Amirouche Malek. Acteur culturel : «Il faut que les producteurs arrivent à vivre dignement»

20/11/2023 mis à jour: 03:30
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-Vous venez de publier les Actes du café littéraire et philosophique de Tizi Ouzou. Le recueil contient des textes des différents intervenants. Comment est né ce projet ?

Effectivement, le recueil contient des textes de différents intervenants. Cela touche à beaucoup de disciplines allant de l’histoire, à la philosophie, en passant par la sociologie, l’anthropologie, la géopolitique, la littérature, le cinéma... Cela répond aux objectifs du café littéraire et philosophique de Tizi Ouzou et de Larbaâ Nath Irathen (LNI) de diversifier les thématiques et donner la parole aux chercheurs et auteurs de différents bords pour s’exprimer et rencontrer le public. Vous n’êtes pas sans savoir l’importance de ces rendez-vous pour toute société qui aspire à évoluer. 

J’ai fait en sorte que ces activités soient pérennes pour que cela devienne une tradition, et ce, en dépit des énormes difficultés qui sont légion. Une fois que les rencontres sont organisées, il est important d’acter ce qui est fait. J’estime que c’est bien d’organiser des festivals, colloques, journées d’étude, mais c’est mieux de laisser des traces pour la postérité. Une fois ces ouvrages édités, ils peuvent servir comme documents de base pour la recherche.

Quant à l’idée de publier les actes, elle remonte à huit ans de cela. Ça ne s’est pas concrétisé pour diverses raisons que vous pouvez imaginer. Mais c’était compter sans ma grande volonté et détermination. Dans ma stratégie de travail, lorsque une idée me trotte dans la tête et que je la trouve intéressante, je fais tout pour la concrétiser. C’est dans mon ADN. D’ailleurs, c’est comme cela que j’ai fait avec l’expérience du festival : «L’Eté en poésie et en musique». Au bout de trois éditions, j’ai publié l’ouvrage collectif réunissant 39 poètes en trois langues.

Après 13 ans d’activité du café littéraire et philosophique de Tizi Ouzou et de LNI, j’ai jugé qu’il était temps de concrétiser ce vieux projet. J’ai commencé à recueillir la première partie des textes en 2013. Ils sont corrigés par l’écrivaine Fatima Bakhai, que je salue au passage. 

Pour ce faire, j’ai demandé à mes invités, qui se ont défilé depuis 2011, de m’envoyer leurs textes ; bien sûr, il y a celles et ceux qui ont cru en moi et d’autres non. Et voilà, le rêve devient réalité. Une fois les textes réunis, j’ai sollicité Ahmed Bedjaoui, qui a vite accepté ma proposition. Je le remercie vivement pour l’honneur qu’il m’a fait. Je n’ai pas pour habitude de m’autoglorifier, mais cette fois, je vous prie de me laisser dire ma fierté de voir ces challenges relever. Après, je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin. Il y a encore de belles choses qui vont suivre.

-L’organisation de ce genre d’activités, a fortiori en dehors de la capitale, n’a jamais été de tout repos…
 

Tout à fait, c’est très difficile de vouloir s’investir dans un terrain où l’hostilité, les difficultés et les blocages sont au quotidien. J’avoue que j’ai souvent mené le combat en solo sans le vouloir pour organiser des activités d’utilité publique. 

On n’est pas soutenu, mais on fait également face à l’adversité ambiante. Ceci étant, l’envie de se surpasser prend le dessus. 

D’ailleurs, pour les ouvrages, je me suis résolu à éditer à compte d’auteur, sachant que ceci intéresserait peu d’éditeurs. Voilà, le résultat parle de lui-même.

Je tiens à dire ici qu’à travers ce que je fais, je veux participer modestement, ne serait-ce qu’avec une goutte, à alimenter un ruisseau qui deviendra une rivière, à apporter une pierre au grand édifice d’une société prospère où la tolérance, la libre pensée et le vivre-ensemble sont des réalités au quotidien, et aussi à mettre un frein à l’intolérance.

La grande difficulté est aussi d’arriver à vivre avec ma passion. Je gère une entreprise commerciale citoyenne qui paye ses impôts et autres cotisations en plus de la TVA, qui est taxée à 19%, c’est inadmissible !

On ne peut pas vivre d’amour et d’eau fraîche. Le bravo seul ne suffit pas ! Je profite de l’occasion pour lancer un appel du cœur aux mécènes et sponsors pour nous accompagner. Il faut que les producteurs arrivent à vivre dignement. Je suis contre l’assistanat, mais je trouve qu’il est du devoir du ministère de la Culture de compenser nos efforts, puisque la plupart de nos activités sont assimilées à du bénévolat. Il y va du maintien de nos activités.

 

-Le deuxième tome des Actes devrait paraître sous peu…

Oui, bien évidemment, je ne peux pas m’arrêter en si bon chemin. Il sera prêt d’ici février au plus tard, grâce à la disponibilité de Malika Challal, des éditions Medias Index, qui m’ont beaucoup aidé. Mais avant de finir, je tiens à remercier tous les intervenants qui me soutiennent durant les moments difficiles. Je leur saurais gré toute ma vie. D’ailleurs c’est grâce à eux qu’on a pu maintenir le cap. J’annonce aussi le lancement prochain de la revue Montagn’Art, qui accompagnera le festival éponyme. 

 

Propos recueillis par Nadir Iddir

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