailleront avec elle afin de gérer efficacement les différends, promouvoir les échanges et la coopération, de manière à stabiliser les relations sino-américaines et à les ramener sur la voie d’un développement sain et régulier.»

Tension

En novembre dernier, pour la première fois depuis l’entrée de Joe Biden à la Maison-Blanche, le président américain et son homologue chinois, Xi Jinping, se sont rencontrés lors du sommet du G20 en Indonésie. Les deux dirigeants ont accepté de coopérer sur certains dossiers lors de leurs échanges. 

Mais les relations entre les deux puissances se sont à nouveau tendues en début février après le survol du territoire américain par un ballon chinois, considéré comme espion par Washington. En conséquence, Antony Blinken a annulé son voyage en Chine. Le ballon a fini par être abattu par l’armée états-unienne. Pékin a observé qu’il s’agit d’un aéronef civil qui a pour mission de recueillir des données météorologiques. Il a accusé Washington d’avoir «surréagi» en employant la force et affirmé se «réserver le droit» de répliquer. 

Le 9 février, Lloyd Austin, le secrétaire à la Défense des Etats-Unis, propose une conversation téléphonique au ministre chinois de la Défense. Celui-ci ne répond pas. Ce silence est expliqué par le porte-parole du ministère, Tan Kefei, par le fait qu’en attaquant le ballon, les Etats-Unis ont «gravement violé les pratiques internationales et créé un très mauvais précédent. Cet acte irresponsable et gravement erroné n’a pas créé un climat propice au dialogue et aux échanges entre les deux armées».

Ceci dit, les deux pays ont récemment cherché à jouer la carte de l’apaisement. Pour schématiser, une réunion à huis clos s’est tenue en mai à Vienne entre le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, et le plus haut responsable de la diplomatie au sein de l’appareil chinois, Wang Yi. 

Le même mois, le directeur de la CIA, William Burns, s’est rendu à Pékin, et le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, est allé aux Etats-Unis. Début juin, ce dernier et son homologue chinois, Li Shangfu, se sont brièvement salués pour la première fois lors du dîner d’ouverture de la conférence Shangri-La de dialogue sur la défense à Singapour. 

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