De deux choses l’une : ou la pièce Houwa wa Hiya relève du génie créatif, et à ce moment là, il faudrait que les spécialistes le prouvent aux non initiés ou alors il faut se résigner à accepter le fait que le travail reste à son niveau d’incompréhensibilité, à la limite ennuyeux.
La générale de cette nouvelle pièce mise en scène par Issaad Abdenour, d’après un texte de Abdelkader Belkeroui, a été présentée mercredi soir au TRO. De quoi s’agit-il en résumé ? Un écrivain (Houwa 1) d’abord dialoguant sur sa propre situation se résigne à sortir dehors, bravant un danger (la violence, symbolisée par des coups de feu), pour acheter des médicaments pour son bébé. Entre-temps, sa femme (Hiya 1) se met à lire son manuscrit, et on assiste à l’intrusion sur scène de deux autres personnages censés en interpréter le contenu.
La mise en abyme est un procédé utilisé autant dans le roman que le cinéma, théâtre et les arts en général, mais dans Houwa wa Hiya, ce récit enchâssé n’apporte pas grand-chose à l’ensemble. Il survient presque à la moitié de la représentation pour mettre en «seconde scène» une infirmière (Hiya 2) et un homme (Houa 2) armé mais blessé que la première tente de soigner.
A la fin, la femme (Hiya 1), devenue entre-temps narratrice, et son mari, revenu par miracle, s’accordent sur le fait que la fin est laissée ouverte. Mais pour qu’une fin soit laissée ouverte, il faut au préalable une intrigue ou un fil conducteur, et tout le problème est-là. De quelque côté qu’on prenne les choses concernant ce travail, on aboutit toujours à une impasse. Le mélange des genres, des répliques comiques insérées ça et là dans un contenu plutôt grave, n’est pas signifiant et contribue aux incohérences ou plutôt aux indécisions des auteurs.
Des ébauches d’idées suggérées par des situations, des costumes (tenue de l’homme armé apparenté à un uniforme militaire), des discours pompeux (répliques de l’écrivain en arabe classique), des choix de passages chantés (Marcel Khalifa, Kamel Messaoudi) s’annihilent pour laisser le spectateur dans l’expectative. Ainsi, l’idée qu’on a à faire à des protagonistes évoluant dans un contexte de guerre est balayé d’un revers de main par la situation de l’homme armé présenté comme motivé par l’argent et surtout par le fait qu’il soit venu à la violence du fait que durant son enfance, il a vu sa mère mourir d’un cancer dans l’indifférence d’un père présenté comme ivrogne. Une psychologie qui ne vole pas très haut s’opposant au personnage de l’infirmière présentée comme idéaliste mais sans en définir l’idéal.
Ce n’est évidemment pas un théâtre de l’absurde et la recherche d’un quelconque repère est sans doute aussi vaine. Une chose est sûre, c’est qu’en confiant l’écriture de cette deuxième partie à un personnage, tout fonctionne comme si l’auteur derrière la pièce se décharge en quelque sorte de la responsabilité de son contenu. Mais il endosse bien celle de la première, et là non plus, on n’est pas mieux lotis.
Le mot «Afrique» a été prononcé une fois, mais on ne sait pas trop pourquoi. Si c’est pour la violence, on est bien dans le cliché. Tout semble voler en éclats à chaque fois qu’on veut suivre une piste. Le titre lui-même est d’aucun secours. Pris en tant que tel, Houa ou Hiya (littéralement Lui et Elle ou vice versa) suggère à première vue une histoire d’amour, soit l’exploration de la thématique du couple.
Dans la pièce, il n’en est rien évidemment même si dans ces duels, il est aussi question d’amour et de paix, mais dans son sens très large, et par conséquent, confus, à la limite naïf. Pour cette représentation, les applaudissements déclenchés à tout bout de champ contribuent à la confusion d’une pièce qui pêche également par sa scénographie avec des éléments de décor franchement inutiles ou du moins mal inspirés. Il reste les performances des comédiens (Houria, Djahid, Farida et Ahmed) qui ont fait ce qu’ils ont pu pour sauver la mise.